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Bernard Rancillac, Enfin silhouette affinée jusqu'à la taille

Fiche : Bernard Rancillac, Enfin silhouette affinée jusqu'à la taille. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  28 Février 2021  •  Fiche  •  2 771 Mots (12 Pages)  •  1 012 Vues

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Anais OKBA

Bernard Rancillac, Enfin silhouette affinée à la taille, 1966

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« Dans un contexte dominé par le consumérisme capitaliste et la guerre froide, une nouvelle génération d’artistes, rompant avec les dérives formalistes de l’abstraction, va mettre au point une manière, figurative et distanciée, proche du Pop Art ; une « Figuration narrative » soucieuse d’exprimer les bouleversements de la société en détournant, dans une perspective critique, l’imagerie propagée par la « société de consommation » et les médias (Bande dessinée, image publicitaire, photographie, cinéma). » extrait de la conférence « France 1960-1970 » donnée par Jacques Beauffet, Conservateur en chef honoraire du Musée d’art moderne de Saint-Etienne.

Dans les années 1960, une nouvelle figuration émerge dans un climat international tendu : la figuration narrative. La Guerre d’Algérie de 1954 à 1962, les événements de la guerre froide de 1947 à 1991, la Guerre du Vietnam de 1963 à 1975, donnent lieu à des images chocs dans la presse.

Il est important de noter que la figuration narrative n’a jamais été un mouvement proclamé comme tel. Celle-ci se développe autour d’une exposition intitulée Mythologies quotidiennes en juillet 1964 au musée d’Art moderne de Paris et organisée par Gérald Gassiot-Talabot, Bernard Rancillac et Hervé Télémaque.

Les artistes de cette exposition travaillent à partir de l’image photographique, cinématographique, publicitaire, de la bande dessinée ou même de la peinture classique, et aboutissent à des œuvres qui détournent la signification première de ces représentations pour montrer leurs implications politiques.

Les objectifs recherchés par ces artistes sont de dénoncer « les aliénations de la vie contemporaine ». De plus, ils cherchent à maintenir le rapport critique du public aux images de la réalité, en réalisant des peintures figuratives froides et distanciées.

Nous allons nous intéresser plus particulièrement à Bernard Rancillac. Né en 1931, Bernard Rancillac est un peintre et sculpteur français. Il passe son enfance en Algérie jusqu’en 1937, puis, rejoint la France durant la guerre en Haute-Loire.

De 1959 à 1962, Bernard Rancillac étudie la gravure à l’Atelier 17 de S.W. Hayter. Et entre-temps, en 1961, il obtient le Prix de peinture à la biennale de Paris.

L’artiste réalise de grandes toiles qui évoquent la guerre du Vietnam, le conflit Israélo-palestinien, la guerre en Tchétchénie, la situation des femmes algériennes, le racisme, la torture…

Enfin silhouette affinée jusqu’à la taille est une de ces peintures à l’acrylique qui confronte brutalement les images de torture pendant la guerre du Vietnam infligées par des soldats américains avec une image d’un magazine féminin.  

Nous pouvons alors nous demander en quoi l’œuvre de Bernard Rancillac intitulée Enfin silhouette affinée jusqu’à la taille s’inscrit-elle dans la figuration narrative ?

Dans un premier temps nous ferons l’analyse plastique de cette peinture. Puis, développerons les enjeux sémantiques que celle-ci soulève. Et, pour finir, nous comparerons cette peinture avec d’autres œuvres similaires.

I- Analyse plastique du tableau Enfin silhouette affinée à la taille

À la fin de 1965, Bernard Rancillac a commencé à utiliser le projecteur opaque pour réutiliser des images de médias afin de créer des peintures à l’acrylique polémiques. Il nomme cette méthode le « réalisme dialectique ».

Son exposition L’'année 1966 à la Galerie Blumenthal-Mommaton en février 1967, présentait des peintures réalisées au cours de l'année précédente qui utilisaient cette méthode.

Enfin silhouette affinée jusqu’ à la taille, faisant partie de l’exposition L’année 1966, résulte de la juxtaposition, dans deux sens différents, de deux photos : une publicité pour des soutien-gorge bustiers et un document qui montre des soldats torturant des prisonniers vietnamiens en les plongeant à mi-corps, la tête la première, dans de grands récipients d'eau. Le titre du tableau reprend celui de la publicité Enfin une silhouette affinée jusqu'à la taille et prend alors une connotation sinistre.

a) Les caractéristiques du tableau

La surface utilisée par l’artiste est une toile rectangulaire sur châssis de 195 cm de longueur par 130 cm de largeur. Bernard Rancillac va donc utiliser le report photo par projection à partir de documents en noir et blanc dont il va réinventer les couleurs. Il réalise son tableau avec de la peinture à l’acrylique, une invention américaine introduite en Europe au milieu des années 1960, qui lui permet, par son temps de séchage très court, de relater l’actualité au plus vite. De plus, l’œuvre de Bernard Rancillac est un tableau à surface lisse ou l’on ne distingue pas les gestes effectués par le peintre ce qui accentue l’effet de profondeur.

Au premier plan du tableau, au centre, se trouve un soldat américain torturant un vietnamien en le plongeant dans un contenant rempli d’eau. De plus, en tête bèche, se trouve 5 bustiers de femmes.  Nous pouvons distinguer au second plan deux soldats américains dont l’un des deux est surement au-dessus d’un vietnamien à terre. Puis pour finir au troisième plan, nous pouvons voir un grands nombres de plantes formant probablement une forêt du Vietnam.

b) Les couleurs et nuances

L’utilisation des couleurs pour se tableau est très peu développée. En effet, Bernard Rancillac choisi : le jaune, seule couleur chaude, pour représenter le sol et quelques plantes en arrière-plan, ainsi que, le vert pour représenter le reste des plantes et le violet claire pour la peau des femmes en bustier en tête bèche.

Le peintre joue avec la lumière, donc avec le noir et le blanc pour apporter du reliefs aux soldats, aux vietnamiens ainsi qu’au contenant d’eau.

A travers ces couleurs et ces nuances, le public ressent une certaine froideur qui s’explique par les violences faites entre les deux camps adverses lors de la guerre.

L’utilisation de ces couleurs et de l’assemblage de photo en tête bèche révèle un « esthétique dérisoire ». En effet, la toile de Bernard Rancillac reprend la couverture de Paris-Match dans des couleurs « acides » pour dénoncer la guerre du Vietnam avec un humour sanglant.

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