LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Analyse linéaire "La Cour du Lion" de La Fontaine

Commentaire de texte : Analyse linéaire "La Cour du Lion" de La Fontaine. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  8 Mai 2021  •  Commentaire de texte  •  2 246 Mots (9 Pages)  •  6 828 Vues

Page 1 sur 9

1. Objet d’étude : La littérature d'idées du XVIème siècle au XVIIIème siècle

Oeuvre intégrale : Jean de La Fontaine, Fables (livres VII à IX) :

Comment la fable permet-elle de porter un regard critique sur l'homme et le pouvoir ?

Texte 1 : « La Cour du Lion », Fables de jean de la Fontaine (1678)

Sa Majesté Lionne un jour voulut connaître
De quelles nations le Ciel l'avait fait maître.
Il manda donc par députés
Ses vassaux de toute nature,
Envoyant de tous les côtés
Une circulaire écriture,
Avec son sceau. L'écrit portait
Qu'un mois durant le Roi tiendrait
Cour plénière, dont l'ouverture
Devait être un fort grand festin,
Suivi des tours de Fagotin.
Par ce trait de magnificence
Le Prince à ses sujets étalait sa puissance.
En son Louvre il les invita.
Quel Louvre ! un vrai charnier, dont l'odeur se porta
D'abord au nez des gens. L'Ours boucha sa narine :
Il se fût bien passé de faire cette mine,
Sa grimace déplut. Le Monarque irrité
L'envoya chez Pluton faire le dégoûté.
Le Singe approuva fort cette sévérité,
Et flatteur excessif il loua la colère
Et la griffe du Prince, et l'antre, et cette odeur :
Il n'était ambre, il n'était fleur,
Qui ne fût ail au prix. Sa sotte flatterie
Eut un mauvais succès, et fut encore punie.
Ce Monseigneur du Lion-là
Fut parent de Caligula.
Le Renard étant proche : Or çà, lui dit le Sire,
Que sens-tu ? dis-le-moi : parle sans déguiser.
L'autre aussitôt de s'excuser,
Alléguant un grand rhume : il ne pouvait que dire
Sans odorat ; bref, il s'en tire.
Ceci vous sert d'enseignement :
Ne soyez à la cour, si vous voulez y plaire,
Ni fade adulateur, ni parleur trop sincère,
Et tâchez quelquefois de répondre en Normand.        

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

        


Texte 1 : « La Cour du Lion », Fables de jean de la Fontaine (1678)

INTRO :         Ce texte, qui alterne alexandrins et octosyllabes, est un apologue extrait du livre VII du deuxième recueil des Fables de La Fontaine, ouvrage publié en 1678 sous la forme de deux recueils divisés en plusieurs livres. C’est une dédicace au Dauphin. Dans son œuvre, le moraliste fait une critique sociale et universelle de l’homme à travers les animaux. Cela lui permet d’éviter la censure. Ainsi, il s'inspire de la fable de Phèdre « Le Lion régnant » et peint ici la cour et ses courtisans, montrant l'importance du code social qui règne dans le milieu aristocratique de la cour.

La fable s'organise en deux mouvements :

  • le récit (v.1 à 32)  dans lequel on peut distinguer la présentation de la cour (v.1 à 16)  et l'intervention des trois courtisans (v.16 à 32) et
  • la morale explicite (v.33 à 36).

(Vous pouvez découper le texte en trois mouvements si vous choisissez de traiter la présentation de la cour (v.1 à 16)  et l'intervention des trois courtisans (v.16 à 32)  comme deux mouvements à part entière.)

Projet de lecture : dans quelle mesure cette fable constitue-t-elle une critique de la société de cour à l'époque ?

- Premier mouvement : le récit (v.1 à 32)

- La présentation de la cour (v.1 à 16)

                

        Le texte s'ouvre sur la mention du personnage principal. Ainsi, la périphrase « Sa Majesté Lionne » fait directement référence au roi Louis XIV nommé « Sa Majesté très chrétienne ». Ainsi, La fontaine explicite dès le premier vers la fonction de l'animal anthropomorphe dans le poème : il s'agit ici de critiquer les puissants et, parmi eux le plus puissant de tous, le roi incarné par le lion. Le complément circonstanciel de temps « un jour » rappelle l'apologue sous la forme du conte traditionnel. Les deux premiers vers remplissent donc clairement la fonction de présentation du décor, de la situation initiale. Cette fonction est renforcée par l'emploi du passé simple « voulut ». Ainsi, le choix de ce verbe marque d'emblée la volonté du souverain comme toute-puissante et arbitraire à la fois .

Au vers 2, le pluriel de « De quelles nations » tend à démontrer encore la puissance de ce roi, « maître » (le mot est placé à la rime) de vastes contrées. La référence au « Ciel », allégorie du pouvoir divin, renforce cette idée en rappelant le caractère divin de la monarchie absolue de la France du XVIIème siècle.

Ces deux premiers vers qui installent le décor en montrant la force du monarque sont composés sous la forme d'alexandrins, c'est-à-dire deux vers amples qui miment la majesté royale du lion.

Leur succèdent des octosyllabes qui rendent le rythme du poème plus soutenu et brisent le caractère solennel de l'ouverture. Le roi est désigné simplement par le pronom personnel de troisième personne et le verbe « mander » associé à la conjonction de coordination (« Il manda donc ») semble mimer la course des « députés » repris par le gérondif « envoyant (de tous les côtés) » (v.5). On note aussi le parallélisme des expressions hyperboliques  « de toute nature » (v.4) et « de tous les côtés » (v.5) composées du déterminant indéfini « tout » qui accentue le désir d'omniscience du lion et, en même temps, l'aspect ridicule de la situation puisque la raison même de l'assemblée plénière semble peu pertinente.

...

Télécharger au format  txt (13 Kb)   pdf (159.5 Kb)   docx (220.1 Kb)  
Voir 8 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com