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Dissertation Michel Tremblay cas

Dissertation : Dissertation Michel Tremblay cas. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  4 Avril 2016  •  Dissertation  •  1 220 Mots (5 Pages)  •  784 Vues

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Michel Tremblay : exemple de dissertation Nous reproduisons ici l’ensemble d’une excellente dissertation. On peut consulter les textes sur lesquels elle porte sous le titre Michel Tremblay : sujet de rédaction et textes à l’étude dans Exemples complets de dissertations de la section Qu’est-ce que l’épreuve ? SUJET : Est-il juste d’affirmer que Madeleine et Léopold sont des personnages qui sont résignés à leur sort ? Lui-même issu d’un quartier populaire montréalais, Michel Tremblay met en scène, dans son théâtre comme dans ses récits, des personnages québécois d’une grande vérité dans leur langage, mais aussi des êtres émouvants souvent marqués par une grande misère affective… Au point de secouer le public, comme l’avait fait dans les années 60 sa première pièce, Les Belles-sœurs. Des personnages vrais et désespérés, on en retrouve dans chacun des extraits des pièces à l’étude : Le Vrai Monde ? et À toi pour toujours, ta Marie-Lou. Mais est-il juste d’affirmer que Madeleine et Léopold sont résignés à leur sort ? Nous répondrons à cette question en observant que si tous les deux ont dû accepter des conditions de vie pénibles, ils demeurent des personnages révoltés. Enfin, nous déterminerons si la résignation les définit plus que la révolte. Il ne fait pas de doute que les deux personnages ont dû se résigner à des conditions d’existence particulièrement pénibles. Dans la première partie de son monologue, Madeleine ne fait pas un bilan positif de sa vie marquée par l’ennui, la maladie et l’angoisse. Au départ, elle confie à Claude : « Quand ton père est disparu depuis des jours pis que ta sœur est partie travailler, ça m’arrive de m’ennuyer. C’est sûr. » (l. 5-6) Elle témoigne d’une solitude qui la laisse inactive : « La télévision est plate, la lecture m’a jamais beaucoup intéressée… » (l. 7). De plus, la pauvre vit avec l’inquié- tude de la maladie : « […] j’me retrouve immanquablement ici, dans le salon, sur le sofa, avec les mains croisées sur les genoux pis un verre de lait […] au cas où une douleur me prendrait… » (l. 9- 11) Cette douleur, c’est ce qu’elle appelle son « mal au côté » (l. 22). Sa souffrance est aussi reliée à la peur (l. 14) et à l’angoisse (l. 16). L’extrait comporte même une didascalie qui associe au silence l’angoisse de Madeleine : « Silence. On la sent angoisser. » (l. 20) Pour sa part, le Léopold d’À toi pour toujours… se perçoit aussi comme victime de ce qui l’entoure. Il se sent en particu- lier exploité par son patron : Ça fait vingt ans que j’travaille pour c’t’écœurant-là… Pis j’ai rien que quarante-cinq ans…C’est quasiment drôle quand tu penses que t’as commencé à travailler pour un gars que t’haïs à l’âge de dix-huit ans pis que t’es t’encore là à le sarvir. (l. 7-9) LES EXERCICES DE FRANÇAIS DU CCDMD www.ccdmd.qc.ca/fr ○○○○○○○○○○○○○○○○○○○○○○○○○○○○○ PRÉPARATION À L’ÉPREUVE DE FRANÇAIS 2 MICHEL TREMBLAY : EXEMPLE DE DISSERTATION Même s’il a la chance d’avoir un emploi régulier, il souffre d’être déshumanisé, esclave de sa machine : « Tu viens que t’es tellement spécialisé dans ta job steady, que tu fais partie de ta tabarnac de machine ! C’est elle qui te mène ! C’est pu toé qui watches quand a va faire défaut, c’est elle qui watche… » (l. 15-17) On doit donc constater que pendant des années, Madeleine aussi bien que Léopold sont restés enfermés dans des conditions de vie auxquelles ils ont dû se