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Analyse d'extrait de l'Ingénu de Voltaire

Commentaire d'oeuvre : Analyse d'extrait de l'Ingénu de Voltaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  14 Décembre 2020  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 372 Mots (6 Pages)  •  1 062 Vues

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L'Ingénu, Volatire

Extrait :

« Les deux captifs étaient fort d'accord sur l'injustice de leur captivité. « Je suis cent fois plus à plaindre que vous, disait l'Ingénu ; je suis né libre comme l'air ; j'avais deux vies, la liberté et l'objet de mon amour : on me les ôte. Nous voici tous deux dans les fers, sans en savoir la raison et sans pouvoir la demander. J'ai vécu Huron vingt ans ; on dit que ce sont des barbares, parce qu'ils se vengent de leurs ennemis ; mais ils n'ont jamais opprimé leurs amis. A peine ai-je mis le pied en France, que j'ai versé mon sang pour elle ; j'ai peut-être sauvé une province, et pour récompense je suis englouti dans ce tombeau des vivants, où je serais mort de rage sans vous. Il n'y a donc point de lois dans ce pays ? On condamne les hommes sans les entendre ! »

Analyse :

Cet extrait est issu du conte philosophique de Voltaire, L'Ingénu, écrit au XVIII ième siècle, siècle des Lumières. Il est contenu dans les lignes 35 à 46 du chapitre 14 intitulé : « Progrès de l'esprit de l'ingénu ». L'action se déroule sous le règne de Louis XIV, époque antérieure à celle de Voltaire. Il traite du rapport à la nature tout en critiquant les principes et les mœurs de la société française sur le mode polémique et satirique. En effet, on assiste à la captivité de Gordon et de l'Ingénu dans la Bastille alors que le huron est familiarisé à la philosophie, à la physique et aux maths par le vieillard savant. Voltaire joue ici sur leur différence d'âge et de culture pour mettre en scène deux personnages touchants capables de s'instruire mutuellement et ainsi de s'épanouir malgré les circonstances qui les accablent. En effet, durant son voyage vers Versailles, L'Ingénu a promis à plusieurs protestants chassés par les jésuites de défendre leurs convictions mais ce, sans compter sur la présence d'un espion parmi eux qui va dénoncer le malheureux au roi. Ainsi, sur place il est arrêté et emprisonné.

Dans cet extrait, par le biais d'une argumentation indirecte, Voltaire mène un véritable réquisitoire contre la pensée de son époque. Il dénonce la place majeure qu'occupe la religion et les principes édictés en son nom, l'opression que subissent jansénistes et protestants et fait une critique de la société du XVII siècle mettant en péril les droits naturels de l'homme.

En effet, l'auteur met en scène les arrestations des deux hommes, celles de Gordon et d'Hercule, qui n'ont pas lieu au même moment mais bien selon le même procédé : on ne laisse pas aux condamnés l'opportunité de défendre et de justifier leur prise de position concernant la religion alors que leur « liberté » est pourtant gravement remise en question. On assiste alors à la complicité qui s'installe entre les deux personnages ayant pour fondement leur incarcération injustifiée : « les deux captifs étaient fort d'accord sur l'injustice de leur captivité ». Ils deviennent compagnons d'infortune face au pouvoir en place et à leur arrestation arbitraire : « nous voici tous les deux dans les fers sans en savoir la raison et sans pouvoir la demander ». L'emploi du pronom personnel « nous » illustre cette nouvelle alliance entre deux individus que tout oppose. Voltaire, à travers le personnage de l'amérindien et grâce à l'expression qu'il emploie « né libre comme l'air », fait un parallèle entre le rapport aux droits dans le pays d'origine du sauvage qui incluait celui d'aimer et d'être libre et entre le mode de fonctionnement français qui, à contrario, se permet « injust[ement] de lui ôter ses « deux vies ». Cette allusion illustre la conception du huron pour qui les deux biens les plus précieux à l'existence d'un individu se résument à la liberté et à l'amour. La brièveté de la phrase « on me les ôte » ainsi que l'emploi du pronom indéfini « on » mettent l'accent sur l'indignation du huron face à la condamnation arbitraire dont il est l'objet. Son attachement à la liberté

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