Les Migrations, Hervé Domenach et Michel Picouet

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Les Migrations

Hervé Domenach et Michel Picouet

CITER L’OUVRAGE :

Domenach, Hervé et Picouet, Michel « Les migrations », Vendôme, Imprimerie des Presses Universitaires de France, 1995 (Que sais-je ?).

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Introduction

Les premières migrations humaines datent d'il y a plus de 10 millions d'années, suite à la fracture de la vallée du Rift qui aurait forcé les primates supérieurs à partir à l'ouest. Ainsi se lança la conquête du monde. L'Homo Erectus fit les premières installations sédentaires alors que les effectifs des populations s'agrandissaient. Ce n'est que plus tard que les relatives surpopulations devinrent les causes de migrations.

Aujourd'hui il existe de nombreux types de migrations : temporaires, définitives, internes, internationales.. 2,4% de la population vit en dehors de son pays natal selon des organismes internationaux, la grande motivation étant la recherche de meilleures conditions de vie. Dans les années 80, les plus attractifs étaient les Etats-Unis, le Canada, l'Australie, l'Europe, le Japon ou encore Singapour et enfin la zone des pays du Golfe.

« Ainsi le fait migratoire reflète les mutations de nos sociétés et les tensions qu'elles subissent. Il est l'image même de notre évolution et exprime le désenclavement physique et culturel à l'échelle planétaire, stigmatisant le risque que constitue la redoutable croissance du nombre des hommes et de leur inégale répartition spatiale. » (p.5)

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Chapitre I - Les processus migratoires : concepts et mesure (p.7)

« A la différence des autres phénomènes démographiques (mortalité, fécondité), la migration est un processus qui se déroule à la fois dans le temps et dans l'espace. » (p.7)

Migrations et déplacements

1. Délimitation du concept de migration :

Les formes d'utilisation d'un espace :

• quotidiennes (navettes professionnelles)
• familiales (école, course, loisirs)
• hebdomadaires (weekend)
• saisonnières (vacances, travail)
• temporaires (médecin, formation, concert)
• séquentielles (sur plusieurs mois, années ou décennies)

Migration : « mouvement de personnes traversant une certaine limite afin d'établir ailleurs une nouvelle résidence » (Population Reference Bureau, 1980).

Selon cette définition, ne sont pris en compte que les déplacements à caractère définitif.

Il devient difficile de différencier aujourd'hui ce qui est temporaire de ce qui est définitif, mais le problème le plus épineux devient celui de la résidence.

2. La résidence : un concept évolutif

Autrefois la résidence ne se définissait que par l'endroit où l'on avait coutume de vivre. Aujourd'hui, ce mot peut désigner un lieu plus abstrait, et existe à l'état secondaire (résidence secondaire) ou temporel, avec la mobilité professionnelle ou les résidences occasionnelles.

Ainsi apparu en 1974 (Daniel Courgeau) la notion d'« espace de vie » qui « délimite la portion de l'espace dans laquelle un individu réalise toutes ses activités. » (p.9). Elle peut sensiblement changer de taille selon son envergure : comporter toutes les activités globales, familiales ou professionnelles par exemple.

Existent alors deux types de déplacement :

• internes à l'espace de vie, qui ne le modifient pas ;
• modifient l’espace par ajout ou suppression de lieux, ou par changement total.

3. Modalités de la migration :

Tout déplacement s'effectue d'un point vers un autre en suivant des modalités :

• migration volontaire : chef de famille sans la famille, migration individuelle volontaire, migration collective volontaire
• migration passive : enfants qui suivent les parents
• migration individuelle : migration d'un individu
• migration ménage : migration collective volontaire ou forcée, migration passive
• migration totale : toutes les migrations possibles

4. Mobilité temporaire, mobilité définitive :

La définition des éléments de cette dichotomie relève du subjectif, elle est souvent reliée à l'appréciation personnelle de sa migration par l'individu. Un très grand nombre de déplacement est suivi par un retour après une période variable, traduisant ainsi l'aspect réversible de la notion de migration. Alors qu'une migration temporaire a de rares effets transformateurs sur un ménage ; la migration définitive peut foncièrement les changer

Observer et mesure la migration

1. Importance des objectifs :

Il y a grossièrement 3 catégories de raisons qui peuvent conduire à mener une étude migratoire :

• connaître la nature et les causes des flux migratoires, les caractéristiques des migrants et migrations ;
• connaître l'état migratoire d'un territoire (migration régionale = interne ; nationale = internationale)
• connaître les déterminants et conditions socio-économiques de la migration et les conséquences sur les milieux qu'elle affecte

2. Choix d'une définition de la migration :

La migration peut avoir des définitions plus ou moins aigües, du simple déplacement d'un point A au point B, à un déplacement correspondant à certains paramètres temporels, modaux..

La définition de la migration peut se faire a priori ou bien a posteriori. C'est à dire que l'on peut décider d'analyser une migration, on décide donc avant l'étude de ce qu'est une migration ; ou alors analyser des mouvements et, en conclusion seulement, décider de s'ils sont ou non des migrations.

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