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Commentaire de Texte Balzac Illusions perdues

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Par   •  3 Avril 2016  •  Commentaire de texte  •  3 087 Mots (13 Pages)  •  13 136 Vues

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Commentaire de Texte Balzac Illusions perdues

Dans le roman Illusions perdues Balzac décrit la trajectoire d’un jeune homme de province ambitieux qui rêve d’être reconnu et honoré comme poète, à Paris. Dans l’extrait que nous allons étudier, Lucien vient d’arriver à Paris, avec sa maîtresse, Mme de Bargeton. Les deux provinciaux se retrouvent dans une société nouvelle dont ils ne connaissent pas encore les codes. Ils se trouvent au théâtre pour la première fois et Lucien compare les Parisiennes à Mme de Bargeton au grand désavantage de cette dernière. Il ignore que Mme de Bargeton éprouve la même déception pour le poète qu’elle trouvait naguère si beau à Angoulême. Il s’agit donc d’une double scène de déception amoureuse à la tonalité moqueuse. En quoi cette scène est-elle « remarquable », c’est-à-dire capitale pour Lucien ? Quelle analyse de la société mondaine nous est proposée dans cette page ? Nous exposerons d’abord ce qui caractérise ces deux personnages provinciaux, puis en quoi cette soirée est décisive pour l’un et l’autre. Nous étudierons enfin quelle place occupe le narrateur dans cette scène polyphonique.

Le personnage principal, Lucien, a quitté sa Province et arrive à Paris en compagnie de sa protectrice.

Il se distingue par deux éléments importants « son étrange beauté » ce qui nous fait comprendre qu’elle est hors du commun, et donc un atout important et qu’il est « poète… ». D’autre part, il vient d’Angoulême, et ne connaît pas les usages de la vie mondaine parisienne. Une analepse elliptique fait référence aux maladresses qu’il vient de commettre : « le déplaisir que lui causaient ses confusions. »

Le deuxième personnage de notre extrait est madame de Bargeton. Lucien et cette femme sont amants comme nous le fait supposer le lien de séduction entre eux : « La coiffure qui le séduisait tant à Angoulême ». Comme Lucien, elle ignore les goûts parisiens : « la vieillerie de la toilette de Mme de Bargeton ». La « vieillerie » ne renvoie pas à l’âge de cette femme mais au caractère vieillot du goût de la Province. Ses vêtements sont démodés.

La « Province », d’où sont issus les deux personnages, est un espace flou et vague. Ce terme générique correspond à tout ce qui n’est pas Paris. Elle est présentée sous un aspect négatif dans une comparaison péjorative avec la capitale. Le présent de vérité générale définit les traits caractéristiques de ce lieu : « En province il n'y a ni choix ni comparaison à faire ». La tournure négative insistante souligne l’absence d’éducation, de goût, de variété, et d’émulation, quand on ne vit pas à Paris. D’autre part, la suite de l’analyse : « l'habitude de voir les physionomies leur donne une beauté conventionnelle» par l’isotopie de l’ordinaire et de la banalité, présente cet l’espace comme un monde qui ne déclenche aucune surprise, un univers dépourvu d’innovation.

Par opposition à Angoulême, le lieu où se trouvent les personnages est important. Ils sont en effet dans un théâtre parisien, assistent à un « spectacle » « à Paris ». Nous ne savons rien de l’espace lui-même : de quel théâtre s’agit-il ? de quel spectacle ? Cette omission montre que Lucien, pourtant poète, est indifférent à l’aspect artistique du lieu. Il est très différent en ce sens de Danceny, le jeune musicien des Liaisons dangereuses qui va l’opéra pour entendre de la musique ce qui paraît « extravagant » à la libertine marquise de Merteuil,

Il est très significatif, dans cette page, de remarquer que c’est le public qui est décrit ; non pas les actrices mais les femmes proches de Lucien : « Le voisinage de plusieurs jolies Parisiennes… » ainsi que « les jeunes gens du balcon » que détaille Mme de Bargeton. Ce sont les seules indications qui nous font comprendre que les personnages se trouvent au milieu d’une assemblée qui se propose, en principe, de voir un spectacle.

Les deux provinciaux vont vivre dans ce lieu fabuleux un épisode essentiel de leur existence.

II Une scène décisive

« Cette soirée fut remarquable » L’adjectif insiste sur le caractère marquant de cette soirée. D’autre part, le complément circonstanciel de temps « Pour la première fois » souligne l’importance de cette expérience. Comme un coup de foudre, elle constitue un épisode essentiel de la vie de Lucien. En effet, comme tout coup de foudre elle a pour conséquence de transformer le personnage qui ne sera plus jamais comme avant. Il existe donc un avant et un après dans la vie de Lucien.

Une nouvelle vie s’annonce pour lui comme le signale une phrase mystérieuse, à la fois symbolique et proleptique. « Le cercle s'élargissait, la société prenait d'autres proportions. » Les termes architecturaux, « cercle, proportion » sont liés aux perspectives nouvelles qu’entrevoit Lucien. Vivre dasn une autre dimension. Cette métaphore de l’avenir, associées à l’aspect duratif de l’imparfait est une projection de Lucien dans ce qui l’attend. Dans une sorte de vision, il perçoit son avenir associé à une nouvelle ampleur. La polysémie du mot cercle se rattache aussi aux relations mondaines, aux réseaux, aux rencontres qu’il espère. Il s’agit donc d’un envol du personnage.

Lucien vit aussi une expérience de plaisir.

« Le plaisir qu'éprouvait Lucien ». Cette phrase est marquée par un terme très fort « plaisir » et un verbe à l’imparfait, le temps de l’infiltration de cette jouissance qui se distille dans son corps. Ce texte en focalisation interne sur Lucien décrit un ravissement causé par la vue ; le gérondif « en voyant le spectacle à Paris » actualise ce bonheur, comme si Lucien était en train de le ressentir au moment où nous lisons. Il s’agit d’une sensation délicieuse, hors du commun, incomparable, jamais ressentie. Lucien est comblé pour « la première fois ».

Une « première fois » est aussi une initiation. Par qui et à quoi Lucien est-il initié ?

Les initiatrices sont les femmes qui l’entourent : « Le voisinage de plusieurs jolies Parisiennes si élégamment, si fraîchement mises ». Lucien n’est pas séduit par une femme en particulier, mais un milieu social raffiné. Son ravissement est lié au nombre de femmes qu’il observe, et dont il tire une leçon. Ce que signale les pluriels « les Parisiennes, les délicates inventions » et le déterminant indéfini qui évoque une collectivité prise dans

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