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Commentaire composé de Phèdre de Racine (I, 3)

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Par   •  6 Mars 2018  •  Commentaire de texte  •  1 942 Mots (8 Pages)  •  4 684 Vues

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Commentaire composé : Racine, Phèdre, I, 3, v.269-308

Exemple de commentaire corrigé.

NB : Les éléments entre crochets ne doivent pas apparaître dans les copies !!!

[Introduction] [Situation su passage] La scène 3 de l’acte I est la première scène de la tragédie de Racine dans laquelle apparaît Phèdre. Auparavant, ce personnage a été mentionné dans la scène d’exposition où Hippolyte et Théramène rappellent la haine qu’éprouve la belle-mère du jeune homme envers lui. Cette troisième scène propose un dialogue entre Phèdre et sa nourrice, Oenone, cette dernière pressant la jeune femme de lui dire la cause de son mal. [Caractérisation] Il s’agit ici d’une scène d’aveu. Après de nombreuses implorations, Phèdre finit par dire la vérité et avouer qu’elle aime Hippolyte, tandis qu’Oenone dénonce le caractère criminel de cet amour en même temps que la fatalité qui pèse sur cette famille. La longue tirade de Phèdre ici étudiée consiste en un récit relatant la naissance et les différentes étapes de cet amour, récit pendant lequel Phèdre s’accuse et accuse la destinée de cet amour monstrueux contre lequel elle ne peut aller. Aveu amoureux, cette scène s’attache à décrire la naissance de l’amour de Phèdre et le combat qu’elle livre contre cette passion coupable. [Problématique] Nous montrerons en quoi la peinture de cet amour se fait sur un mode qui le constitue en passion tragique. [Annonce du plan] Cette tirade présente d’abord un aveu amoureux mais cet aveu insiste sur la dimension criminelle de cet amour, pour mieux mettre ensuite l’accent sur la malédiction que subit Phèdre.

[I-Un aveu amoureux]

Dans cette scène, l’aveu consiste en l’expression de l’amour que ressent Phèdre pour Hippolyte, ce qui passe par le récit de l’évolution de ce sentiment impossible.

[1) Le récit d’un amour impossible]

Phèdre profite de cette scène pour proposer un aveu total, qui livre toutes les étapes d’une histoire amoureuse. Cela permet au dramaturge d’informer le spectateur en début de pièce. Cet aveu retrace quatre grandes étapes : l’innamoramento, l’affirmation du sentiment amoureux, la séparation et les retrouvailles. Mais le traitement de ce schéma traditionnel est constitué de failles qui révèlent l’impossibilité de cette relation. L’innamoramento est décrit de façon tout à fait traditionnelle, avec un coup de foudre manifesté par le champ lexical du feu : « brûler » v.275, « feux » v.276, « ardeur » v.305, « flamme » v.308. L’affirmation du sentiment amoureux se fait paradoxalement dans une tentative de la part de Phèdre de se défaire de cet amour, grâce à ses invocations répétées à Vénus : « Par des vœux assidus, je crus les détourner », v.279. De même la séparation est voulue Phèdre qui cherche à éloigner celui qu’elle aime : « Je pressai son exil », v.295. Ces deux dernières étapes prouvent que Phèdre essaie de combattre son amour, en vain. Les retrouvailles, au lieu de donner lieu à des amours épanouies et à des débordements de joie, ne sont qu’une étape de plus qui approfondit la douleur de la jeune femme : « ma blessure trop vive aussitôt a saigné » v.304.

Toutes ces étapes classiques du cheminement amoureux sont donc minées par le caractère particulier de cet amour : Phèdre, tout en succombant à son amour, tente à tout prix de s’en défaire, ce qui révèle d’une certaine manière son innocence.

[2) Les manifestations physiques de l’amour]

Toutes les évocations de l’amour, dans le texte, sont liées à la manifestation physique de ce sentiment. Ces manifestations physiques renvoient à une forme de sensualité, proscrite dans le théâtre classique, mais ici suggérée de manière à insister sur la dimension criminelle de cet amour. Ainsi, les premières réactions de Phèdre, quand elle voit Hippolyte, sont physiques : « je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue », v.273 : l’antithèse, le rythme ternaire et l’assonance soulignent l’émotion de l’amour tentée de honte. Les émotions de Phèdre sont entourées dans le vers par la mention de la « vue » en un chiasme qui enferme Phèdre dans cette contemplation. Le corps tout entier de l’amoureuse continue de traduire ce sentiment violent par une nouvelle antithèse : « Je sentis tout mon corps et transir et brûler », v.276. Une fois Hippolyte éloigné, c’est encore la vue qui réveillera la douleur de Phèdre : « J’ai revu l’ennemi que j’avais éloigné. / Ma blessure trop vive aussitôt a saigné », v.303-304 : la vue de l’être aimé éveille la blessure morale. Si les yeux sont le véhicule de l’histoire d’amour, la bouche se trouve muette : « je ne pouvais parler » v.276. C’est d’ailleurs par la parole qu’elle essaie de se délivrer de cet amour : sa bouche « implorait le nom de la déesse » v.285. Cette scène de la parole enfin en liberté dit plus que jamais la difficulté à parler.

[Transition] Cette scène constitue donc une scène d’aveu, cet amour est d’emblée marqué par la souillure et la nature des relations de Phèdre et Hippolyte en font un amour interdit.

[II-Un amour interdit]

L’aveu de Phèdre n’est pas une libération pour elle, mais un moment où elle expose sa honte. Son amour est interdit, et doit rester secret parce qu’il est un crime.

[1) L’amour comme crime]

Les liens familiaux qui unissent Phèdre à Hippolyte en font un amour criminel. Les v.294 à 296 insistent sur ce lien de parenté : Phèdre « affecte » l’attitude que pourrait adopter une « marâtre ». Le fait que le terme de « marâtre » finisse le vers, tout comme celui de « paternels » au vers 296, met en avant ce triangle amoureux et familial. De même, le vers 290, précédé de l’exclamation pathétique « ô comble de misère » insiste sur la ressemblance du père et du fils, et donc, sur le crime que commet Phèdre, tout en annonçant l’aveu à Hippolyte, dans laquelle elle se sert de Thésée pour avouer son amour. Phèdre a conscience du caractère criminel de son acte ; elle confie : « J’ai conçu pour mon crime une juste terreur » v.307. Ce terme de « crime » renvoie à l’idée que son amour est un amour coupable. La « terreur » est l’une des deux émotions que doit susciter la tragédie, avec la pitié. Phèdre s’inspire à elle-même de l’« horreur » v.308. L’emploi massif des pronoms de la première personne, « moi-même », « j’ », « me », indique que cette révolte de Phèdre est tournée contre elle-même. Il y a deux Phèdre, celle qui aime et celle qui est horrifiée par son amour, et deux réactions du public aux deux facettes de ce personnage : la terreur et la pitié. Terreur face à un personnage aux sentiments monstrueux, et pitié pour celle qui souffre et tente de se dégager de sa faute.

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