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Molière, le Malade imaginaire

Dissertation : Molière, le Malade imaginaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  10 Avril 2021  •  Dissertation  •  3 246 Mots (13 Pages)  •  6 579 Vues

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Chloé CHOUKROUN                                                                            1ère J

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        A la cour du Roi Soleil, Molière est très apprécié, il réjouit la cour avec ses comédies-ballets. Le Malade Imaginaire est sa dernière œuvre, il mourra en jouant le rôle d’Argan. Il est intéressant de voir ce que Molière écrit à propos de ses comédies. En effet, dans la préface de Tartuffe en 1669, Molière déclare : «l’emploi de la comédie est de corriger les vices des homme […] et nous avons vu que le théâtre a une grande vertu pour la correction ». Il faut savoir que cette pièce écrite en 1664 a d’abord été censurée malgré le placet, c’est-à-dire la demande juridique que Molière avait faite au roi pour éviter la censure. Dans ce placet, Molière affirme que « le devoir de la comédie étant de corriger les hommes en les divertissant ». Il semble considérer cette idée de fonction didactique et dénonciatrice comme l’objectif principal de la comédie. Mais s’il ne l’évoque pas dans la préface de Tartuffe en 1669, l’idée du divertissement est bien présente dans son premier placet au Roi. La notion de comédie contient en elle-même la notion de rire. Ainsi nous pouvons nous demander si le Malade Imaginaire se limite à corriger les vices des hommes et n’a pas au-delà de toute fonction moralisatrice, d’abord pour objectif de faire rire. A travers ce questionnement, nous aborderons donc la question plus générale de la fonction d’une comédie. Nous verrons ainsi dans un premier temps que le Malade Imaginaire met en scène plusieurs vices des hommes et s’emploie à les dénoncer. Nous montrerons ensuite que cette pièce reste avant tout une comédie, drôle, qui a pour objectif premier de divertir et d’amuser les spectateurs. Enfin nous analyserons comment le rire rend plus efficace la critique et permet à Molière une critique sociale voire politique de la société.

        La comédie met en scène les défauts des hommes : nous verrons d’abord qu’en effet la comédie, contrairement à la tragédie, met en scène des personnages ordinaires auxquels le spectateur peut facilement s’identifier, puis nous étudierons les vices qui sont dénoncés dans le Malade Imaginaire.

        Dans un premier temps, le XVIIème siècle voit une évolution majeure dans la fréquentation du théâtre : si au début du siècle c’est un divertissement qui a mauvaise réputation et dont les spectateurs sont essentiellement des pages, des valets, des soldats, des artisans et des voleurs rendant les représentations très mouvementées dans le public. A partir de 1630 le théâtre devient bien plus fréquentable et même les femmes et les aristocrates ne craignent plus de s’y montrer. Molière avec son théâtre itinérant s’est d’abord forgé une réputation parmi le peuple avant d’être repéré par Monsieur frère du Roi puis par le roi lui-même qui lui offrent successivement leur mécénat. Ce public se retrouve dans les personnages que Molière met en scène et peut facilement s’identifier à eux : ces personnages sont récurrents, inspirés de la commedia dell’arte, et on retrouve des bourgeois, des nobles et des domestiques. Les bourgeois sont certainement les plus représentés dans les œuvres de Molière et dans le Malade Imaginaire, ils sont incarnés par Argan, le personnage principal, et sa famille : ses filles Angélique et Louison, Cléante l’amant d’Angélique, sa femme Béline, le notaire Monsieur Bonnefoy, Béralde le frère d’Argan. Le corps médical est, lui, représenté par quatre personnages : monsieur Diaforius et son fils, monsieur Purgon et monsieur Fleurant l’apothicaire. Les domestiques ont également une place prépondérante dans les œuvres de Molière et ont un rôle clé dans l’intrigue. Dans le Malade Imaginaire, la servante est incarnée par Toinette, elle est seule à représenter cette catégorie sociale mais joue un des rôles les plus importants sur les plans dramatique et scénique de la pièce. Dans les comédies on est donc loin des personnages de la tragédie classique, qui est l’autre genre dominant dans le théâtre de l’époque. Loin des héros antiques ou des personnages de légende, bien ancrée dans l’époque contemporaine à la pièce, la comédie se déroule dans un intérieur souvent bourgeois, familier du spectateur. C’est le cas du Malade Imaginaire qui se joue dans la chambre d’Argan. Enfin les thèmes qui sont traités dans une comédie sont des thèmes simples qui touchent tout le monde : les intrigues tournent autour du mariage, des relations filiales, de l’amour, de l’argent. Cela favorise donc également une identification du public aux personnages. Le Malade Imaginaire n’échappe pas à cette règle puisqu’on y trouve : les relations filiales d’Argan avec ses filles Angélique et Louison ainsi que celle de Thomas Diaforius avec son père, la question centrale étant le mariage d’Angélique. Enfin le thème de l’argent est également très présent, avec le corps médical qui ne pense qu’à s’enrichir sur le dos de l’hypocondriaque Argan, ou Béline qui se réjouit de la mort de son mari espérant en tirer un héritage. Le spectateur peut donc tout à fait s’identifier aux personnages de la pièce à travers leurs origines sociales tout comme à travers les thèmes qui les préoccupent.

