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Dissertation sur Alcools

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Par   •  10 Mai 2022  •  Dissertation  •  1 910 Mots (8 Pages)  •  427 Vues

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Au début du XXème, l’idée de progrès est établi dans les esprits du fait de la révolution industrielle. Ainsi la modernité se reflette dans les arts, et des écrivains tels que Apollinaire tentent de l’incarner dans leur oeuvre. Il écrivit les poèmes d’Alcools, son oeuvre principale, sur une période de quinze ans, avant de les publier en 1913. Ce recueil ne peut être défini comme appartenant à aucun courant, mais il annonce cependant la veine surréaliste, et Apollinaire se revendique d’un « esprit nouveau ». Ses thèmes principaux sont l’amour, la fuite du temps, le voyage, et enfin la modernité. Dans Une saison en enfer, Arthur Rimbaud note cette formule demeurée célèbre : « Il faut être absolument moderne », le recueil Alcools d’Apollinaire correspond-il à ce programme ? Il s’agit donc de savoir si Alcools est par principe, radicalement ou intégralement moderne. Nous verrons d'abord comment ce recueil marque l’entrée de la poésie dans la modernité, puis nous montrerons qu’il reste cependant ancré dans les traditions, et enfin nous expliquerons comment Apollinaire remet au gout des jours des thèmes, formes, et registres anciens.

Tout d’abord, l’on peut dire que ce recueil fait entrer la poésie dans la modernité, et premièrement car il met en scène le monde contemporain. En effet Apollinaire s’emploie à décrire des paysages urbains industrialisés ou des scènes de la vie quotidienne de son époque. En décrivant un monde axé sur une politique du progrès et de l’innovation, c’est tout naturellement qu’Apollinaire fait de sa poésie une nouveauté. Ainsi, dans “Zone”, au vers 2 (« Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin ») il présente la tour Eiffel, nouvelle construction symbole de la modernité, comme un guide, et introduit une sorte de divinisation du bâtiment avec le « ô » incantatoire. Il définit donc le progrès comme une voie à suivre. Dans ce même poème il dit : « J’aime la grâce de cette rue industrielle » ( vers 23 ) et l’on peut y trouver de nombreux détails qui semblent insignifiants et décrivent le quotidien de l’époque, tels que les vers 16 et 17 : « Les directeurs les ouvriers et les belles sténodactylographes / Du lundi matin au samedi soir quatre fois par jour y passent ». Nous pouvons donc affirmer que le poète exprime dans sa poésie la modernité du monde dans lequel il vit, rendant sa poésie elle-même moderne.

La modernité de ce recueil passe aussi par l’intégration d’images insolites et souvent incompréhensible. Apollinaire semble vouloir imposer un symbolisme personnel au travers de sa poésie, idée innovante qui inspirera plus tard les surréalistes. Nous pouvons remarquer que certains motifs reviennent régulièrement tout au long du recueil. Notamment l’idée de membre coupé, détaché du corps, que l’on retrouve au dernier vers de “Zone” : « Soleil cou coupé » mais également dans le poème “Le Brasier” au vers 18 : « Les têtes coupées qui m’acclament » ou encore dans “Rhénanes d’automne” aux vers 39 et 42 : « L’automne est plein de mains coupées / ... / Ce sont tes mains coupées ». Souvent également Apollinaire évoque des citrons ou des citronniers (« Nos coeurs pendent aux citronniers » dans “Le Brasier” ou « Les citrons couleur d’huile et à saveur d’eau froide / Pendaient parmi les fleurs des citronniers tordus » dans “Le Larron” ). Mais parfois ces images insolites ne sont que ponctuelles, comme par exemple dans “Palais” : « Mes rêveuses pensées pieds nus vont en soirée » ou «  Et le soleil miroir des roses s’est brisé ». Le poète se démarque donc par une symbolique qui lui est propres et qu’il est difficile d’interpréter.

Enfin ces poèmes sont modernes par leur forme. En effet, le poète a fait le choix d’enlever toute la ponctuation de son recueil, choix qu’il justifie dans une lettre à Henri Martineau : « Le rythme même et la coupe des vers, voilà la véritable ponctuation et il n’en est point besoin d’une autre ». Cette décision est tout à fait innovante, bien que déjà expérimentée par Stéphane Mallarmé dans Un coup de dés jamais n’abolira le hasard, et c’est à la suite de ce recueil que cette mode s’imposera en poésie. Ensuite, Apollinaire fait un grand usage du vers libre, et à différentes échelles. En effet, dans certains poèmes manque seulement les rimes, dans d’autres la prosodie est irrégulière, et dans d’autres encore l’on ne trouve ni rimes, ni strophes régulière, ni mètre. On peut par exemple citer “La Blanche Neige“ où les strophes sont régulières mais les rimes imparfaites, “L’Émigrant de Landor Road” où l’on trouve des rimes mais pas de schéma métrique fixe, “Zone” où le vers est complètement libre, ou encore “Chantre” qui ne comporte qu’un unique vers. Dès lors, on peut remarquer une volonté de la port d’Apollinaire de rupture avec le classicisme, avec la règle établie et donc de manière plus générale avec la poésie traditionnelle.

Cependant, force est de constater que demeure dans la poésie d’Apollinaire un ancrage dans les traditions, et en premier lieu à l’égard des thèmes abordés dans le recueil. De fait, le recueil est en grande partie orienté sur les thèmes de la fuite du temps, le souvenir, l’amour, et le voyage. Autant de sujets qui ont été exploités et ré-exploités et qui ont traversé les époques et les courants, depuis les philosophes grecs jusqu’aux poètes romantiques, en passant par les troubadours et les dramaturges classiques. Apollinaire poursuit donc sur cette voie en écrivant par exemple “Le Pont Mirabeau”, où dans un élan élégiaque il déplore les effets du temps et de l’amour perdu. De la même façon l’on peut mentionner le second poème de “La Chanson du mal-aimé”, qui s’intitule même “Aubade” : un genre musical principalement utilisé au Moyen-Âge ! Nous pouvons donc dire que les thèmes de ce recueil n’ont pour la plupart rien de moderne et sont même des plus classiques.

En outre, les sources d’inspiration d’Apollinaire sont aussi plutôt conventionnelles. On trouve dans Alcools de nombreuses références

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