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Commentaire Victor Hugo "Ultima Verba"

Commentaire de texte : Commentaire Victor Hugo "Ultima Verba". Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  29 Février 2016  •  Commentaire de texte  •  1 468 Mots (6 Pages)  •  5 168 Vues

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La poésie assure de multiples fonctions : parfois évasion, parfois connaissance du monde, parfois épanchement des sentiments, elle peut aussi devenir un art engagé et se mettre au service des idées. C’est le parti que prend Hugo qui, après le coup d’État de Napoléon III, s’exile et écrit Les Châtiments, vaste pamphlet poétique contre Napoléon « le Petit ». « Ultima verba », situé presque à la fin du recueil, comme une sorte de testament moral et politique, se termine sur trois apostrophes : aux autres proscrits, à Napoléon III qu’il hait, à la France qu’il aime et qu’il a quittée. Dans un premier temps nous étudierons la dénonciation violente de l’empereur et de son régime, ensuite nous ferons une réflexion sur l’exil imposé, choisit et partagé, puis pour finir nous verrons comment Hugo revendique son originalité et sa force de parole.

Hugo s’adresse d’abord directement à Napoléon III et lui exprime son mépris : il le tutoie (indices personnels de la 2e personne du singulier : « te, ton »). Le nom de « César » (v. 8) dont il le surnomme prend alors une valeur d’antiphrase ironique et contraste avec le croquis extravagant d’un bien piètre « César » dans son misérable « cabanon ». Par l’antithèse ironique entre ce « cabanon » et le « Louvre », le poète dénonce la folie, mais aussi l’orgueil et l’appropriation de l’empereur. Plus avant dans le poème, la désignation implicite de Napoléon III par l’évocation de « Sylla » (v. 26), dictateur romain qui a multiplié les proscriptions et les massacres, dénonce sa cruauté sanguinaire et fait de lui une figure légendaire dont la descendance gardera le souvenir au même titre que les pires tyrans. Le poème devient satirique. Après l’avoir tutoyé, Hugo prend ses distances par rapport à Napoléon III, comme pour le détruire : l’utilisation du pronom « il », pronom de l’absence (« tant qu’il sera là », v. 13), marque son refus de nommer cet ennemi, son désir de lui ôter son identité, de le renvoyer dans le néant. La critique s’étend à l’entourage de Napoléon III : Hugo dévoile la vérité sous l’apparence officielle et révèle la noirceur des vices de l’empereur à tous ses partisans. La métonymie des « têtes courbées » (v. 9), le terme péjoratif de « valets » (v. 7) pour désigner l’entourage de l’empereur, la lourdeur des sonorités en « on » qui reviennent par six fois dans les vers 6-7 et le rythme régulier que leur imprime la répétition du son « t » (« tandis, tes, te, montreront, ton, te, montrerai, ton ») suggèrent la soumission des courtisans. Le terme « trahisons » (v. 9), dont le pluriel indique qu’il s’agit d’une pratique courante, dévoile la vraie noirceur. Le clergé qui « bénit » (v. 4) l’empereur n’est pas déchargé de cet « opprobre » : Hugo le désigne implicitement par l’indéfini « on » (v. 4), désireux d’en rejeter les membres dans l’anonymat et l’oubli, ce qui sera l’un de leurs « châtiments ». Il dénonce ainsi indirectement la complicité coupable de l’Église avec Napoléon III.

Le poème répond à la rumeur d’amnistie proposée par Napoléon III aux proscrits qui reviendraient en France. Hugo fait ici allusion à ce « piège » qui peut faire vaciller des volontés moins fortes, et peut-être même la sienne… Le ton religieux, la solennité à l’antique : le thème de l’exil est abordé par le biais de l’apostrophe solennelle à ses pairs en exil, qui rappelle les exhortations à l’antique : le ton est quasi religieux. Ainsi, « culte » (v. 1), terme du vocabulaire religieux, évoque celui des Mânes antiques ; l’apostrophe collective « bannis » (v. 2) semble sortie d’un sermon ou d’une harangue ; enfin, la « République » qui « nous unit » (v. 2), personnifiée par la majuscule, renvoie à une valeur antique essentielle. Ces références au bannissement, qui renvoient à la tradition politique de la République romaine antique, sont puissamment reprises par la mention de « Sylla » (v. 26).Le mouvement final de la dernière strophe est préparé par la désignation des exilés dans le poème, la relation de Hugo avec eux étant marquée par un détachement progressif. Hugo part d’une sorte de fusion suggérée par les indices personnels de la 1re personne (« mes compagnons, nous unit, nous tente »), puis, de cette idée collective, il passe à une certaine individualisation (« si quelqu’un a plié », v. 23) et marque la distance avec ceux qui ont « plié » par le pronom indéfini « on » (v. 25). Si on ne sent de la part de Hugo aucun reproche, l’emploi au vers 26 de « ils », pronom de l’absence, et la formule impersonnelle « s’il en demeure dix » (v. 27) suggèrent la séparation entre lui et ses anciens « compagnons » (v. 1). Lorsqu’il répète le nom de la « France », Hugo exprime son mal du pays avec des accents nostalgiques. Ainsi,

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