        Dans un second temps, voyons quels sont donc les vices que dénonce la comédie, et plus particulièrement le Malade imaginaire, et auxquels on peut ainsi espérer que le spectateur sera sensible. Molière dénonce particulièrement deux vices dans le Malade Imaginaire qui sont le mensonge et l’hypocrisie. Ceux-ci sont notamment incarnés par le corps médical et la femme d’Argan : Béline. En effet, Argan est hypochondriaque, c’est-à-dire qu’il se croit toujours malade, il est hanté par la peur de la mort : « Je ne m'étonne pas si je ne me porte pas si bien ce mois-ci que l'autre » (acte I, scène 1). Le thème de la mort est un des ressorts importants de la pièce et il provoque les réactions des autres personnages. Ainsi les médecins exploitent cette angoisse d’Argan pour s’enrichir. Toinette, la servante insolente mais intelligente, voit clair dans leur jeu, elle déclare (Acte I, scène 2) : « Ce M. Fleurant-là et ce M. Purgon s’égayent bien sur votre corps ; ils ont en vous une bonne vache à lait ; ». C’est aussi la mise en scène de la mort d’Argan qui révèle l’hypocrisie de Béline dans l’acte II scène 13 : « Le ciel en soit loué ! Me voilà délivrée d’un grand fardeau. Que tu es sotte, Toinette, de t’affliger de cette mort ! ». On comprend à cette réaction que Béline n’a jamais aimé Argan et elle exprime ensuite tout le dégout que lui inspirait son mari. Au moment de la mort feinte du vieil homme elle n’est intéressée que par son argent. Son notaire, Monsieur Bonnefoy, dont le nom fait sourire car il est tout sauf de bonne foi, sert les intérêts de Béline et prodigue de mauvais conseils à Argan. Molière dénonce également la bêtise et la crédulité avec ce personnage; il se laisse berner par tous : le notaire, sa femme, les médecins, l’apothicaire, ses filles, son frère et même sa servante. Pour qu’il ouvre les yeux il lui faut véritablement entendre sa femme réagir à sa fausse mort et il doute à peine de l’efficacité des traitements proposés lorsque Toinette, déguisée en médecin, lui conseille de se couper un bras et de se crever un œil pour que l’autre bras et l’autre œil s’en portent mieux. Il croit aussi au sort que lui jette Monsieur Purgon lorsque ce-dernier se dispute avec lui. Jusqu’à la fin, pour tout ce qui concerne la médecine, il reste crédule puisqu’il croit encore son frère qui lui propose par une simple cérémonie de devenir lui-même médecin. Cette critique de la crédulité est un thème récurrent chez Molière, on le retrouve par exemple chez Tartuffe.

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