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Tradition lassalienne

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Par   •  17 Octobre 2021  •  Dissertation  •  3 073 Mots (13 Pages)  •  275 Vues

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Intervention ISFEC LaSalle-Mounier  

Fécondité d’une tradition éducative dans l’école catholique : la tradition lasallienne

Septembre 2020

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Introduction : pas d’éducation sans une anthropologie

Dans notre société cohabitent des cultures et des religions qui offrent des anthropologies, des conceptions de la vie humaine. La présence chrétienne dans l’éducation, c’est en premier lieu une conception singulière, une anthropologie spécifique, avant même un projet d’évangélisation de jeunes et d’adultes. Il faut distinguer, à l’école catholique, ce qui, sans être du tout secondaire, est second, de ce qui est premier : l’acte éducatif vécu selon l’anthropologie chrétienne.

École catholique : oxymore, rencontre impossible ? ou rencontre féconde des deux termes ? Au croisement de sa mission d’Église et de sa participation au service public, dans une société tentée par une stricte laïcité, l’école catholique offre un paradoxe, qui invite à s’interroger ainsi : de quelle école catholique les jeunes ont-ils besoin ? De quels adultes, de quels enseignants en particulier, ces jeunes ont-ils besoin dans l’école catholique ?

En période d’incertitude, les identités s’affirment plus fortement. C’est légitime, mais il ne faut pas situer la nôtre où elle n’est pas d’abord : affirmer le caractère « catholique » de l’école, ce n’est pas d’abord mettre en avant des pratiques cultuelles et catéchétiques renforcées, voire sélectionner familles et jeunes sur des motivations religieuses. Une telle approche du caractère catholique serait une mauvaise réponse à la bonne question : pourquoi l’école catholique dans la société et l’Église de ce temps et pourquoi s’engager dans cette école ?

I. Le charisme des congrégations enseignantes.

         

          Sur quelle réalité sociale se joue la pertinence de l’Évangile ?

Un jour, une femme, un homme, au nom de son appartenance chrétienne, a entendu l’appel à tracer un chemin inédit dans une réalité sociale en mutation. C’est ce qui se passe au XVIIe siècle pour l’école : on cherche à inventer un nouveau lieu, un tiers-lieu, comme réponse pertinente aux besoins, et parfois à la faillite de l’éducation et de l’évangélisation des enfants les plus pauvres.

Ce processus s’opère en deux temps. Premièrement, il s’agit de soutenir, voire de prendre le relais des institutions existantes, la famille et l’Église, affrontées à la difficulté de transmettre les croyances religieuses et les valeurs traditionnelles. On réduit alors la prétention de l’école, on l’instrumentalise en quelque sorte : apprendre des rudiments de lectures et d’écriture sert de « miel » pour convaincre les familles d’y inscrire leurs enfants. Ce n’est qu’ensuite que l’école est considérée pour elle-même comme un espace nécessaire pour permettre la croissance humaine de ces enfants et leur assurer une sorte de « salut terrestre ». L’éducation se fait « école pour tous », quand on saisit que rejoindre tous les jeunes, surtout quand ses destinataires privilégiés sont les pauvres, qu’elle concerne et nourrit la foi chrétienne : Angèle Merici (1474-1540) fonde la première congrégation féminine dédiée aux filles, Jean Bosco (1815-1888) rejoint la jeunesse abandonnée des quartiers populaires de Turin. Il en va ainsi, un siècle plus tôt, pour J.-Baptiste de La Salle (1651-1719).

Au milieu du XVIIe siècle existent nombre d’écoles pour les filles, auxquelles on apprend à devenir épouses et mères chrétiennes, car l’éducation religieuse et morale des enfants reposera sur elles. Il en va autrement de la scolarisation des garçons, sollicités pour apporter un appoint financier aux maigres ressources des familles et aussi plus rebelles aux contraintes. Le contexte offre quelques analogies avec le nôtre : l’urbanisation bouscule les solidarités et met à mal les traditions reçues ; le protestantisme, le scepticisme et l’athéisme provoquent le morcellement des croyances ; le contexte socio-économique aggrave les pauvretés.

Le défi ? Inventer une école qui fidélise familles, enfants (garçons) et maîtres. C’est à Reims que, dans les années 1680, J.-B. de La Salle développe les « écoles chrétiennes ». Il succède à un grand fondateur méconnu : Charles Démia, à Lyon, dans les années 1660. En d’autres termes, il veut faire entrer l’Évangile à l’école, un lieu qui ne lui est pas naturel. Pour conjuguer contraintes et regard évangélique, les maîtres n’ont d’autre choix que de transformer leur posture éducative.

Or il faut vaincre des réticences, et parfois des oppositions, dans l’Église et la société. Avec ses Frères, il déploie, d’essai et d’échec en réussite, une créativité didactique et éducative :

- combat contre l’absentéisme,

- enseignement en français et non en latin,

- regroupement des élèves dans des classes,

- progressivité des acquisitions, etc.

Cela suppose une formation des maîtres, qui ne bénéficiaient alors d’aucune vraie préparation pédagogique.

Si son projet est de « sauver les jeunes », La Salle, comme ses prédécesseurs, comprend qu’il faut « sauver la figure du maître d’école », mal considéré socialement. Ce projet ne se réduit pas à fondes des écoles chrétiennes pour les pauvres (même si la plupart connaissent l’échec éducatif ou pédagogique, il y en a beaucoup) mais concerne celle d’une communauté de maîtres conscients de la dignité du métier, des enfants et de la médiation scolaire. Mais où puiser la motivation : non dans le sacerdoce, mais dans l’acte éducatif lui-même, car on prend conscience des possibles que l’éducation peut déployer chez l’enfant. Par rapport au sacerdoce, l’éducation et l’école ne sont plus une vocation seconde mais première. L’évangile, avec les congrégations enseignantes, entre à l’école.

II. (Ré) investir la médiation de l’acte éducatif ?

a- Détour théologique. C’est l’Incarnation qui donne son épaisseur chrétienne à l’éducation. Jésus, dans les limites assumées de notre humanité et de notre langage, révèle l’Amour de Dieu pour ses créatures et sanctifie la chair qu’il a revêtue. Comme à tout être humain, il revient à l’enseignant de « faire l’homme ». Le chrétien s’inscrit ainsi dans le projet de Dieu, qui crée un être inachevé : « La tâche de l’homme, écrit François Varillon, est de faire l’homme […] Un monde tout fait serait un monde de choses. » (Beauté du monde, souffrance des hommes, p. 55). Il ajoute : « Le Christ donne à nos décisions humaines humanisantes une dimension divine. En d’autres termes, il divinise ce que nous humanisons » (Joie de croire, joie de vivre, p. 46-47). Ainsi, « quand je fais mon travail d’homme qui consiste à humaniser les relations des hommes entre eux, le Christ fait son travail de Dieu. Il divinise ce que moi j’humanise » (La Parole est mon royaume, p. 41). Les paroles de Jésus sont Bonne Nouvelle parce qu’il les a signées par toute sa vie.

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