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Plaidoirie en faveur de l'euthanasie

Discours : Plaidoirie en faveur de l'euthanasie. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  13 Mai 2023  •  Discours  •  1 676 Mots (7 Pages)  •  225 Vues

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Prix de la meilleure plaidoirie Salomé RIEUF

MORT VIVANT PLUTOT MOURIR

« Mes intestins se vident dans une poche. Ma vessie se vide dans une poche. Je ne peux pas m’alimenter alors je suis gavé comme une oie, avec un tuyau dans l’estomac. Je n’ai plus de vie digne », Alain Cocq, 57 ans, en phase terminale depuis 34 ans.

Euthanasie, un mot beaucoup trop difficile à prononcer. Il est plus facile d’effacer, d’oublier, de taire, de négliger, d’ignorer cette réalité, plus facile de s’intéresser aux grands problèmes du monde contemporain plutôt que de prendre conscience de la dure réalité de notre société : certains sont en train de se cacher pour mourir.

Mesdames, messieurs,

Les questions de vie et de mort figurent incontestablement parmi les plus sensibles que le droit a pour objet de réglementer. Le sujet que je voudrais donc aborder aujourd’hui, essentiellement sous l’angle du droit, se rapporte pour sa part non pas au début mais à la fin de vie. Il s’agit de la reconnaissance encore imparfaite par notre législation du droit de mourir dans la dignité. On en fait tant pour notre arrivée sur terre et si peu pour notre sortie. La société, l’individu éprouvent d’immenses difficultés à vivre avec la mort, bien que notre disparition soit une étape faisant partie intégrante de la vie.

Alain Cocq souffre depuis de très nombreuses années d’une maladie génétique, rare, très douloureuse et incurable. Imaginez-vous cloué au lit et privé de toute qualité de vie ! Si la loi française actuelle reconnait un droit à la sédation profonde pour les malades dont le pronostic vital est engagé à court terme tel n’est pas le cas d’Alain Cocq puisque la médecine se refuse à le reconnaître en fin de vie. N’y a-t-il pas la une aberration et un scandale humanitaire ? Est-ce vivre que de souffrir ainsi ? Je considère que ce n’est pas une vie de se battre indéfiniment contre une maladie incurable. Je considère, qu’il en va de la liberté et de la dignité de l’être humain de pouvoir choisir d’en finir, et si nécessaire d’y être aidé lorsque la vie ne mérite plus d’être vécue.

Mesdames, messieurs, ne faudrait-il pas, en effet, envisager la reconnaissance juridique d’un droit au suicide assisté dans de telles situations insupportables ?

Le droit au suicide assisté constitue aujourd’hui une revendication croissante. Certes nous vivons de plus en plus longtemps grâce aux progrès de la médecine mais vous ne pouvez pas nier que l’espérance de vie en bonne santé reste elle plus limitée. Vous ne pouvez pas nier que nous mourrons plus souvent malades à l’hôpital que dans notre milieu familial. Vivre c’est être en capacité de profiter de la vie ce n’est pas seulement être biologiquement vivant. Et oui, 70% des Français meurent à l’hôpital, souvent dans la solitude, l’abandon, se voyant imposer une survie à l’aide de techniques dans des conditions déshumanisées, alors que le pronostic les concernant est fatal. C’est pourquoi beaucoup redoutent d’achever leur vie dans la déchéance physique ou intellectuelle, la sénilité, la dépendance. Est-ce digne de l’homme de survivre des jours, des semaines, des mois dans l’inconscience, entretenu par des machines. N’y a-t-il pas alors atteinte à la dignité ?

Ainsi, pouvoir choisir d’abréger une vie devenue invivable devrait être une éventualité, une possibilité, une alternative, un choix. Le droit de faire appel à l’euthanasie c’est-à-dire l’acte médical consistant à provoquer la mort d’un malade à sa demande afin de soulager ses souffrances considérées comme insupportables représente l’ultime liberté individuelle à disposer de notre corps et de notre dignité et pourtant rien ne se passe en matière de droit au suicide assisté, rien.

Ma mort m’appartient à moi et à moi seule alors permettez-moi de militer pour avoir la liberté du choix, le choix d’en choisir les conditions lorsque ma vie ne vaudra plus la peine d’être vécue, laissez- moi militer pour avoir le choix. Savez-vous que 90% de la population est favorable à la légalisation de l’euthanasie et ou du suicide assisté. Alors mesdames et messieurs je vous le demande pourquoi certains restent encore aveugles, sourds, muets face à cette cause qui nous concerne tous. Je ne pense pas vous apprendre quelque chose en vous disant qu’on va tous mourir un jour. N’y voyait pas là du sarcasme mais bien une réalité. Je ne vous parle pas de respect de la vie mais bien de respect de la mort puisque la vie n’est plus rien sans la mort. Choisir sa mort c’est, en effet, le droit de vivre sa vie jusqu’au bout. Supporteriez-vous de vivre en dépendant constamment des autres ? Supporteriez d’être diminué ? Je vous laisse y réfléchir mais moi ma réponse est déjà faite, je souhaite avoir la liberté du choix.

Et si c’était votre mère, votre père, votre grand père ne voudriez-vous pas qu’ils aient la possibilité d’abréger leur douleur ou plutôt d’y être aidés ? Cet état d’impuissance vous conviendrait-il ? Parce que oui, on oublie trop souvent, on oublie que d’accepter de perdre un proche c’est déjà un effort surhumain mais ne pensez-vous pas que ce processus psychologique est d’autant plus lourd pour l’entourage lorsque les personnes qui font le choix de mourir doivent se rendre en Belgique là ou l’euthanasie est légale mais là où le cadre familial ne peut pas toujours suivre. Lorsque le seul souhait d’une personne c’est de partir le plus vite possible et que ce souhait ne peut être réalisé dans son pays, là est la limite de notre législation.

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