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La perception du Brésil au cinéma

Discours : La perception du Brésil au cinéma. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  9 Novembre 2017  •  Discours  •  2 607 Mots (11 Pages)  •  539 Vues

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Carlos Diegues, un grand réalisateur de cinéma Novo,  a dit un jour « O cinema e o espelho de um pais » : Le cinéma est le miroir d’un pays. En effet, le cinéma est l’un des principaux biais par lesquels nous appréhendons et découvrons l’étranger. Si l’on pense au quelques films que nous avons vus, et qui se déroulent au Brésil : Samba, Orfeu Negro, OSS 117 le film d’animation Rio… Se sont déroulées sous nos yeux de flamboyantes images du carnaval de Rio, des dizaines d’oiseaux muticolores, des plages paradisiaque et une chaleureuse ambiance de Bossa Nova.

Pour nous, tout a commencé en 1958, avec Orfeu Negro, produit et réalisé par Marcel Camus. Fervent adepte de la vague Novo (croisement entre le cinéma brésilien, le néo réalisme italien et la nouvelle vague française), il a eu l’idée de transposer le mythe d’Orphée et Eurydice dans le Brésil de l’époque… Ou ce qu’il nous présente comme tel : En plein préparatif du carnaval de Rio, nous évoluons au sein d’une communauté habitant une favela idéalement perchée sur une coline surplombant la ville. Les habitants ont l’air de vivre en harmonie, sereinement et dans la bonne humeur perpétuelle, le tout sur fond de samba avec des airs de bossa nova spécialement composés par Tom Jobim et Luis Bonfa. Cette année là, la victoire du Brésil lors du la coupe du monde de football l’a placé sous les projecteur et le pays était en pleine phase de modernisation et d’ouverture au monde. Mais cette heure de gloire ne vaut que pour la partie émergée de l’iceberg : les favelas deviennent peu à peu des lieux de misère et de violence qui sont très loin de l’eden imaginé par Marcel Camus. Le cinéaste étranger nous donne à voir une peinture idéalisée du Brésil, et il n’est pas le seul : Le cinéma Brésilien lui même, même s’il prend une tournure plus réaliste en montrant un « vrai Brésil » avec son quotidien, ses bidonvilles, sa milieu agricole misérable s’éloigne de la réalité par un surenchère de symbloes : Les cinéaste du mouvement Novo comme Glauber Rocha ou Carlos Diegues embellissent, parfois à outrance, cette autre facette du Brésil, révélant toute la beauté d’un réalité bien moins étincelante qu’il n’y paraît. C’est également le cas de La cité de Dieu, dont Corentin parlait l’autre jour : la violence n’y est pas montrée, elle est suggérée et sublimée par un enchainement de plans ou un code couleur adapté.

Bien sur on peut se dire que le cinéma, contrairement à ce que pense Carlos Diegues n’est pas le reflet de la réalité mais plutôt le miroir dans la boue : Orfeu Negro révèle la sensualité, le rythme et les couleurs du brésil comme un bout de ciel bleu.

Faire du cinéma au Brésil, ça n’a pas toujours été facile : en 1908, il n’existait qu’une vingtaine de salles dans le pays, sans société nationale, des salles qui diffusaient des longs métrages signé Pathé et Gaumont, les sociétés françaises, Nordisk, Bioskop Dannoises et Allemandes, Cines, Italienne, puis Edison, Vitagraph et Biograph, les géants Américains. Comme pendant la guerre, on diffusait aussi quelques documentaires, tournés quelques jours avant dans les villes même, en général sur les crimes du moment. Comme en France, les journaux se sont développés et ont rapidement été accusés de propagande. Mais l’important, c’est qu’au début du 20ème siècle, tous les écrans Brésiliens, comme tous ceux du monde entier, sont monopolisés par les sociétés nord Américaines. Certains cinémas, comme L’Avenida à Rio, ouvrent spécialement pour diffuser les films de Vitagraph. Malgré une courte période de popularité au début des années 30, le cinéma Brésilien ne peut pas prospérer pour une raison majeure : la langue.Les producteurs tente de copier Hollywod en lançant des films chantés et quelques comédies musicales, mais le constat est sans appel : en 1942, sur 409 films sortis projetés dans le pays, 1 seul est d’origine Brésilienne.

Puis, la répression ayant fait son œuvre, une partie de la jeunesse Brésilienne commence à s’intérésser à son cinéma inspiré de nouvelle vague française et de néo réalisme italien qui explore des thèmes populaires mais est rapidement confronté à la censure : c’est le cinéma de Glauber, qui le définit par « une caméra dans la main et une idée dans la tête. On parle alors de faim, de violence, de misère dans un mélange de mises en scènes élégantes et d’opinion politiques assumées.

Parce qu’au Brésil un peu plus qu’ailleurs, le cinéma a longtemps entretenu des rapports très étroits avec l’état et le pouvoir : en 1969, en plein dictature millitaire, c’est l’état qui crée l’entreprise Ebrafilme et commence à financer la production, ainsi qu’à la controler grace au Cocine. Un état parfois incompréhensible par ailleurs, comme le montre la censure en 1982 de Para Frente Brasil, produit par Ebrafilme et interdit par le Cocice, deux organes du même gouvernement. Enfin, avec l’arrivée de Fernando Collor à la présidence le 15 mars 1990, toutes ces institutions sont fermées et la productions chute : cette année là, la moitié des films Brésiliens présentent un caractère pornographique. Cest la société Globo Films, crée en 97, qui va tenter de repositionner le cinéma Brésilien sur marché mondial et celui ci va réellement s’imposer à partir des années 2000 avec La cité de Dieu qui touche un large public, obtient 4 nominations aux oscars et figure aujourd’hui dans le top 100 des meilleurs film de tous les temps actualisée par Time magazine. Outre une cosmétique de la faim  qui a tendance à être perçue comme une stratégie marketting, le Brésil se met rapidement à la hauteur en envahissant les festivals comme celui de Berlin en 2016 ou figurent 16 films Brésiliens. Il y a aujourd’hui 3 168 écrans dans le pays, et 143 films sont sortis en 2016.

Malgré cette embellie, être réalisateur au Brésil ne reste pas un bon plan : les blockbusters dominent toujours le marché et les films nationaux ne représentent que 16,5 % des billets vendus. Cependant ce n’est pas spécifique au Brésil puisque le cinéma d’auteur connaît des difficultés partout dans le monde, même en France où des œuvres comme Moi, Daniel Blake l’an dernier ou Elle de Paul Verhoeven peinent à dépasser les 50 000 entrées.

Mais ces dernières années, quelques longues métrages Brésiliens, à commencer par les Bruits de Recife, ont fait l’effet d’un bombe dans le milieu satiné du cinéma européen : Les Bruits de Recife et Casa Grande, réalisé respectivement en 2012 et 2014 par Kleber Mendoça Filho et Felllipe Barbosa sont des films qui viennent de l’intérieur, des films d’introspection, qui prennent leurs racines au coeur de la vraie société Brésilienne, au sein même de la vie et de la maison de leurs réalisateurs.

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