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Commentaire de texte, incendie de Sarwane, chapitre 1 "Notaire"

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Par   •  9 Mai 2018  •  Commentaire de texte  •  1 899 Mots (8 Pages)  •  881 Vues

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I/ Une scène d'ouverture entre scène d'exposition et prologue ...

A. Une scène d'exposition

« Hermile lebel, notaire »

Où ? espace scénique

 L'espace scénique est celui d'un « bureau » notarial : il n'est nul besoin de la didascalie initiale pour l'apprendre, puisque le locuteur, Hermile Lebel, prononce ce terme à deux reprises. Il prend aussi soin de nous donner son nom complet et sa profession :. Nous sommes dans un milieu urbain occidental. Le lieu d'implantation de son bureau dans la géographie de la ville est soigneusement précisé : près d'une « autoroute », avec vue sur un « centre d'achat ». Cette étude notariale est « seul[e] dans le bloc » de bâtiments.

« l'air conditionné »

Quand ?

La saison est aussi indiquée : c'est l'été, comme le précise la didascalie initiale et comme le précise la didascalie initiale et comme sous-entend la mention de « l'air conditionné ».

Quoi ?

À travers le flot de paroles du notaire, on finit par reconstituer les circonstances qui conduisent un frère et une sœur anonymes, mais désignés par les termes de « jumeau » et « jumelle » dans le bureau de maître Lebel. Le décès de leur « mère » désigné d'abord par l'euphémisme du « malheur qui vient de frapper », se trouve plus loin nommé sans détour « elle est morte ». Mais il faut attendre les dernières phrases du texte pour que le notaire prononce enfin le mot-clé de « testament ».

Qui ?

  • accumulation à 10 reprise de qui
  • termes neutres

Se souvenant du jour de sa mort, Hermile Lebel nous apprend indirectement que la défunte était étrangère , « dans son pays il ne pleut jamais » et qu 'elle était devenue mutique. Mais il n'apporte aucun éclairage sur la cause de son décès. Le portrait moral qu'il en dresse donne l'image d'une personne secrète, dénuée de véritable affection pour ses enfants, comme l'indique l'usage qu'elle faisait des termes neutres de « jumeau » et « jumelle » les très rares occasions où elle mentionnait leur existence. Hermile Lebel donne brièvement et indirectement les composantes d'un personnage de mère inattendu sinon étrange mais qui semble malgré sa mort au centre de l'action à venir comme le montre la répétition du pronom sujet « elle » à 10 reprises.

Cette première scène correspond à une scène d'exposition dans la mesure où elle répond à certaines des questions que se pose le spectateur au début de la représentation.

B. Un prologue

 Le locuteur d'un prologue est en principe un personnage à part (un dieu, un mort revenu pour l'occasion des Enfers, voire un acteur, un directeur de théâtre qui jouent le rôle d'un annonceur) et doté d'un regard particulier sur les événements à venir.

Le prologue s'apparente en quelque sorte à une préface ou à une annonce au public. Il ne se limite donc pas à une fonction informative ; il peut être porteur d'une critique à l'égard des événements à suivre et tient souvent lieu d'avertissement adressé aussi bien aux protagonistes encore hors scène qu'aux spectateurs venus assister à la représentation.

« Entrez, entrez, entrez ! »

« passage »

« je comprends qu'on ne veuille pas entrer. Moi, je n'entrerais pas »

répétition

jeu sur la signification multiple du mot

avis

Aucune didascalie ne mentionne la présence des jumeaux dans l'espace de jeu du notaire. Ceux-ci sont donc clairement hors-scène, que le metteur en scène choisisse de les rendre visibles pour le spectateur (par exemple en les montrant sur le seuil de la porte) ou leur demande de rester en coulisses. Leur entrée en scène est alors différée et devient un enjeu du discours d'Hermile qui les incite à plusieurs reprises à entrer dans la pièce au double sens du terme « Entrez, entrez, entrez ! ». Jouant aussi sur le double sens du mot « passage », il en laisse entendre la dimension initiatique et pointe la réticence qu'il peut y avoir pour les personnages à se lancer dans cette histoire. Il se met à leur place : « je comprends qu'on ne veuille pas entrer. Moi, je n'entrerais pas ». Mais si les personnages de Jeanne et Simon se dérobent, rien ne pourra avoir lieu.

deuxième personne du pluriel

peut, ne pas renvoyer exclusivement aux jumeaux, mais grâce au présupposé de la double énonciation théâtrale, être entendu comme une adresse aux spectateurs. Le spectateur, décontenancé par cette scène liminaire, peut lui aussi éprouver quelques réticences à « entrer » dans l'histoire.

