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Le secteur social

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Par   •  23 Août 2022  •  Lettre type  •  2 378 Mots (10 Pages)  •  341 Vues

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L'équipe : premier outil de l'éducateur spécialisé

29 avr. 2013 2390 mots 10 pages

Formation initiale éducateurs spécialisés - Première année

COMMUNICATION PROFESSIONNELLE EN TRAVAIL SOCIAL

Commenter la citation de Philippe GABERAN :
« L’équipe est l’un des tout premiers outils de l’éducateur, celui sans lequel il ne peut pas exercer convenablement son métier. »

Le métier d’éducateur spécialisé s’inscrit avant tout dans une démarche d’accompagnement de personnes en difficultés d’insertion ou de réinsertion sociale, dans leur passage de l’individuel vers le collectif. Lorsque la personne est livrée à elle-même, isolée, elle ne trouve pas toujours intérêt à subsister. En collectivité, elle se révèle, se ressource dans le groupe et se rend utile au fonctionnement de celui-ci. Sa confrontation aux autres lui donne envie de s’ancrer dans le groupe, de partager émotions et connaissances, d’évoluer, de se projeter dans l’avenir.
Tout comme l’individu qui devient un sujet unique dans une société, le professionnel devient un sujet unique dans une équipe. C’est ce travail de subjectivation par rapport à son équipe qui permet à l’éducateur de trouver et de prendre sa place au sein d’une institution.

La complexité des situations que l’éducateur est amené à traiter dans sa carrière, ne lui permettent pas d’être efficace lorsqu’il se retrouve isolé professionnellement. En effet, l’éducateur est certes polyvalent et doit faire preuve d’adaptabilité et de disponibilité à toute épreuve, mais il n’a ni le don d’ubiquité ni la science infuse. Pour proposer une prise en charge de qualité, dans tous les champs de l’éducation spécialisée, il est nécessaire de connaître l’anamnèse de la personne accueillie et de suivre le plus précisément possible tous les dispositifs qui lui sont proposés au moment de son accueil. Sans compter que l’accompagnement de la personne ne saurait être complet s’il ne lui était proposé aucune aide plus spécifique, d’ordre médical, paramédical, psychologique, administratif, juridique, pédagogique…

L’équipe est un moyen de comprendre les situations et d’élaborer les démarches les plus à même de remplir les missions confiées à l’institution. Son rôle est de faire en sorte que s’articulent les fonctions de chaque membre dans un but commun centré autour de l’usager dans son environnement. C’est un réseau de liens vivants, un ensemble de personnes en interrelations, en coopération, et coresponsables de la vie institutionnelle.

Dans tous les types d’établissements et services sociaux et médico-sociaux, il existe plusieurs configurations possibles d’équipe. Toutes ont en commun de faire unité en considérant l’unicité de chacun dans ses dimensions personnelles et professionnelles, ainsi que dans les rapports particuliers que chacun entretient avec les personnes accueillies.

Si l’on part de l’éducateur pour définir le fonctionnement en équipe dans le travail social, on peut noter l’importance de la première équipe à laquelle il appartient : l’équipe éducative, ou équipe de soignants dans le secteur hospitalier. Ce groupe de professionnels est amené à intervenir directement au quotidien auprès des personnes accueillies : accompagnement social, démarches administratives, accompagnement vers le logement, travail sur l’autonomie, hygiène, repas, activités sportives, ludiques, artistiques… Il peut être constitué d’éducateurs spécialisés, de moniteurs-éducateurs, d’aide médico-psychologique, d’infirmiers… Ces professionnels doivent proposer une prise en charge complémentaire selon le savoir pratique propre à chacune de leurs qualifications, et dans une dynamique organisée autour d’axes de travail élaborés en équipe dans le souci de répondre au mieux aux besoins de la personne. Cette organisation n’est possible que grâce à des temps de régulation fréquents, formels ou informels, qui réunissent le plus possible de membres de l’équipe. Ces temps sont la plupart du temps organisés et animés par le chef de service, lui-même issu d’une de ces professions.

A un niveau plus global au sein de l’institution, on trouve le fonctionnement en équipe pluridisciplinaire : celui-ci regroupe les disciplines d’une même catégorie. Par exemple, la catégorie qui rassemblerait toutes les disciplines du social, du médical et du paramédical. A ce niveau-là, l’équipe développe ses actions par rapport à des disciplines précises, grâce à la complémentarité des compétences de chacun. Ce qui fédère est la compréhension de cette complémentarité, des champs d’actions et références de chacun dans sa discipline. Les temps de régulation propres à l’équipe pluridisciplinaire sont généralement moins fréquents mais doivent rester réguliers. Grâce à ces échanges, l’éducateur trouvera des éléments plus spécifiques et en donnera à son tour. C’est au cours de ces temps-là par exemple, qu’il pourra échanger avec l’équipe médicale afin de mieux comprendre la clinique d’une personne qu’il accompagne au quotidien. Avec la psychomotricienne dans le rapport qu’a l’usager à son corps, avec l’orthophoniste sur le plan de la communication, avec l’assistant de service social en ce qui concerne la situation sociale de la famille et les démarches administratives engagées…

