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Les classes permettent-elles de rendre compte de la structure sociale actuelle en France ?

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Par   •  25 Mai 2023  •  Dissertation  •  2 948 Mots (12 Pages)  •  193 Vues

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Références du devoir

Matière : Sciences économiques et sociales

Code de la matière : 07SE06

N° du devoir : 3
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Dissertation : Les classes permettent-elles de rendre compte de la structure sociale actuelle en France ?

Durant le mouvement des Gilets Jaunes, le Président de la République appelait à « apporter une réponse économique, sociale mais aussi culturelle et de sens » à « nos classes moyennes et laborieuses ». L’emploi de cette expression semble être révélateur d’un certain regain accordé au concept de classe sociale aujourd’hui.

La question est de savoir si les classes sociales, qui désignent un groupe social composé d’individus partageant une même position économique, un statut social et des intérêts proches, permettent de rendre compte de la structure sociale actuelle en France. C’est à dire, si elles définissent la façon dont s’articulent les groupes sociaux inégalitaires et hiérarchisés d’une société donnée.

Ce concept de classification hiérarchisé de notre société ne date pas d’hier (dans le monde européen, la société d'ordres s'est mise en place dans les périodes qui ont suivi l'antiquité. Dans d'autres continents, ce fut souvent une société de castes.).

Pour Marx et Engels « l’histoire de toute société est l’histoire de la lutte des classes » pourtant d’autres sociologues tel que Max Weber, Henri Mendras ou encore Pierre Bourdieu ont des analyses bien divergentes sur la question...

La grille d'analyse en termes de classes sociales est-elle encore pertinente pour rendre compte de la structure sociale aujourd’hui ? Nous examinerons d’abord certaines caractéristiques de la société actuelle qui tendent à rendre l’analyse en termes de classes sociale moins pertinentes (I). Pour ensuite montrer que celles-ci restent un outil important pour rendre compte de la structure sociale contemporaine (II).

             Suite à la période des « Trente Glorieuses » (1945-1973), où la France a connu une économie prospère, les inégalités visent à s’effacer rendant inopérant l’étude des classes sociales.

La représentation marxiste d’une société bipolarisée est remise en question en raison de plusieurs facteurs : réduction des inégalités socio-économiques (revenu, accès à la culture, massification scolaire), homogénéisation des pratiques de consommation (développement d’une consommation de masse à travers la diffusion de la voiture, de la télévision, du matériel électroménager, etc.) et tertiarisation de la société (de 1975 à 2009, presque 9 millions d’emplois ont été créés dans le tertiaire soit une de plus de 80%).

Ainsi, Henri MENDRAS (inventeur de la sociologie française d’après-guerre et pionnier de la sociologie de terrain) a théorisé un phénomène moyennisation économique, sociale et voire même culturelle de la société (qu’il illustre par la généralisation du jean et du barbecue). Selon lui, les classes sociales au sens marxiste du terme n’existent plus (il n’y a plus de conflits entre elles), il met en évidence des groupes sociaux fluctuants, qu’il appelle « constellations ». Son hypothèse repose sur la création d’une vaste classe moyenne, prenant la forme d’une toupie. La majorité de la population se situe soit dans « la constellation populaire », soit dans la « constellation centrale » qui a un niveau de vie moyen.  Les inégalités entre les classes se réduisent (réduction des distances inter-classes) parallèlement à une croissance de la part des catégories sociales intermédiaires (CPIS, professions, intermédiaires, ouvriers et employés qualifiés). Ce phénomène est largement illustré dans le document 2, en effet, selon le tableau du livre scolaire Magnard, en France la proportion de l’ensemble des ménages possédant un téléphone est passé de 16,2% en 1997 à 93,6% en 2016, soit une hausse de 77,4 points de pourcentage. Ce mouvement de réduction des inégalités contribue ainsi à réduire les frontières de classes.

