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Les Portraits équestres

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Par   •  15 Juin 2015  •  2 826 Mots (12 Pages)  •  512 Vues

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Les portraits équestres

Réapparu dans la péninsule italienne au début du xiiie siècle, le portrait équestre s’y développe jusqu’à l’aube du xvie siècle avant de conquérir le reste de l’Europe. Il prolifère notamment sur les revers des premières médailles artistiques, mises au point dans les années 1430 et produites en nombre dans la seconde moitié du Quattrocento. Quantitativement, elles constituent le deuxième type d’objets d’art, figurant des portraits équestres de princes-condottières produits en Italie, après les monuments funéraires, attestés dès la seconde moitié du xive siècle1.

2 . Il s’agit d’abord de Ferry II de Lorraine-Vaudémont (ca 1428-1470), représenté successivement sur (...)

2À notre connaissance, dix-neuf revers de médailles portent des portraits équestres, dont quatorze, réalisés entre ca 1445 et ca 1498, sont à l’effigie de onze princes-condottieres italiens. Les cinq autres figurent des cavaliers étrangers, trois aristocrates français et un sultan turc2. Quelques éléments relatifs à la notion de « prince-condottiere » et aux spécificités de la médaille artistique, introduiront utilement notre description et notre analyse des portraits équestres apposés sur ces quatorze revers de médailles.

3 . Études génériques les plus récentes et les plus complètes : Michael E. Mallett, « Le condottière(...)

4 . Voir notamment Franco Cardini, « La guerra nella Toscana bassomedievale. Aspetti e dimensioni di (...)

5 . Michael E. Mallett,Mercenaries and their Masters. Warefare in Renaissance Italy, Londres, Bodley (...)

6 . Les unités de cavalerie rassemblent ceux qui ont les moyens d’entretenir un cheval en état de ser (...)

3Figure emblématique de l’histoire de la Péninsule bien connue des historiens qui lui ont consacré de nombreuses études3, le condottiere est un chef militaire mercenaire lié à un employeur par un contrat (condotta ou ferma) lui permettant de lever et de commander des troupes. Si dans la Péninsule, le recours au mercenariat remonte à la fin du xiie siècle, il ne s’impose vraiment que dans les dernières années du xive siècle4. Entre le xive et le xvie siècle, la guerre européenne se trouve en effet dans une période intermédiaire entre l’host médiéval et les armées professionnelles, permanentes, des temps modernes5. Au départ, les communes italiennes fonctionnent avec leur propre armée de citoyens (exercitus), composée de tous les hommes en âge de porter les armes, répartis en unités d’infanterie et de cavalerie6. Néanmoins, dès la fin du xiiie siècle, l’art de la guerre se professionnalise en même temps que les communes évoluent.

7 . Maria Nadia Covini, « Liens politiques et militaires dans les systèmes des États italiens », dan (...)

4Entre 1320 et 1340, les petits groupes de mercenaires sont progressivement remplacés par des compagnies d’aventure (compagnie di ventura) qui prolifèrent dans les années 1360, jouant de l’affaiblissement des liens entre les pouvoirs et l’organisation militaire pour prolonger l’état de guerre7. Durant cette période d’affermissement du pouvoir seigneurial, bien que les citoyens soient toujours légalement passibles de conscription, la défense de l’État est de plus en plus systématiquement déléguée à des soldats professionnels, sélectionnés par des recruteurs sous contrat. Les avantages de la professionnalisation des armées tiennent non seulement à la non-mobilisation des citoyens, mais également au gain d’efficacité dû à l’utilisation de soldats plus performants ainsi qu’à leur plus grande impartialité dans les luttes d’influences locales. Mais, ce système a en revanche pour inconvénient majeur, le besoin constant de liquidités nécessaires à la rétribution régulière des troupes.

8 . Ces appellations varient néanmoins selon les États et selon les époques. Ainsi, la république de (...)

9 . Voir Wendy J. Wegener, Mortuary chapels of Renaissance condottieri, Princeton, Princeton Universi (...)

10 . Voir Armelle Fémelat, Le portrait équestre italien…, op. cit., p. 552-557.

5La spécialisation progressive du métier des armes se traduit par une multiplication des charges militaires ainsi que par l’émergence d’une terminologie spécifique. Toute une gamme de termes permet en effet de différencier les grades de la hiérarchie militaire8, dont le plus élevé est celui de capitaine général (capitano generale)9. Quelle que soit son appellation, le détenteur du commandement exerce l’imperium sur l’ensemble de troupes, symbolisé par le bâton de commandement qui lui a été remis lors d’une cérémonie d’investiture10.

11 . Au xve siècle, plus de soixante pour cent des cent soixante dix principaux capitaines mercenaires (...)

6Dans leur immense majorité, les capitaines généraux sont issus de familles nobles. D’importance variable, certaines de ces familles se sont « spécialisées » dans le métier des armes, à l’instar des prestigieuses maisons d’Este, Gonzaga, Malatesta, Montefeltro ou Bentivoglio, qui s’inscrivent dans une tradition militaire ancestrale, préexistante au système des seigneuries du xive siècle11. De même, à cette époque, les Orsini, Ordelaffi, Malaspina et Rossi font déjà partie de l’élite dirigeante, ils sont vicaires ou signori. Au xve siècle, leurs descendants sont des « princes-condottieres ». Les plus riches d’entre eux entretiennent de petites armées quand les plus modestes recrutent leurs soldats sur les terres qu’ils contrôlent. Dans l’Italie du Quattrocento, les compétences, le rang et les capacités financières indispensables pour lever et commander des troupes impliquent donc une certaine prédétermination sociopolitique.

12 . Michael E. Mallett, « Le condottière », art. cit., p. 51, 56.

7La réussite d’un prince-condottiere tient alors plus à sa naissance, à son appartenance à un clan et aux fluctuations de l’économie qu’à ses qualités personnelles et à ses compétences militaires. Son sort et sa carrière dépendent autant des capacités, des besoins, des objectifs et des ressources de son employeur que de ceux de sa propre seigneurie12. Il peut changer de camp en fonction des opportunités financières et territoriales ainsi que des pressions diplomatiques et de l’évolution

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