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Commentaire de texte Un Lâche de Maupassant

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Par   •  8 Février 2018  •  Commentaire de texte  •  2 517 Mots (11 Pages)  •  7 824 Vues

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« Un Lâche »  est une nouvelle écrite en 1885 par Guy de Maupassant, un grand auteur réaliste du XIXème siècle. Cette nouvelle fait partie d’un recueil de Maupassant intitulé « Contes du jour et de la nuit » dans lequel sont regroupés environ vingt récits et dont le but était de représenter la société de son époque à travers toutes les classes sociales de façon réaliste et la plus exacte possible.

        L’extrait présenté ici raconte les pensées et angoisses du vicomte de Signoles, un homme aimé et respecté de tous de par son apparence. Pour impressionner les autres et se sentir honoré, il est entraîné dans un duel au pistolet. L’extrait prend place une nuit avant le duel ; il est alors confronté à une terrible panique. Quelles peuvent alors être les conséquences d’un trop grand orgueil et une superficialité trop présente au sein de la société de l’époque ?

Nous verrons dans un premier temps à quel point l’idée de mort est présente dans l’extrait et ses conséquences par rapport au vicomte, puis nous parlerons des différents registres présents dans l’extrait et enfin, nous étudieront la crise existentielle du vicomte par rapport à sa double identité.

L’extrait a lieu lors de la nuit précédant le duel entre le vicomte de Signoles et Georges Lamil. Ici, on assiste au changement d’identité du vicomte dont le duel envahit entièrement l’esprit. Il réfléchit ; se pose des questions par rapport à ce qui pourrait arriver à l’issue de cet affrontement. À la ligne 5, avec « il irait sur le terrain, puisqu’il voulait y aller », il semble parfaitement décidé. Mais très vite, l’éventualité d’un échec se présente devant lui, et le sujet de la mort est alors intégré dans le texte et ses pensées. Cette hypothèse semble au départ le révolter, lorsqu’il dit, ligne 16, « Comment ! me voici, je me regarde, je me sens vivre, et dans vingt-quatre heures je serai couché dans ce lit, mort, les yeux fermés ». Il prend une position d’indignation et évoque sa mort comme si elle était impossible et inconcevable.

Pourtant, après quelques réflexions, il prend conscience que cette idée pourrait effectivement se révéler réalité. Il se retrouve alors submergé par cette pensée, et son scandale d’auparavant s’en va pour, peu à peu, laisser place à une grande panique.

        En effet, le vicomte parle « d’inquiétude » et « d’épouvante » ligne 3 qui l’envahissent. Il est terrifié de sa mort physique, mais aussi de sa « mort sociale » puisqu’il songe à l’éventualité de ne pas pouvoir contrôler ses sentiments : « Peut-on avoir peur, malgré soi ? » (ligne 2), et « Mais s’il tremblait ? Mais s’il perdait connaissance ? » (ligne 5) dont les conséquences seraient la perte de sa réputation, de son nom aux yeux des autres (ligne 6.) ; réputation à laquelle il tient d’ailleurs beaucoup. Il semble mettre ces deux morts au même niveau et se retrouvera d’ailleurs plus tard à devoir choisir entre celles-ci.

Le vicomte vit l’expérience d’une crise d’angoisse comme une nouveauté. Il est désorienté et ne sait pas comment réagir face à ces émotions, il tente d’ailleurs de tirer la langue devant un miroir pour vérifier s’il n’est pas malade ; il n’a pas l’air de comprendre exactement ce qui lui arrive. Il n’arrive pas non plus à contrôler ce qu’il ressent et cela semble l’inonder à la ligne 28, avec « Sa tête s’égarait ; ses pensées troubles devenaient fuyantes, brusques, douloureuses ; une ivresse envahissait son esprit comme s’il eût bu. »  et à la ligne 18 avec « mort, les yeux fermés, froid, inanimé, disparu », une accumulation ayant pour rôle de renforcer l’idée de panique. À la ligne 9, lorsqu’il se regarde dans une glace et « se reconnaît à peine », il se fait même la réflexion qu’il lui semble ne s’être jamais vu avant. Cette phrase évoque le fait que c’est apparemment la première fois qu’il angoisse de cette façon ; puisque c’est aussi la première fois qu’il pense de façon sérieuse et dans une dimension réelle à sa propre mort. Il entame également comme un décompte avant son décès lorsqu’il date d’abord son décès à « après-demain » (ligne 13) puis à « dans vingt-quatre heures » (ligne 17). On ressent alors que la mort se rapproche dangereusement.

L’ubiquité de la mort dans le texte met en évidence la véritable crise de panique que subit le vicomte. En effet, elle est présente en permanence et partout à la fois ; non seulement dans son esprit mais également dans la réalité.

        Sa détresse est si grande que le vicomte commence à vivre directement sa mort. En effet, en se regardant dans le miroir, il se décrit comme ayant des « yeux énormes » et étant « pâle, très pâle » (ligne 9-10). Cette description n’est pas celle d’un homme vivant et en pleine santé mais bien celle d’un cadavre ; le vicomte n’est pas encore arrivé au duel qu’il se voit déjà décédé. Lorsqu’il prend conscience de l’enjeu du duel, et la possibilité d’une mort imminente, il est écrit que « cette pensée entra en lui à la façon d’une balle », comme si la pensée le tuait littéralement. La balle peut faire référence aux règles du duel, dont la seule arme autorisée est le pistolet mais également à sa véritable mort dans les dernières lignes de la nouvelle puisque c’est de cette façon qu’il finira par mourir.

La réelle panique prend place à la ligne 19, lorsque sa peur et si intense qu’il en arrive à voir son propre cadavre. Il regarde son lit et se voit allongé dessus, sans vie (« il se vit distinctement étendu sur le dos dans ces mêmes draps qu’il venait de quitter. Il avait ce visage creux qu’ont les morts et cette mollesse des mains qui ne remueront plus. »). Il vit sa propre mort et cela entraîne une chaîne de peurs et questionnements extrêmes et absurdes, comme par exemple « Il eut peur de son lit » (ligne 22).

Peu à peu, le vicomte semble réellement perdre la part d’humanité et de contrôle de ses actions en lui, notamment ligne 21-22 : « il prit machinalement un cigare ». Le mot « machinalement » sous-entend que le vicomte est complètement déshumanisé, il agit comme pourrait agir un mort-vivant. Son obsession pour la mort le contrôle littéralement.

Dans ce texte, on pourrait penser qu’il n’y a qu’un seul registre ; le registre tragique, de par l’idée récurrente de la mort. Mais il n’est pas le seul, le texte contient en effet deux registres différents : le registre tragique et le registre comique.

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