De plus, avec une multiplication des facteurs d’individualisation (notamment au travail), on assiste à un déclin du sentiment d’appartenance à la classe ouvrière et une forte augmentation du sentiment d’appartenance à la classe moyenne, tendant à réduire la pertinence de l’analyse en termes de classe sociale. Une partie des ouvriers s’intègrent dès les années 1960 aux classes moyennes en s’embourgeoisant. Toujours, grâce au tableau du document 2, on constate que le taux l’équipement des ouvriers possédant un micro-ordinateur a été multiplié par 8 entre 1997 et 2016. S’il s’élevait seulement à 11,8% en 1997, 87,1% des ouvriers possédaient au moins un micro-ordinateur en 2016. Dans la frange des employés on constate une hausse de 84,6 points de pourcentage des ménages possédant au moins un téléphone (toujours durant cette même période).

On apercoie donc à un rapprochement des modes de vie : la forte hausse des revenus a permis la déprolétarisation des ouvriers et des employés, grâce à l’accès à la consommation de masse et à l’amélioration des conditions vie (recul de précarité, logements plus grands, avec eau courante, toilettes…). La consommation de biens de grandes séries (télévisions, voitures, électroménagers…) va de pair avec l’avènement d’une culture standard, c’est-à-dire avec des pratiques de consommations semblables pour la majorité des individus qui composent la société.

Ce déclin de la « classe pour soi » chez les ouvriers s’expliquer aussi par le recul des instances de représentation politiques traditionnelles (Parti communiste français et syndicalisme). Selon Alternative Economique, le taux de syndicalisation est passé de plus de 30% dans les années 70 à environ 8% actuellement.

Les mutations économiques (tertiarisation, désindustrialisation, délocalisations) engendrent également la déstructuration du monde ouvrier. L’enquête de terrain menée sur les usines Peugeot de Sochaux-Montbéliard par S. BEAUD et M. PIALOUX a montré que « la classe ouvrière » s’est progressivement « déconstruite » dans les esprits ainsi que la transmission de la culture ouvrière entre la génération. Les cultures de classes sont ainsi moins tranchées car les frontières culturelles se sont atténuées. De plus, la disparition des grands bastions industriels (nord et est de la France) où le syndicalisme ouvrier et la conflictualité sociale étaient particulièrement implantés a également affecté cette « conscience commune ».

Enfin, un nouveau mode d’organisation du travail développe l’individualisation et fait obstacle aux solidarités ouvrières. La précarisation du travail, dans un contexte de chômage de masse et de développement des emplois atypiques, place les ouvriers en concurrence, et l’individualisation des carrières déstructure les collectifs de travail. Dans le graphique réalisé par Observation société du document 1, on constate que le taux de chômages chez les ouvriers non qualifiés a presque doublé entre 1982 et 2017 passant d’environ 9% à environ 18%. Même si l’augmentation est moindre, le chômage s’est également accru d’environ 4 points de pourcentage dans la catégorie « ouvriers qualifiés ».

De nouvelles catégorisations du monde apparaissent : la question sociale de l’opposition prolétaires / bourgeois est au fur et à mesure éclipsée par l’opposition entre « inclus » (ceux qui ont un emploi, dont les ouvriers) et « exclus » (ceux qui sont privés d’emploi qualifiés par R. CASTEL de « surnuméraires »).

L’émergence de nouveaux facteurs de différenciation sociale complexifie à son tour l’analyse de la structure sociale. En effet, la force des observations en termes de classes sociales va également être relativisée au regard de la multiplicité des facteurs de hiérarchisation de l’espace social. Les classes sociales ne suffisent pas à analyser la structure sociale. Max Weber l’avait déjà montré en mentionnant l’importance de l’ordre social et de l’ordre politique aux côtés de l’ordre économique, mais de manière plus contemporaine, on peut également mentionner le genre comme principe de hiérarchisation sociale toujours très puissant (les femmes sont dévalorisées socialement, financièrement et professionnellement, avec de nombreuses inégalités de répartition des tâches domestiques, d’accès aux fonctions de représentation politique…). Les hommes gagnent 28,5% de plus que les femmes selon une récente étude de l’INSEE (juin 2020). A poste et compétences égales, l’écart de salaire est de 9%. Les assistantes maternelles, les aides à domicile et les secrétaires demeurent à plus de 95 % des femmes. Ce sont aussi ces secteurs où les emplois sont précaires. 78 % des emplois à temps partiel sont occupés par des femmes. L’âge ou « position dans le cycle de vie » est également un critère pertinent pour décrire les inégalités de patrimoine ou les inégalités politiques d’accès à la représentation. Selon un graphique publié par l’INSEE en 2021, le patrimoine net des ménages dont la personne de référence a moins de 30 ans est d’environ 40 000 euros, contre environ 300 000 euros pour les ménages dont la personne de référence a 70 ans ou plus De même, le lieu de résidence (centre-ville, banlieue, campagne) peut aussi être un élément déterminant dans des inégalités d’accès à la culture, aux soins, ou au logement.

