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L’état, acteur irrationnel des politiques publiques ?

Dissertation : L’état, acteur irrationnel des politiques publiques ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  14 Mars 2021  •  Dissertation  •  1 881 Mots (8 Pages)  •  526 Vues

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Sujet : L’état, acteur irrationnel des politiques publiques ?

En juillet 2020, le gouvernement a présenté le programme « 1jeune1solution » qui permet aux jeunes, aux étudiants de trouver ou retrouver un emploi, un stage ou un apprentissage. La plateforme en ligne, qui se comporte comme un moteur de recherche, regroupe plus de 100 000 offres d’emplois disponibles pour les moins de 26 ans. Ce programme a été présenté comme la réponse du gouvernement face à la détresse des jeunes lors de la crise liée à la Covid-19, et aurait permis à 1,2 million de jeunes d’obtenir un travail.

L’emploi et la formation des jeunes est depuis un certain temps déjà une préoccupation des acteurs publics, qui en ont fait une politique publique. Yves Mény et Jean- Claude Thoeing définissent dans leur ouvrage Les Politiques publiques (1989) qu’une politique publique se présente « sous la forme d’un programme d’action gouvernemental dans un secteur ou un espace géographique ». Ainsi, une politique publique est une intervention d’une autorité investie de puissance publique et de légitimité gouvernementale sur un domaine spécifique de la société ou du territoire, c’est-à-dire un ensemble d’actions coordonnées et réalisées par les acteurs publics dans le but d’obtenir une modification ou une évolution d’une situation jugée inacceptable. La puissance publique et donc l’État est donc l’élément central des politiques publiques : il en est souvent l’initiateur, le concepteur, le financeur ainsi que l’évaluateur de celles-ci. Les politiques publiques sont apparues simultanément avec la construction et l’affirmation de l’État dans les sociétés occidentales au cours du XVIIIe et XIXème siècle. Pour comprendre le processus d’élaboration des politiques publiques, il faut s’intéresser au rôle de l’État. Cependant, l’État est souvent critiqué pour les décisions et les actions qu’il mène avec les politiques publiques, parfois jugées incohérentes, peu efficaces et diffuses, en bref irrationnelles.

Comment l’État, acteur majeur des politiques publiques en France, construit-il des politiques voulues rationnelles, mais dont la rationalité semble limitée ?

L’état est historiquement un acteur rationnel des politiques publiques, mais dont la rationalité convient d’être nuancé au regard de la pratique des politiques publiques.

I. L’état, un acteur historiquement rationnel des politiques publiques A) Les politiques publiques, au cœur de l’action de l’État moderne

C’est à partir du milieu du XIXème siècle que l’on observe la mise en place de politiques publiques dans la forme telle qu’elles existent aujourd’hui. A l’origine, les politiques publiques se développent pour lutter contre les effets de la Révolution industrielle, et la mise en place de l’économie de marché concomitante avec l’industrialisation de l’Europe occidentale. Les politiques publiques ont pour objet de prendre en charge la question sociale, et le développement des formes de solidarité. C’est le début de l’État-providence. Au fur et à

mesure des années, les politiques publiques se spécialisent, chaque politique se constitue comme un secteur d’intervention de l’État dans la société. L’objet principal des politiques publiques est de gérer les déséquilibres provenant de la sectorisation et de la complexification des sociétés modernes avec pour objectif de réduire les inégalités aussi bien salariales, que dans la santé ou dans les équipements ou bien encore dans tout autre domaines de l’action de l’État, comme le renforcement des effectifs de police, ou de son matériel. Les politiques publiques sont donc des outils et des moyens mis en œuvre par les pouvoirs publics pour atteindre des objectifs dans un domaine particulier de la société. Elles recouvrent un vaste champ d’intervention : ce sont par exemple, la politique économique, la politique de la ville, de la jeunesse, de la sécurité... Les changements de paradigme ou de référentiel qui sont susceptibles de se produire expliquant ainsi de nouvelles préoccupations ou justifiant la mise en œuvre de moyens d’actions différents.

B) L’État est traditionnellement perçu comme un acteur rationnel des politiques publiques

En France, le rôle de l’État a longtemps été perçu comme bénéfique. C’est une tradition issue de l’ancien régime, qui provient d’un vieil adage « le Roi ne peut malfaire ». Cette idée s’est transposée dans le rôle de l’État, qui recherche le bien de ses citoyens. Ainsi, l’État est perçu comme un acteur rationnel. Pour comprendre comment sont élaborées les politiques publiques, il faut d’abord appréhender le processus qui pousse les décideurs à faire un choix. C’est la théorie du choix rationnel. Cette approche, qui est issu de la théorique néoclassique libérale, considère que les individus agissent en fonction de leurs intérêts et que leur préférence est déterminée par une logique d’un calcul coût/bénéfices. C’est l’idée qui est également formulée par les penseurs de l’école de Chicago qui étudie l’homoeconomicus, c’est-à-dire que l’homme se comporte dans sa vie comme il se comporte en économie. Mancur Olson dans Logique de l’action collective prolonge cette théorie en expliquant que les individus ne s’engagent que s’ils ont des bénéfices à en retirer. Il en serait de même pour les acteurs publics, ils ne s’engageraient dans une politique publique que s’ils ont des bénéfices à en tirer. Par exemple, dans le cas de la politique de la ville, l’État n’hésite pas à investir des milliards d’euros dans la rénovation des quartiers, dans le but d’en améliorer les conditions de vie et de supprimer les problèmes de délinquance et sociétaux qui y existent. Pour l’école du choix rationnel, développée dans les années 1950-1960 par notamment James Buchanan et Gordon Tullock, la prise de décision est le résultat de plusieurs étapes, facilement traçable. Ainsi un problème est d’abord identifié, des solutions sont élaborées, le choix le plus rationnel est retenu, elle est mise en œuvre, puis évaluer soit en vue de l’arrêté lorsque l’objectif est atteint, soit de la modifier pour la rendre plus efficace. L’idée de rationalité est donc inscrite au cœur même du mode de fonctionnement de l’élaboration des politiques publiques.

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