résigner. Par contre, chez l’un et l’autre cette détresse engendre aussi la révolte. Madeleine fuit la réalité dans un silence qui symbolise à ses yeux sa force et contient sa violence intérieure. Elle avoue à son fils : « […] dans le milieu du silence, la tempête arrive. » (l. 21). À l’intérieur d’elle-même, elle « [fait] des scènes qui durent des heures », elle précise : « des scènes tellement violentes […] J’démolis la maison ou ben j’y mets le feu, j’égorge ton père, j’fais même pire que ça… » (l. 27-29) De son côté, la révolte de Léopold s’exprime par le contraire du silence, par ce cri de désespoir que constitue le « sacre ». Chez Tremblay, le « joual » est associé à la fois à l’aliénation et à l’expres- sion du désir de se libérer. Le monologue de Léopold est le plus parfait exemple de ce besoin d’exprimer sa détresse poussé à sa limite : « Hostie ! toute ta tabarnac de vie à faire la même tabarnac d’affaire en arrière de la même tabarnac de machine ! Toute ta vie ! » (l. 11-12) Ici, le procédé de répétition contribue d’ailleurs à accentuer l’expression de la révolte. Dans son langage sans retenue, Léopold s’indigne contre son passé et contre son avenir : « Quand j’me suis attelé à c’te ciboire de machine-là, j’étais quasiment encore un enfant ! […] Mais dans vingt ans, j’s’rai même pus un homme… » (l. 20-21) Mais ce besoin de libération a-t-il d’autre issue que d’aller boire à la taverne (l. 30) ou d’espérer que « les enfants s’instruisent » et connaissent autre chose (l. 10-11) ? Bref, pour Madeleine, comme pour Léopold, l’expression de la révolte occupe une place importante. Tout compte fait, ce sont des personnages confrontés à eux-mêmes que nous présente Michel Tremblay : des personnages qui vivent un conflit intérieur, un conflit insoluble. Madeleine et Léopold sont divisés entre la nécessité de se résigner et le besoin de se révolter. Souvent dans la tragédie, le conflit ne fait pas du héros la seule victime, les autres aussi sont affectés. À sa façon, Madeleine fait des reproches même à celui qui est près d’elle : son fils Claude. Mettant en doute ses aspirations d’écrivain, elle conclut : « Si t’as jamais entendu le vacarme que fait mon silence, Claude, t’es pas un vrai écrivain ! » (l. 50-51). Léopold, après s’en être pris à Dieu lui-même, s’en prend à sa famille dans des termes à faire dresser les cheveux sur la tête du public québécois moyen : « Ta famille à toé ! Une autre belle invention du bon Dieu ! Quatre grandes yeules toutes grandes ouvertes, pis toutes prêtes à mordre quand t’arrives, le jeudi soir ! » (l. 27-28). Se venger sur les autres (l. 5), c’est justement ce que Marie-Louise reproche à Léopold au début de l’extrait. Ainsi, chez Madeleine comme chez Léopold, la révolte l’emporte sur la résignation, au point qu’elle affecte leur entourage. Somme toute, Madeleine et Léopold sont surtout des personnages révoltés. Ils n’acceptent plus de se résigner. Madeleine en a assez de l’ennui, de la maladie, de l’angoisse ; Léopold, de la sou- mission et de l’esclavage. C’est la révolte qui l’emporte chez les deux. Madeleine s’est enfermée dans un silence qui contient sa violence, elle n’en sort que pour mettre en doute son propre fils. Léopold, dans son monologue d’aliéné, illustre à quel point la révolte affecte son entourage. Sur- tout quand on connaît la fin de la pièce : la mort dans laquelle il entraînera sa femme et le cadet de la famille. Populaire, mais très inspiré des pièces classiques, le théâtre de Michel Tremblay jette un regard sans compromis sur la réalité québécoise en faisant de la mère dépressive et du travailleur d’usine des personnages tragiques.

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