                Cependant, aujourd’hui, les sociologues n’utilisent plus le concept de moyennisation mais reconnaissent plutôt une société de classes avec des distances importantes liées au phénomène de déclassement, à l’évolution des revenus du top 1 % ou encore aux transformations du marché du travail et de l’organisation du travail depuis les années 1980. On assisterait au retour d’une certaine forme de polarisation de la structure sociale.

              En effet, les inégalités sont malgré tout toujours bien présentes aujourd’hui et les classes sociales restent donc un outil indispensable pour en témoigner.

Les inégalités entre groupes sociaux (distances inter-classes) n’ont pas disparu et se sont même parfois renforcées. Les inégalités économiques (de revenu et de patrimoine) ont globalement cessé de se réduire depuis les années 1980 et l’écart entre les plus riches des ménages et le reste de la population s’est même accru. Selon un graphique paru sur l’INSEE en 2021, les 10 % du haut de l’échelle des revenus touchent en moyenne 7 fois ce que touchent les 10 % du bas. Chaque mois, ils gagnent en moyenne 4 400 euros de plus que les 10 % les plus modestes. Les 20 % les plus aisés épargnent en moyenne 30% de leurs revenus contre 3 % pour les 20 % les plus modestes. Enfin, à eux seuls, les 10 % les plus fortunés possèdent presque la moitié de l’ensemble du patrimoine des ménages.

De plus, on retrouve de fortes irrégularités au sein de l’activité professionnelle. Le graphique d’Observation société prouve que les emplois « les moins qualifiées » sont les plus touchés par le chômage, entre 1982 et 2017 le taux de chômage des cadres s’est maintenu aux alentours de 5% tandis que celui des « ouvriers non qualifiés » s’est envolé à plus de 20%, soit une augmentation de près de 10 points de pourcentage.

Les inégalités culturelles ou de réussite scolaire restent également importantes (41% des enfants de CPIS atteignent le niveau Bac+5 contre seulement 4% pour les ouvriers non qualifiés). D’après le tableau du document 3, en France, en 2015, sur 100 personnes faisant partie des 20% les plus pauvres seulement 11 ont visité un site culturel plus de 3 fois par an contre 39 pour les 20% les plus riches. Environ 3 fois plus des 20% les plus riche ont vu un spectacle plus de 3 fois par an par rapport au 20% les plus pauvres.  Et si 17% de la frange des plus pauvres n’a pu se permettre d’aller au cinéma, c’est le cas pour seulement 1% de la catégorie des plus aisés. Il continue d’exister des classes en soi, c’est-à-dire des groupes partageant des conditions concrètes d’existence similaires et inégales par rapport à d’autres groupes dans la société. Le phénomène de moyennisation de la société théorisé par H. MENDRAS est donc à relativiser. Les classes sociales sont bien de retour.

La haute-bourgeoisie apparait finalement comme la dernière classe sociale au sens marxiste du terme. C’est une « classe en soi » et « pour soi ». C’est-à-dire, un groupe social composé d’individus qui partagent des caractéristiques économiques, qui en ont conscience, et qui cherchent à défendre leurs intérêts. La croissance des inégalités de richesses économiques, le maintien des écarts de richesses culturelles malgré la massification scolaire, la culture de l’entre-soi résidentiel dans des espaces proches des centres urbains participent pleinement à distinguer les bourgeois des autres groupes sociaux.

