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Dissertation : en quoi le théâtre représente-t-il une crise de société et les artifices de sa réalisation ?

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Par   •  23 Août 2018  •  Dissertation  •  3 279 Mots (14 Pages)  •  1 039 Vues

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        Le mot « théâtre » comporte plusieurs connotations. Tout d’abord, l’art en lui-même, mais aussi les pièces de théâtre en général et la salle de représentation.

A toutes les époques, le théâtre a eu une place particulière. Il date du -Ve siècle athénien et était considéré comme un « festival » culturel et religieux. Selon les époques et les pays, il connait des évolutions. Par exemple, les règles de temps, de lieu et d’action du théâtre classique français au XVII e siècle et au même moment, le théâtre élisabéthain en Angleterre qui s’y oppose totalement. Le théâtre donne ainsi vie à la représentation d’une société réelle dans laquelle peuvent se projeter les spectateurs. Mais est aussi à l’image de la société du dramaturge avec ses codes, ses coutumes, ainsi que par les problématiques abordées et le style du dramaturge (alexandrins, ancien français, habitudes de langage). Enfin, le théâtre crée un monde à part entière, reconnaissable mais inventé par le dramaturge. Il est donc représentatif d’une époque, tous comme les sujets qui sont abordés lors d’une représentation.

L’intérêt d’une pièce de théâtre réside en un nœud, révélateur d’une société. La pièce de théâtre présente au public, puis règle, ou non, un moment de crise, typique d’une société donnée. Cette crise est une période momentanée, transitoire d’un état à un autre. Elle peut prendre plusieurs formes : morale, culturelle, religieuse, politique, par exemple. Les personnages sont ainsi à un point de leur « vie » où ils doivent prendre une décision, comme peut le connaître tout spectateur dans son quotidien. Les personnages agissent, plus ou moins, pour résoudre le problème, qu’ils y arrivent ou pas. Ces moyens mis en œuvre sont donc les artifices de la résolution de la crise. De plus, le metteur en scène doit aussi pouvoir représenter l’histoire avec les moyens dont il dispose : budget, machineries font partie des artifices du spectacle. Ils ont pour but de représenter au maximum la réalité tout en ne se dévoilant pas. Ils le font de deux façons : en ayant recours à de la machinerie pour faire changer des panneaux de place, ils corrigent la réalité aux yeux du public. Ils ont donc un impact sur le déroulement de la pièce Ainsi, en quoi le théâtre représente-t-il une crise de société et les artifices de sa résolution ?

Tout d’abord, les thèmes abordés sont plus ou moins atemporels. Ensuite, les mises en scène créées sont variées. Enfin, les visées des représentations sont plus ou moins semblables.

Les thèmes abordés par le théâtre se recoupent et sont, pour certains, atemporels : les drames humains, les crises sociétales et les questions religieuses.