L’équipe pluri professionnelle inclut d’autres catégories professionnelles : administratif, entretien... Les temps de régulation en équipe pluri professionnelle sont généralement très peu fréquents voire totalement inexistants, par manque de temps et de moyens. Ils sont malgré tout d’un grand intérêt pour le fonctionnement institutionnel et dans la réflexion globale sur la prise en charge des usagers. En effet, les personnels d’entretien ou agents administratifs ont un regard et une analyse différents de ceux des autres professionnels de l’institution. Ils entretiennent généralement des échanges avec les usagers qui se rapprochent plus des échanges que ceux-ci pourraient avoir avec toute personne extérieure à l’institution, échanges donc plus naturels, et analyse moins influencée par tout un bagage théorico-pratique. On sous-estime donc trop souvent l’intérêt d’inclure régulièrement ces professionnels dans des temps de régulation. Malgré tout, l’éducateur arrive à échanger assez facilement avec ceux-ci de façon plus informelle, et y trouve des éléments qui viendront compléter sa vision d’ensemble de la personne prise en charge. Une secrétaire peut par exemple avertir d’un changement de comportement d’une famille au téléphone, ou signaler qu’un usager passe tout son temps dans son bureau.

Enfin, l’équipe partenariat-réseau se constitue à partir de professionnels de divers services, soit autour de la situation d’un usager (synthèses…), soit autour de l’élaboration ou du fonctionnement d’un partenariat plus large et régulier (sport, culture, voyage…), soit encore dans un but de mutualisation des moyens et des compétences dans la prise en charge de problématiques spécifiques (autisme, alcoolo-dépendance, violences conjugales…). Ces partenaires sont d’un grand soutien pour l’éducateur dans son travail au quotidien : un point bien spécifique nécessitant des compétences particulières pourra être traité par un autre service, tout en montrant à l’usager que la collaboration entre ces différents intervenants est étroite et qu’il n’aura pas à toujours ressasser son histoire, expliquer ses difficultés actuelles…

Dans toutes ces configurations, à tous ces niveaux, la communication professionnelle n’est efficace que lorsqu’il règne une réelle cohésion d’équipe : respect de l’organisation hiérarchique, organisationnelle et fonctionnelle, de la place et de la fonction de chacun dans l’institution, participation active de chacun, écoute et prise en considération de chaque point de vue.

Lorsque cela est le cas, l’équipe est alors un des outils les plus efficaces de l’éducateur. La coordination entre ses membres, l’échange et la transmission d’informations, dans un souci d’efficacité, doit se faire de la manière la plus organisée qui soit, selon les possibilités données par le cadre de l’institution. La plupart du temps, cela est rendu possible par des écrits professionnels, à usage exclusivement interne ou à destination de l’extérieur : compte-rendu de synthèse, de réunion, d’entretien, projet d’activité, d’atelier, projet individuel, bilan éducatif, bilan pluridisciplinaire, note de situation… Les temps de régulation ont également une grande importance : réunions hebdomadaires ou mensuelles pluridisciplinaires ou pluri professionnelles, temps de régulation quotidiens en équipe éducative… Si ceux-ci n’ont pas lieu assez souvent, les professionnels essaient la plupart du temps d’échanger de manière plus informelle pendant les temps interstitiels de la vie institutionnelle. Le travail d’équipe passe aussi, et avant tout, par la possibilité d’intervention physique et/ou verbale d’un tiers de l’équipe au cours d’un échange entre un membre de l’équipe et un ou plusieurs usagers, que ce soit en situation de conflit ou simplement dans un soucis de complémentarité dans l’accompagnement proposé.

L’équipe est un outil indispensable à l’éducateur dans l’exercice de ses fonctions, pour plusieurs raisons, qu’il semble utile de développer.
Tout d’abord, la configuration en équipe, le plus souvent en binôme, permet un soutien physique à l’éducateur qui intervient auprès de l’usager : en cas de conflit, de débordement, de n’importe quelle difficulté que celui-ci pourrait rencontrer, le ou les autres professionnels à proximité vont pouvoir intervenir à leur tour en tant que tiers. Cette présence en retrait ou en action permet au cadre d’être maintenu même lorsque l’éducateur impliqué au départ se retrouve en difficulté. En hôpital de jour pour adolescents souffrant de troubles envahissants du développement (TED) par exemple, dans la situation où un jeune aura des comportements agressifs à destination d’un soignant et où ce dernier aura du mal à recevoir ces manifestations violentes sans répondre à son tour par la violence, l’intervention d’un collègue pour isoler le jeune un moment à l’écart du soignant peut être très efficace. Le jeune sera ensuite reçu par le soignant ciblé et éventuellement le soignant tiers, voire le chef de service, afin de traiter calmement le conflit, aider le jeune à comprendre pourquoi il a dû passer par cet agir, pourquoi cela n’était pas adapté et comment il pourrait éviter d’en arriver là la prochaine fois. L’éducateur est alors soutenu par son équipe dans l’immédiateté, et peut ensuite échanger sur cette situation avec ses collègues, analyser sa réaction, anticiper les prochains conflits… Ses réactions et émotions sont naturelles, et par principe de réalité, il est bon que les personnes accueillies puissent en avoir conscience. Mais seul face à des circonstances similaires, l’éducateur aurait sûrement du mal à se contenir et à rester toujours professionnel.