Les sociologues Michel PINÇON et Monique PINÇON-CHARLOT ont montré que la haute bourgeoisie, en plus d’avoir des conditions de vie qui la différencie du reste de la population notamment de par ses revenu et patrimoine (d’après le document 4, leur patrimoine moyen s’élève à 4 millions d’euros) et son « capital social » (classe « en soi »), met en place des stratégies pour conserver son statut de groupe social fermé. « Les grandes familles (noblesse et grande bourgeoisie) s’efforcent de préserver leur « entre-soi » en cultivant leur réseau de relations […] » à travers la fréquentation de certaines écoles (« réunions d’anciens élèves »), ou l’organisation de rallyes influençant les rencontres amicales, amoureuses et professionnels (entre soi spatial et social). Les bourgeois représentent aujourd’hui « une classe pour soi » au sens marxiste du terme : ils partagent des caractéristiques communes (positions économiques très privilégiées), ils en ont conscience et ils sont capables de faire valoir collectivement leurs intérêts.

La place des catégories populaires dans la structure sociale demeure caractéristique et certains groupes restent mobilisés dans la défense de leurs intérêts, nous montrant une fois de plus la persistance de classes sociale dans la société d’aujourd’hui.

De l’autre côté de l’échelle sociale, la classe populaire, où un réel sentiment de paupérisation se diffuse parmi les ouvriers. Sentiment partagé avec les autres membres de la classe populaire (les employés) et une partie des classes moyennes. Leur précarisation croissante résulte de la captation d’une part accrue des richesses par le capital financier : aujourd’hui 5 % des ménages possèdent plus de la moitié du patrimoine. Selon le sociologue français Paul Bouffartigue, le sentiment de pauvreté se développe : trois adultes sur quatre ont la sensation de vivre moins bien qu’au début des années 2000. Une proportion comparable pense qu’ils pourraient même se retrouver sans logis. Les gilets jaunes, bien que regroupant des individus hétérogènes, ont montré qu’il était encore possible de développer un sentiment d’appartenance et de lancer une mobilisation à large échelle pour défendre ses intérêts économiques : « En se retrouvant sur les ronds-points, ils s’aperçoivent qu’à côté de chez eux, il y a des milliers de personnes qui vivent et pensent la même chose » (C. PEUGNY). Si la conscience de classe des catégories populaires a régressé depuis plusieurs décennies, on ne peut donc pas dire qu’elle ait disparu : « Les classes sociales n’ont jamais disparu. Simplement, dans ce conflit, elles deviennent soudainement visibles aux yeux de tous. » (C. PEUGNY).

                 Ainsi, si certaines évolutions depuis les Trente glorieuses (moyennisation, multiplication des critères d’individualisation, nouveaux facteurs de différenciation, affaiblissement de la conscience de classe et des mobilisations) ont pû laisser penser que l’analyse en termes de classes sociales n’était plus pertinente pour étudier la structure sociale, il n’en reste pas moins que la persistance d’inégalités cumulatives ainsi que la reproduction sociale permettent de mettre en évidence l’existence d’une hiérarchie entre groupes sociaux. Par ailleurs, nous avons pu constater avec les membres de la bourgeoisie qui continuent d’avoir une réelle conscience de leurs intérêts communs et savent se mobiliser pour les défendre qu‘il existe donc toujours des critères objectifs permettant de repérer des classes en soi à partir d’une même place dans les rapports de production (Marx), par le fait que leurs membres partagent une situation économique et des chances de vie communes (Weber). Enfin, même s’il est plus difficile de parler d’une réelle „classe pour soi“ pour les catégories populaires qui s’identifient en partie aux classes moyennes et les récents évènements ont montré qu’elles sont tout de même capables de rallier leur cause pour défendre leur propre intérêt.

Cependant, si l’existence d’autres facteurs de hiérarchisation de l’espace social (notamment le genre) ne signifie pas que les analyses en termes de classes soient dépassées. L’enjeu est plutôt de savoir comment articuler ces différents facteurs. Par exemple, les approches en termes de genre sont incomplètes quand elles négligent ou oublient les clivages de classes. La répartition des tâches domestiques dans le couple ne peut être analysée indépendamment du milieu social, car certaines catégories populaires ne pourront pas faire appel à des femmes de ménage, contrairement aux catégories supérieures. Externaliser les tâches ménagères ne réduit pas les inégalités mais les reporte sur une autre femme (S. ROUSSEAU, F-X. DEVETTER, Du balai). Pour rendre compte de la structure sociale, il est donc impératif d’articuler rapports de classe et de genre mais aussi les autres types de rapports sociaux.

 

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