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Commentez le jugement de Claude Lévi-Strauss « Le barbare, c'est d'abord l'homme qui croit à la barbarie » Race et histoire, 1952

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Par   •  2 Novembre 2019  •  Dissertation  •  1 420 Mots (6 Pages)  •  2 622 Vues

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Lisa ROMMÉ

Dissertation de français

Sujet : Commentez le jugement de Claude Lévi-Strauss « Le barbare, c'est d'abord l'homme qui croit à la barbarie » Race et histoire, 1952

12 octobre 1492, alors qu'il cherchait l'Inde, Christophe Colomb découvre l'Amérique. Ce nouveau monde est habité par un peuple que les Européens baptisent « indigènes ». Ils les qualifient de« barbares » et estiment qu'ils sont dénués de toute trace de civilisation. Le but est ici de commenter le jugement de Claude Lévi-Strauss dans Race et histoire, 1952 « Le barbare, c'est d'abord l'homme qui croit à la barbarie ». Ainsi on proposera d'étudier en premier lieu cette citation afin de l'expliciter, de démontrer en second lieu que la notion de barbarie est subjective et enfin se questionner sur l'origine et les raisons de la barbarie.

Tout d'abord,  quelques mots du sujet méritent une explicitation. Nous allons commencer par définir le mot barbare car selon la personne qui le prononce, son état d’esprit ou le contexte de la phrase, il n'a pas la même signification. D'après le dictionnaire, un barbare est une personne qui manifeste de la cruauté, qui est inhumaine. Cependant depuis l'antiquité, selon les Grecs, ce mot désigne les peuples n’appartenant pas à leur civilisation. Toutefois à partir du XVIe siècle avec le colonialisme, ce mot pouvait aussi désigner un sauvage. C'est par exemple le sens que donne Jean de Léry à ce mot dans Histoire d'un voyage fait en terre du Brésil. Tous ces exemples démontrent que  le mot «barbare» est polysémique et que de ce fait,  l'interprétation du sujet est complexe. 

Ensuite, le contexte de la phrase nous permet une lecture affinée de la terminologie. En effet, il faut rappeler que Lévi-Strauss fait suite à une thèse de Gobineau au XIXe siècle sur l'inégalité des races humaines. Ainsi la notion de «barbare» réfère à cette théorie raciste qui souhaite démontrer que la race blanche prévaut sur toute les autres. Le barbare, c'est donc celui qui nie l'autre à travers des idéologies de négation de l'autre. À noter que, de tout les temps, la barbarie a suscité de nombreux débats. Les auteurs et philosophes comme Montaigne, Diderot, Montesquieu ou Voltaire dénonçaient déjà la barbarie blanche lors de la colonisation des Amériques par les Européens ou l'esclavage. Citons également, Primo de Levi, dans son autobiographie Si c'est un homme  qui dénonça en 1947 les camps de concentrations nazi.

Pour autant, l'adverbe «d'abord» suggère qu'il existe une hiérarchie du barbare. En effet, le barbare n'a pas un profil type, de la même façon qu'une tête de méchant n'existe pas. Le barbare n'est pas non plus nécessairement le blanc européen qui exerce abusivement son pouvoir sur une population différente ou plus faible. Le barbare peut être de toute condition, de toute culture, de toute nation dès lors qu'il se prend pour un être supérieur et qu'il inflige à l'autre son propre pouvoir jusqu'à l'abus. On peut citer ici l'exemple rapporté par Montaigne dans Des Cannibales expliquant que les indigènes choient leurs prisonniers de guerre pour qu'ils baissent leur garde afin de profiter de ce moment de vulnérabilité pour les assassiner et ensuite les dévorer. Au vu de tous ces arguments, la citation de Lévi-Strauss  signifie que si nous qualifions de sauvage un peuple c'est que nous croyons à la supériorité d'un peuple par rapport à l'autre et que dans ces conditions nous sommes nous-même des sauvages.

On a vu que la définition du barbare est d'une part polysémique d'autre part hiérarchisée par l'emploi de l'adverbe « d'abord ». Ensuite, Lévi-Strauss emploi le verbe «croire» qui introduit l'idée d'une action subjective et donc qu'on ne naît pas barbare mais on le devient. Quand les Européens ont découvert les indigènes, ils les ont trouvés peu civilisés et grotesques car ils étaient restés à leur état «primitif». Ce jugement est arbitraire car il dépend de sa culture, de son environnement éducatif et sociétal dans lequel on grandit.  À la même époque, Montaigne explique dans Des Cannibales que la beauté de la nature est la plus pure qu'il soit et que nulle chose sous influence humaine ne peut l’égaler.  L'idée de «l'âge d'or» a été également évoquée par Rousseau dans Discours sur les fondement de l'inégalité parmi les hommes et par Diderot dans Supplément au voyage de Bougainville, pour qualifier une période où les hommes ne se seraient contentés que du nécessaire et auraient vécu heureux, égaux et en parfaite harmonie avec la nature. Cela signifierait donc qu'appeler quelqu'un «sauvage» ou «barbare» car il vit simplement n'a aucun fondement.

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