D’autre part, lorsqu’un éducateur accueille une nouvelle personne, il doit pouvoir connaître les éléments importants de sa situation sociale actuelle et passée, la nature de ses liens familiaux, son rapport aux apprentissages scolaires, son niveau d’autonomie, ses éventuels problèmes d’ordre médical… Ceci est rendu possible grâce au partenariat-réseau : une synthèse est organisée avec les services qui ont préalablement suivi la situation, afin de savoir si l’orientation de la personne est adaptée à l’institution sollicitée, et que le service en question puisse connaître les antécédents de celle-ci afin de lui proposer la prise en charge la plus adaptée possible. Lorsqu’une personne appelle pour la première fois le 115 par exemple, l’écoutant tente d’obtenir le plus d’informations possible sur sa situation administrative et l’état de son réseau familial et amical, afin de l’orienter vers le service ou le centre d’hébergement le plus adapté à sa situation. Ces informations permettront également au travailleur social qui recevra cette personne par la suite d’avoir une base pour débuter un accompagnement social au plus près de ses attentes et besoins.

En partenariat comme au sein d’une même institution, la transmission d’informations, d’observations, permet une certaine fluidité dans les rapports entre la personne accueillie et les différents professionnels. Cela évite à l’usager de devoir remuer sans cesse des éléments de sa vie privée qu’il aimerait bien ne pas avoir à évoquer tous les jours. Cela lui permet aussi de se sentir bien encadré, par des professionnels investis et bien intentionnés. Les écrits synthétisant une situation et les compte-rendu de réunions, permettent également aux mouvements de personnel, changements de poste, congés, absences, de moins se ressentir.

Ces informations et observations élaborées et transmises entre professionnels sont aussi source de réflexions et d’analyses communes. L’utilité d’avoir tous les éléments d’une situation est à mettre directement en lien avec l’importance de savoir les gérer et les analyser. En effet, afin de concevoir et élaborer un accompagnement le plus adapté possible à la personne accueillie, il est indispensable de s’appuyer sur les compétences de chacun grâce aux apports techniques et théoriques propres à sa profession et à son expérience. En réunion pluri professionnelle, un espace de parole est donné à chaque membre de l’équipe afin qu’il présente chaque élément de la situation tel qu’il les perçoit. Il s’agit d’un engagement personnel de chacun dans l’ensemble, chacun peut et doit apporter de lui-même. Il semble logique de concevoir qu’il est plus simple de gérer et d’analyser efficacement l’ensemble des informations concernant une situation pour un éducateur outillé d’une équipe pluri professionnelle que pour un éducateur livré à lui-même. Et c’est aussi là que trouve tout son intérêt l’existence de temps de régulation en équipe pluri professionnelle, car toutes les observations et analyses sont confrontées au même moment et dans un même espace. En effet, les échanges entre les membres d’une équipe peuvent se faire de façon plus informelle, mais l’éparpillement des réflexions dans les interstices de l’institution ne favorise pas une très bonne efficacité. Il est donc nécessaire que cela soit repris, structuré et pensé à nouveau en équipe complète. Par exemple, un éducateur intervenant auprès d’une trentaine d’enfants sur le trajet en car IME-domicile, systématiquement lors des temps de régulation quotidiens de l’équipe pluridisciplinaire : il se retrouve régulièrement en difficulté pour gérer des situations sur ces moments où il est seul. Il aimerait pouvoir les traiter en réunion mais ne peut ni quitter son poste ni changer le fonctionnement institutionnel pour qu’un temps de régulation soit décalé sur un créneau où il serait disponible. Il doit donc se contenter d’échanges avec les membres de l’équipe qu’il arrive à croiser à l’IME lors de temps de pause ou de repas, mais n’aura jamais une analyse pluri professionnelle complète des situations qu’il rencontre. Cet éducateur peut se sentir d’une certaine manière isolé et peu soutenu par son équipe.

Enfin, l’équipe peut représenter un soutien moral pour un éducateur qui se sentirait en difficulté pour rester efficace à son poste lors d’un moment délicat à passer dans sa vie personnelle. Soutien qui peut aussi être d’ordre professionnel, pour un éducateur débutant ou un éducateur n’ayant pas d’expérience du public accueilli, qui aurait besoin, pour mieux démarrer, d’une personne ressource au sein de sa nouvelle équipe. A tout moment de sa carrière, l’éducateur peut se poser des questions sur son efficacité et ne pas se satisfaire pleinement de l’analyse qu’il pourrait lui-même faire de sa posture éducative. Des espaces aménagés pour la mise au travail de cette réflexivité ainsi que pour l’échange sur les pratiques de chaque membre de l’équipe peuvent alors être souhaitables : GRAPP, supervisions… Aussi, un regard critique et constructif ou une simple reconnaissance du travail accompli, de la part de certains membres de son équipe, peuvent être bienvenus.

AH - Avril 2012.

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