Le conflit entre le devoir et l‘amour, est récurrent au théâtre, comme celui entre l’honneur et l’amour. Ainsi, deux personnages, souvent des jeunes premiers, s’aiment mais ne peuvent pas vivre leur amour. Dans Le Cid de Corneille, Rodrigue tue le père de sa bien-aimée, Chimène, pour venger l’honneur de son père. Elle ne peut donc pas épouser le meurtrier de son père : elle est déchirée entre devoir et amour ce qui constitue le nœud de l’action. Elle réclame vengeance lors d’un combat opposant Rodrigue et Don Sanche, lui aussi amoureux de Chimène et le champion de la jeune femme. Finalement, elle croit Rodrigue mort à l’issue de ce combat. Le roi apaise son déchirement en louant sa piété filiale en annonçant que Rodrigue n’est pas mort. Elle peut donc l’épouser ayant fait tout ce que le devoir lui commandait. Cette pièce est caractéristique d’époques : celle de Corneille : le XVIIe siècle et celle du temps de l’action : le XIe siècle. Les mariages servaient surtout d’alliance et devaient être autorisés par le chef de famille. Aussi, dans Bérénice de Racine, Titus, empereur de Rome aime Bérénice, reine de Palestine qui l’aime en retour. Antiochus aime aussi Bérénice mais se met en retrait face à Titus. Ici, la crise est surtout déterminée par la politique et par les Dieux. En effet, Titus ne peut se résoudre à épouser Bérénice puisque le Sénat de Rome n’acceptera jamais une reine comme épouse de l’empereur. Le déchirement des personnages est notable à de nombreuses répliques comme « Je l’aime, je le fuis/ Titus m’aime, il me quitte », de Bérénice à Antiochus à la scène finale. Les trois personnages sont contraints de se séparer dans l’impossibilité de vivre leur amour. Dans cette pièce, ils ne seront jamais heureux puisque leurs destins sont scellés par leur rang social et l’Etat, dominant presque tout, même l’amour. Néanmoins, ce sont les dieux qui dirigent leur vie et se situent au-dessus de l’Etat. Amant déchiré, Antiochus sait qu’il ne sera jamais aimé de Bérénice. Le thème du mal-aimé est aussi récurrent. La Double Inconstance de Marivaux en est un exemple. Ainsi, même si les drames personnels sont individuels, ils se recoupent et ont donc une dimension universelle. Ils s’inscrivent aussi dans une société du fait de leur nature et de leur contexte historique.

        De plus, les questions de l’organisation de la société et celle-ci en générale, peuvent être abordées au théâtre. Dans Les Noces de Figaro de Beauxmarchais, les défauts de la justice sont exposés. En effet, Marceline déplore le principe de recrutement des juges. Il dépend de la possibilité matérielle de celui-ci d’acheter une charge et non la capacité à exercer ce métier. De plus, la vénalité de la justice et l’ensemble des privilèges sont dénoncés dans cette satire. De même, La Double Inconstance, est une satire de l’aristocratie. Elle apparaît égoïste avec un goût prononcé pour le paraître d’où la réplique d’Arlequin : « Qui est-ce qui habitera ma maison de ville quand je serai dans ma maison de campagne » dans l’acte 1, scène 4. Sa naïveté comique met ainsi l’accent sur l’absurdité du comportement des courtisans, le thème de la société corrompue étant récurrent au XVIIIe siècle. De plus, dans Le Tartuffe de Molière, Dorine, la servante, est le personnage le plus remarquable de la pièce. Elle est perspicace, franche et rusée. Elle est l’exemple que la naissance n’est pas indispensable pour avoir un esprit élevé. Dorine est aussi surprenante par son refus d’être soumise parce qu’elle est une femme. Elle donne ainsi, à Marianne des conseils après qu’Orgon, son père, lui ai ordonné d’épouser Tartuffe, un homme qu’elle n’aime pas. Ainsi, la place de la femme dans la société est aussi un thème clef. Dans Les Noces de Figaro, un siècle plus tard, l’absence de pouvoir juridique de la femme et sa condition dans la société sont dénoncés. Par exemple, Marceline veut que Bartholo répare l’injustice qui lui a été faite. Ainsi, Marceline et plusieurs autres personnages remettent en cause toute cette société inégale. Enfin, ce mouvement, datant de l’époque des Lumières, et de l’écriture de la pièce, s’appuie sur des évènements réels : les femmes ne pouvaient être actrices jusqu’à ce que Molière les introduise dans ses pièces. Ainsi, les rôles de femmes étaient joués par des hommes. Un autre sujet contemporain est celui de la guerre. En effet, dans Rhinocéros de Ionesco, les régimes totalitaires et la guerre en général sont dénoncés. Aussi, la collaboration avec l’ennemi par peur et la soumission du peuple face à une pensée unique sont exposées et critiquées. Ces critiques s’appuient sur des évènements historiques liés au Nazisme. Le texte écrit à la sortie de la guerre, le traumatisme de celle-ci était encore très vif pendant plusieurs décennies.

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