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Commentaire de texte la vie de Marianne

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Par   •  14 Avril 2021  •  Commentaire de texte  •  2 211 Mots (9 Pages)  •  784 Vues

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Commentaire « La Vie de Marianne » de Marivaux :

Pierre de Carlet Marivaux, écrivain et dramaturge français, surtout connu pour ses comédies et ses articles de journaux, apporte sa pierre à l’édifice du roman de mœurs et d’apprentissage du XVIIIème siècle, avec La Vie de Marianne, roman sous forme de mémoires qu’il publiera entre 1728 et 1742, mais qui ne fut jamais achevé par l’auteur. Le récit à la première personne a été bien choisi pour recevoir les confidences d’une jeune femme orpheline et pauvre, Marianne. A la fois narratrice et héroïne, Marianne retrace les étapes de sa vie en y portant un regard rétrospectif, et rédige ses mémoires sous la forme de lettres qu’elle adresse à une amie. Après le décès de sa mère assassinée par des bandits lors d’un voyage en diligence, alors qu’elle n’a que deux ans, Marianne se retrouve livrée au monde sans identité et sans fortune. Ce malheur initial qui n’est que le premier d’une longue série, est suivi par la mort subite de ses tuteurs, un prêtre et sa sœur, qui avaient pris la résolution de s’occuper d’elle. Après leur décès, Marianne est recueillie par un homme hautement placé dans la société, Monsieur de Climal, qui la loge chez une lingère, Madame Dutour. Dans cet extrait, Marianne nous confie ses impressions en arrivant dans ce nouvel univers, qui lui semble si hostile. Ainsi, il convient de se demander comment ce texte témoigne les difficultés de la part de l’héroïne à s’adapter à ce nouveau milieu. Pour répondre à cette question, il s’agit tout d’abord de s’intéresser à l’environnement dans lequel sera obligée d’évoluer Marianne, un environnement bien différent de celui qu’elle connaissait, et ensuite de montrer qu’il constitue une rupture avec son enfance heureuse, vécue auprès du curé qui l’avait recueillie. Enfin, nous analyserons l’incompréhension qu’exprime la narratrice face à la tristesse et désespoir que lui procurent la lingerie de Madame Dutour et de ses domestiques.

L’extrait s’ouvre sur l’arrivée de Marianne, accompagnée de Monsieur de Climal chez la lingère : « Nous arrivâmes enfin... » (l.1). L’emploi de l’adverbe « enfin » semble marquer la fin d’un long voyage, et aussi un soulagement de la part de Marianne de finir avec le stress et l’angoisse de l’attente de cette rencontre. L’héroïne essaie à s’accommoder à ce nouveau cadre de vie, mais sa détresse est tellement forte : « je n’aurais pas été plus étourdie que je l’étais » (l.10) ou « les personnes qui ont du sentiment sont bien plus abattues que d’autres dans certains occasions » (l.11), et de ce fait, le contact avec ceux autour d’elle s’établit avec difficulté. La jeune fille, anxieuse, n’a plus de perception du temps, « Il me semble qu’il lui parla longtemps à part » (l.2), comme l’indique l’utilisation du verbe d’état sembler. Une fois Monsieur de Climal parti, Marianne est conduite par la marchande dans « une petite chambre » (l.4), qu’elle sera obligée de partager avec une compagne, ce qui amplifie son inconfort psychique. L’emploi de nombreux verbes d’action conjugués au passé simple (« me reçut » l. 1, « il s’en alla » l. 3, « me fit voir » l. 4, « je mis » l. 4) marque l’installation et l’évolution plus ou moins forcée de Marianne dans ce nouvel univers.

Marianne dépeint dès son arrivée le portrait physique de Madame Dutour, cette femme, qui lui parut « assez bien faite » (l. 1). Ceci n’est qu’une première impression comme le suggère le verbe d’état « paraître ». Madame Dutour apparaît aux yeux du lecteur comme « une veuve qui […] n’avait pas plus de 30 ans ; une grosse réjouie… » (l.7) qui semble être gaie et pleine de bonne humeur. Le portrait de la marchande qu’établie Marianne est uniquement basé sur les premiers instants que ces deux personnages passent ensemble, un portrait « à vue d’œil » (l. 6). La lingère « paraissait la meilleure femme du monde ; aussi l’était-elle » (l.7-8). Il est intéressant de noter l’évolution des verbes associés à Madame Dutour : paraître puis le verbe être, garant d’un certain degré de certitude. Le nom de Madame Dutour et son évocation sont présentes dans presque tous les paragraphes : cette omniprésence qui se traduit dans le texte et dans les échanges entre Marianne et la marchande, par un discours indirecte libre, déclenche une sensation d’oppression pour la jeune fille de 15 ans. En effet, lorsque Madame Dutour s’aperçoit que Marianne ne va pas bien, elle se charge de la « tirer de cet état-là » (l. 13). Marianne se sent envahie par l’insistance que manifeste la lingère à son égard : « Qu’avez vous qui vous fâche ? Est-ce que vous vous déplaisez ici ? » (l.15). Plusieurs phrases interrogatives sur quelques lignes de dialogue, entrecoupées de nombreuses points de suspension et virgules montrent cette insistance qui met mal à l’aise la jeune fille. Bien que Madame Dutour semble être une femme réconfortante aux yeux du lecteur, Marianne se sent agressée par toutes ses questions. Elle essaie de se défendre instinctivement, en parlant le moins possible, « je ne répondais que par une inclinaison de tête » (l.18) et parfois en rajoutant sans conviction : « vous avez bien de la bonté » (l.19). Au fur et à mesure qu’on s’avance dans le récit, le portrait de la marchande se charge de qualificatifs plus négatifs, car cette femme simple, peu cultivée, avait une franchise qui presque blessait la sensibilité de la jeune fille « Je sentais dans la franchise de cette femme-là, quelque chose de grossier » (l.21). Cette phrase, détachée du texte, forme à elle-seule un paragraphe, et exprime un tournant dans les appréciations de Marianne envers Madame Dutour, qui se traduit par une rupture dans la syntaxe du texte. La lingère possède « un jargon, un ton brusque » (l.26), propre au langage du peuple, ce qui va blesser la « délicatesse » (l.26) de la jeune fille.

Dans la seconde partie du récit, nous nous proposons d’étudier la rupture spatio-temporelle qui s’instaure entre Marianne et son environnement actuel. En effet, en évoquant l’enfance heureuse qu’elle ait vécue avec le curé et sa sœur, Marianne la compare avec ce nouvel univers qu’elle découvre en même temps que le lecteur. Toutes les remarques, réflexions et fines analyses de sentiment qu’elle mêle à son histoire trahissent son désespoir et sa tristesse. L’hyperbole de la ligne 10, « je n’aurais pas été plus étourdie que je l’étais » insiste sur le désolant dépaysement que lui procure la lingerie de Madame Dutour. Cependant,

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