Analyse "Le discours du Lion" La Fontaine

Axe 2 : La stratégie des plus forts

        1- Le discours du Lion

                 b) L'aveu du Lion :

     Comme le Lion est le roi des animaux, c'est donc aussi le premier à passer aux aveux, ce qui est habile de sa part car son sacrifice est présenté comme une concession. De plus, il a droit au plus long discours.

    Nous découvrons:

       -  sa faute : "J’ai dévoré force moutons" + "manger le Berger" (remarquer la rime entre "manger" et "Berger" ): c'est un massacre de grande ampleur  ( " force moutons") + le rejet très expressif isolant "le Berger" par un vers de 3 syllabes qui saute aux yeux ou aux oreilles et qui est le vers le plus court de la fable ) mais il minimise sa faute en parlant de péché de gourmandise et en employant l'adverbe "quelquefois" : l'évènement n'est pas souvent arrivé.

      - la  raison de cette faute : "satisfaisant mes appétits gloutons" (pluriel et adjectif péjoratif)  et la circonstance aggravante : "Que m’avaient-ils fait ? Nulle offense" .

          Mais cet aveu est un chef-d’oeuvre de mauvaise foi.

     Il se présente, au début, dans une pseudo-égalité avec ses sujets (appelés "Mes chers amis"), comme une sorte de guide parlant au nom de la collectivite, sans donner d’ordres ("Je crois"," je pense", "il est bon que"…). Mais on sait bien que, dans une monarchie absolue, la moindre pensée du prince vaut ordre !

     De plus, le pronom personnel et l’adjectif possessif de la 1re personne du pluriel sont trés employés:       "nos péchés", "le plus coupable de nous", "L’histoire nous apprend", "notre conscience", "Ne nous flattons donc point", "voyons" ; on trouve aussi le pronom indéfini "on"  et l’adjectif "commune". Ces termes désignent l’ensemble des animaux, la collectivité soumise au même fléau, dans une apparente égalité.

    Mais, au vers 25, le Lion crée une rupture brutale en passant à une 1re personne du singulier soutenue : "Pour moi […] je ". Sa sincérité est sans risque : il peut tout avouer, assuré qu’il est de trouver l’indulgence chez ses courtisans ! Le "je" de la confession est d’ailleurs immédiatement annulé par un autre beaucoup plus princier : "je pense".

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