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Les utopies

Fiche : Les utopies. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  9 Décembre 2017  •  Fiche  •  2 039 Mots (9 Pages)  •  775 Vues

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Introduction

Utopies : phénomènes très mal connus et également très mal reconnus. L’objectif est de comprendre les structures de ces sociétés imaginées/rêvées par une série d’auteurs. Il y a une forte corrélation entre utopie et sociologie.

Les sociologues peuvent être considérés comme des individus asses tristes et déprimants, car très réalistes : il s’agit d’expliquer le social de la façon la plus fidèle qu’il soit. Les sociologues vont disséquer le quotidien, les institutions, tout ce qui compose le réel social : on va très vite s’apercevoir que les motivations des individus ne sont pas toujours nobles et glorieuses, on voit des mobiles intéressés, des gens à la recherche de pouvoir, de domination, des structures aliénantes.

Ici, il ne s’agira pas d’être réaliste mais d’être idéaliste. On étudiera ce à quoi les hommes rêvent quand ils souhaitent une société meilleure, car la réalité sociale qui était la leur à leur époque ne les satisfaisaient pas. Pourtant, nous allons très vite retomber dans le réel, puisque le rêve d’une société meilleure va vite se transformer en cauchemar social : la bouffée d’air se transforme rapidement en une suffocation insupportable. En effet, lorsque les hommes rêvent, imaginent une société meilleure, c’est quasiment toujours d’une société anti-individualiste : l’individu n’existe pas, il n’est pas pris en compte. On s’apercevra très vite que ce dont rêvent les individus, c’est d’une société holiste, dans laquelle la société prime sur l’individu. Grâce à ce thème des utopies, on a une entrée pour esquisser une sociologie de l’ordre social : comment est-il créé, comment le maintient-on, qu’est ce qu’il produit lorsqu’il est totalement déployé ? Nous allons ainsi rapidement voir que dans le phénomène utopique, on trouve les germes du phénomène totalitaire, mais aussi une anticipation de ce que deviennent nos sociétés démocratiques actuelles.

Les trois caractéristiques des utopies que l’on retrouve dans la réalité des sociétés démocratiques :

- l’idéal de surveillance pour créer de l’ordre social (Big Brother is watching you) 

- la standardisation des modes de vie, individus se ressemblent de plus en plus, ne se différencient plus des uns des autres, que l’on retrouve avec la société de consommation

- la réglementation : la Loi est omniprésente, judiciarisation de la société

L’utopie est un objet ancien : nous fêtons les 500 ans de la première utopie, celle de Thomas More en 1516 : acte de naissance officiel du genre utopique. Il faut cependant circonscrire cette notion avec précision. Il est très difficile de chiffrer le nombre d’utopies dans la littérature mondiale : cela signifie que les auteurs n’ont pas la même définition de ce qui est à considérer comme utopie ou non. Il y a des écrits qui ressemblent à des utopies mais qui n’en sont pas (ex : l’âge d’or, le Cocagne, le millénarisme).

On fait remonter plus ou moins loin la naissance du genre utopique. On choisira ici de le faire commencer au XVIème siècle avec Thomas More, au sortir du Moyen-Âge : le genre utopique nait en même temps que la modernité politique. Pourtant, beaucoup d’auteurs font référence à toute une série de penseurs avant Thomas More qu’ils rangeront du côté des utopistes, comme par exemple Platon.

Thomas More joue sur deux sens de l’utopie :

- « utopie » : des sociétés sans lieu, non fixées géographiquement, que l’on découvre par hasard

- « eutopie » : société du bonheur

L’approche sera ici transversale : nous allons balayer les grands secteurs de la société sur lesquels l’utopie opère et travaille.

Thomas More invente une société au sein de laquelle tout le monde travaille, mais dans laquelle le temps de travail serait réduit. Comme personne ne travaille beaucoup, il invente ainsi également la société du loisir. Il abolit également la propriété privée : pourtant, on ne peut pas le considérer comme étant communiste, Marx se distingue de lui en l’associant au socialisme utopique alors qu’il se revendique comme menant le socialisme scientifique. Thomas More invente le lotissement, mais aussi le concept de ville nouvelle – Evry, Saint-Quentin par exemple – ce qui est en totale rupture avec la ville du Moyen-Âge. La question de la religion est également fondamentale en utopie : Thomas More était très chrétien, mais il ne va pas prétendre qu’il existe une seule religion dans sa société utopique mais va défendre la possibilité d’existence de tous les cultes. Il prône également le divorce, une très sérieuse réglementation autour de la sexualité.

Il faut garder à l’esprit que toutes ces mesures sont prises pour des raisons collectives, pour l’ensemble : on verra qu’en passant d’un domaine à un autre, la politique est toujours la catégorie première qui ordonne toutes les autres, qui justifie toutes les mesures qui sont prises dans les différents secteurs. La politique est ainsi le principe premier de l’organisation utopique, la catégorie maîtresse. L’idée est donc de montrer en quoi les utopies sont des œuvres de raison politique, avec un paradoxe important et là aussi très moderne : les utopies décrivent de façon extrêmement détaillée tous les secteurs de la société, mais lorsqu’on s’intéresse à l’organisation politique, il n’y a plus rien. L’utopiste passe très vite sur le fonctionnement des institutions. Le paradoxe réside ainsi dans le fait que la politique est omniprésente, mais est institutionnellement absente.

L’utopie illustre ainsi un changement dans la conception du pouvoir. Michel Foucault explique que la modernité a consisté à abandonner un type de pouvoir localisé, hiérarchisé, royal à un autre type de pouvoir moderne, qui est capillaire : tout le monde va devenir sujet du pouvoir, représentant du pouvoir dans le domaine d’attribution qui est le sien, chacun a son domaine d’autorité et chacun exerce dans son domaine de compétence un pouvoir sur les autres. C’est un pouvoir qui se diffuse, qui se capillarise, qui passe entre les mains des anonymes : c’est ainsi que l’ordre social est maintenu au quotidien, sans qu’il y ait exercice frontal et visible du pouvoir.

Le mot « utopie » va très vite être politisé, à un point inouï au XIXème siècle, période à laquelle il va entrer dans le débat politique de façon très

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