Cependant cette scène, qui ne se limite pas à l'exposé de la situation dramatique, ne se présente pas comme une scène d'exposition classique. Détachée du reste de la pièce, elle ressemble un peu à un prologue.

Sans que cette dernière fonction ne soit complètement réalisée dans le discours du notaire, on en repère néanmoins quelques marques.

II/ … qui met en scène Hermile Lebel : un personnage décalé et touchant ...

A. Un notaire peu professionnel

suppression de la négation

suppression du pronom sujet « faut pas », « c'était pas »,

Sa syntaxe est naturellement relâchée, puis il se reprend

disgression

il n'arrive pas à se concentrer sur l'objet de l'entrevue avec ses clients. Au lieu de commencer par leur présenter ses condoléances et de les préparer à entendre la lecture du testament, il use d'une digression : « je préfère regarder le vol des oiseaux ». À partir des « oiseaux », il glisse sans interruption d'un sujet à un autre :

Il accumule les fautes professionnelles

« La mort, ça ne se prévoit pas »

une phrase au présent de vérité générale

Il dénie sa fonction en affirmant d’une manière péremptoire.Or, la fonction de notaire consiste précisément à aider les clients à préparer leur mort et à prévoir leur succession.

« C’est sûr, c’est sûr, c’est sûr, je préfère regarder les oiseaux »

répétition

Il exprime implicitement son malaise quand, au lieu de jouer son rôle, il déclare dès la première phrase

À bien des égards, Hermile Lebel est en décalage par rapport à sa fonction : il est le contraire de ce que l'on attend d'un notaire. La parole d’Hermile Lebel introduit un registre comique dans cette scène d’ouverture. Elle sert ainsi à atténuer la gravité de la situation initiale, celle d’un décès, et permet donc au spectateur de ne pas sentir la dimension tragique de la situation peser trop fortement dès le commencement de la pièce.

B. Mais attachant

le comique de langage

s’attaque essentiellement aux proverbes et dictons qu’il détourne, voire retourne comme un gant : « se raconter des racontars » (expression valise à partir d’« écouter des racontars » et « se raconter des histoires »), « l’enfer est pavé de bonnes circonstances » (au lieu de « bonnes intentions »), « ce n’est pas la mer à voir » (au lieu de « ce n’est pas la mer à boire »)

vocabulaire affectif

didascalie finale

Il s’épanche facilement en confiant, à deux reprises : « j’aimais votre mère » puis « ça m’a fait beaucoup de peine ». Il se laisse déborder par ses émotions, comme en témoigne le vocabulaire affectif qu’il emploie ainsi que la didascalie finale : « Il éclate en sanglots ». Les rôles se trouvent donc inversés puisque c’est lui, et non les enfants de la défunte, qui éprouve la douleur du deuil.

Il ne cesse de s’excuser ou de se justifier directement (« Excusez-moi », par deux fois) ou indirectement (en disant qu’il « emménage », en semblant désolé de garder la fenêtre ouverte et ne pas avoir « l’air conditionné »). Il avoue facilement son ignorance et conserve en lui quelque chose d’enfantin (« Je ne sais pas », « Avant, je disais un zoiseau »). L’anecdote qu’il rapporte à propos de Nawal les situe tous les deux dans un rapport mère / enfant ou professeur / élève : « C’est votre mère qui m’a appris qu’il fallait dire un oiseau ».

En définitive, ses maladresses traduisent à la fois son désarroi et son désir de maintenir à tout prix le contact avec les jumeaux. La parole est donc utilisée pour créer du lien entre les personnages. Des expressions comme « Je vous dis ça comme ça » ou « Vous savez comment elle était » ont surtout une fonction phatique (le sens des paroles n'a pas d'importance, les propos servent à créer du lien avec l'interlocuteur). Pourtant, malgré tous ses efforts, Hermile Lebel n’obtient aucune réaction de la part des jumeaux, ni parole ni entrée en scène. En définitive, il apparaît ici, par excès de sincérité, comme inapte au rôle qu’il doit assumer.

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