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Les Incidences De La Culture Sur Le Concept De Race

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Par   •  27 Mars 2013  •  2 985 Mots (12 Pages)  •  950 Vues

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Dans nos sociétés modernes, la loi et les bonnes mœurs n'admettent pas le racisme. Il est aisé de comprendre pourquoi : nous avons tous en tête la violence extrême à laquelle cette idéologie peut mener. Néanmoins, le véritable raciste n'est pas celui qui recherche la compagnie de sa propre race et se montre hostile aux autres. Le raciste est celui qui croit en l'existence de races humaines. En soi, l'idée n'est ni absurde ni répréhensible. Il est communément admis qu'il y a des races de chiens ou de chats. La race s'apparente alors à une sous-espèce. Le berger allemand, le caniche et le chihuahua sont ainsi des sous-groupes dans celui qu'on étiquette « chien ». Le raciste fait de même avec les hommes : il y a des blancs, des noirs, des jaunes, … dans l'espèce dite humaine. Il paraît après tout naturel de différencier des individus qui ne se ressemblent pas. C'est lorsque l'on se penche d'un peu plus près sur les critères qui définissent une race que l'entreprise devient périlleuse. Un Suédois est très différent d'un Italien et pourtant tous deux sont blancs. On peut se demander s'ils appartiennent à la même race. Mais il va sans dire que tous deux sont bien plus semblables entre eux qu'ils ne le seraient avec un Ghanéen noir Africain. Il apparaît alors que le concept de race est relatif. Nous n'avons pas forcément les mêmes critères raciaux. Cette dissymétrie ne peut provenir que d'une conception différente de l'humanité et de ses divisions. Des éléments culturels entrent en ligne de compte dans la manière dont on détermine une race. Il convient de se demander en quoi la culture influence la conception que l'homme se fait des races. D'une part, elle semble venir le renforcer : les races sont définies par la culture, à des fins culturelles et sont justifiées culturellement. Mais d'autre part, la culture est aussi un discrédit pour le concept de race, qu'elle peut contredire ou rejeter à son gré. Il y a là une grande ambiguïté.

Nul besoin d'être très savant pour constater que tous les hommes ne se ressemblent pas. Il y a au contraire sur Terre une très grande variété d'êtres humains. On trouve des hommes blancs en Europe, des hommes noirs en Afrique, des hommes jaunes en Asie et des hommes rouges en Amérique. Par ailleurs, la couleur de la peau n'est pas l'unique variable. Il y a des hommes bruns, des hommes roux et des hommes blonds, des hommes de grande taille et des hommes de petit gabarit, et ainsi de suite. Pour appréhender une telle diversité, l'homme doit classer. De la même façon qu'il classe les chiens en races, il classe aussi ses semblables en fonctions de leurs similitudes pour distinguer différentes races humaines. Penchons nous alors sur les critères qui déterminent l'appartenance à une race. Sur quoi peut-on se baser pour affirmer qu'un homme est de telle ou telle race ? Le plus aisé est encore de se fier à ce que l'on voit. L'homme établit sa classification à partir de faits de nature. Ou du moins le croit-il. Car si être blanc, noir ou jaune est effectivement un fait de nature, le choix de ranger les hommes dans des cases en fonction de leur couleur de peau est, lui, parfaitement arbitraire. Pourquoi ne classerait-on pas les gens selon leur couleur de cheveux ? Selon leur taille ? Ce choix particulier traduit une vision du monde particulière, dicté par des valeurs particulières. Autrement dit : ce choix traduit des codes culturels. La culture préside à notre façon de penser le monde et détermine la manière dont on va le classer. La culture occidentale donne une très grande importance à la couleur de la peau et relativement peu à la taille. Ainsi, elle distingue les races en fonction du premier critère et pas du deuxième. Une culture différente amènerait immanquablement à une conception des races différente. Le concept de race n'est donc pas figé, et c'est la culture davantage que la nature qui le définit.

La culture détermine la conception qu'on se fait des races, on l'a vu. Néanmoins, elle est aussi en mesure de l'instrumentaliser à ses propres fins. Le concept de race implique de diviser l'humanité en races bien définies. Or, dès lors que l'on établit une différenciation, il est extrêmement tentant de hiérarchiser les groupes ainsi mis à jour. La question devient alors : pourquoi n'y aurait-il pas des races supérieures à d'autres ? Pour en revenir aux chiens, il paraît assez évident d'affirmer qu'un berger allemand est supérieur en tout à un chihuahua. Hiérarchiser de même les races humaines semble envisageable. Dès lors, le concept de race revient non seulement à diviser l'humanité en races, mais aussi à déterminer les relation qu'elles entretiennent entre elles : une race n'a d'autre choix que de se plier à une race supérieure. Cette conception des races mène à justifier la domination d'une masse par une élite. C'est au nom de ce principe que les nazis, ayant déterminé une race Aryenne supérieure et une race juive inférieure, ont pu légitimer les persécutions de la première envers la seconde auprès de leurs contemporains. De même que les métropoles occidentales ont justifié leur impérialisme et les colonisations. Et encore de même que les colons américains ont justifié l'esclavagisme. Poussée à l'extrême, cette conception en arrive même à légitimer la disparition d'une race dite « faible » au profit d'une autre mieux armée. Citons ici le génocide juif, commandité par les Aryens, ou plutôt les nazis, pour ne donner qu'un exemple. Il s'agit là de darwinisme social. Cependant, comment détermine-t-on la supériorité d'une race sur une autre ? Ici aussi, les critères déterminants sont à chercher non pas dans la nature mais dans la culture. L'homme est doté d'une propension naturelle à penser sa culture supérieure aux autres cultures. Cette propension porte aussi le nom d'ethnocentrisme. Dans une culture fortement ethnocentrique, la supériorité de cette culture est portée au rang de valeur, voire même de « pattern » au sens de Ruth Benedict. Chaque élément de la culture susnommé tend alors vers cet idéal supérieur. Le concept de race, déjà fortement connoté culturellement, est instrumentalisé pour servir non plus plus de grille de lecture au monde mais surtout pour justifier d'autres éléments culturels, tel que la supériorité même d'une race.

La culture détermine la conception que l'homme se fait des races et l'instrumentalise pour légitimer la supériorité de la race à laquelle

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