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Par   •  19 Décembre 2012  •  677 Mots (3 Pages)  •  794 Vues

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On entend dire souvent que le discours hégémonique s’est disséminé si largement qu’il n’est plus possible de discerner une grammaire culturelle spécifiquement liée aux intérêts du pouvoir. Des situations sociales qui, hier encore, pouvaient susciter une prise de conscience ou des interprétations déviantes ne seraient désormais perçues que comme un tourbillon d’images zappées sur MTV. La communication-guérilla ne serait par conséquent qu’un petit jeu postmoderne, un assemblage inoffensif de rebuffades périmées, la fin du politique, la dissolution dans le grand simulacre.

Ce phénomène de « fragmentation » ne semble pourtant pas avoir affecté les multinationales, les banques d’affaires et les grosses fortunes. Le discours de la classe dominante se fragmente peut-être, pas son argent. La dissémination de ses « éléments de langage » – puissamment appuyée par les médias et les intellectuels de marché – s’accompagne au contraire d’une concentration toujours plus massive des richesses et des pouvoirs, qu’ils soient économiques ou « démocratiques ». Rien n’a vraiment changé à la propagande des élites, si ce n’est le nombre et la puissance sonore de ses relais locaux. La communication-guérilla la combattra pied à pied là où elle inflige le plus de dégâts, c’est-à-dire aux échelons les plus modestes de la société.

La communication-guérilla ne désigne pas un mouvement, mais un positionnement. Les groupes mentionnés dans ce manuel possèdent chacun une histoire et une pratique singulières, et leurs actions n’ont pas toujours fait un tabac, loin s’en faut. Nous ne les érigeons pas en icônes, pas plus que nous n’appelons à reproduire aveuglément leurs exploits. La question se pose en revanche de savoir pourquoi la quasi-totalité de ces collectifs se sont évanouis dans la nature. Si quelques-uns, à l’instar des Indiani Metropolitani, n’ont pas survécu à la répression, la plupart ont tiré leur révérence en toute discrétion – par lassitude, sans doute, ou par perte d’adhérence à la société. Peut-être est-ce le prix à payer, s’agissant de groupes qui mettent le plaisir au centre de leur lutte : quand le contexte se dégrade et que le cœur n’y est plus, les énergies s’atomisent souvent en détresses individuelles, en séances de psychothérapie ou en achats de couches lavables pour nourrisson. Nombre de mouvements ont connu des querelles internes et des scissions qui – comme souvent à gauche – ont rendu impossible la poursuite de l’aventure. Ce n’est pas forcément une tragédie. Un collectif, surtout lorsqu’il est composé de jeunes, n’a pas vocation à durer mille ans.

Leur expérience a cependant laissé des traces, parfois même créé des mythes. Elle forme un terreau dans lequel les générations suivantes peuvent cultiver leurs propres subversions, leurs propres formes de lutte. Rien ne se perd, rien n’est perdu. À l’heure où paraîtront ces lignes, de nouveaux collectifs apparaîtront qui, faute de disposer d’une base sociale importante, devront compter sur des moyens modiques pour maximiser leur force de frappe. La communication-guérilla ne mobilise pas des régiments, elle n’opère qu’à la faveur de petits groupes joyeux et déterminés, capables de se fondre dans un terrain social instable. Le revers de la médaille, c’est que le renoncement à former un mouvement de masse

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