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Société risque

Dissertation : Société risque. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  3 Avril 2021  •  Dissertation  •  6 123 Mots (25 Pages)  •  532 Vues

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Depuis le 11 mars 2020, l'épidémie de Covid-19 est officiellement déclarée pandémie par l’OMS qui demande des mesures de protection pour prévenir la saturation des services de soins intensifs et renforcer l'hygiène préventive. Cela s’est traduit, en France comme dans les autres pays, par la multiplication de recommandations et restrictions, comme la fermeture des frontières, des restaurants et commerces ; l’interdiction d’attroupements et de grandes manifestations ; la mise en place de couvre-feux, etc. ; tout cela pour limiter la transmission du virus, ou du moins le risque de transmission.

Un risque peut se définir en premier lieu comme un danger éventuel plus ou moins prévisible, inhérent à une situation ou à une activité. Contrairement à l’incertitude, le risque est plus ou moins probabilisable statistiquement. Pour Breton Sociologie du risque, 2018, le risque est l’inverse d’une chance, c’est la « conséquence aléatoire d’une situation sous l’angle d’une menace, d’un dommage possible » Ainsi le mot risque désigne à la fois la possibilité d’un danger et en même temps les conséquences potentielles occasionnées par ce danger. Dès lors, un danger ne constitue un risque que s’il est susceptible de porter atteinte à des enjeux humains, environnementaux, économiques, culturels. Un risque naturel par exemple, tel un ouragan, une éruption volcanique risque fortement d’avoir des effets sur l’environnement immédiat, tandis qu’un orage fort mais localisée dans une zone déserte ne présente pas forcément de risque. Il sera « risqué » s’il est qualifié comme tel, ce qui nous amène à définir le risque également comme un « label », une « étiquette ». Le risque n’existe pas en soi indépendamment de celui qui le nomme. Il n’y a, comme le dit F. Ewald (L’état providence, 198§), que des « mises en risques ». Ces mises en risques peuvent porter sur des dangers environnementaux, mais pas seulement, comme le démontre la crise actuelle liée au Covid-19. La gestion de la pandémie visant à limiter le risque de transmission du virus, est de plus en plus critiquée parce qu’elle produirait elle-même de nouveaux dangers perçus comme des risques : économiques (faillites des entreprises), sociaux (perte de sociabilité) et psychologiques (dépressions) notamment.

Dès lors, les risques semblent être partout, omniprésents, voire même constituer un « mode moderne de rapport aux choses et à autrui », dans la mesure où nous serions tous des risques (de transmission par exemple) les uns pour les autres. Il importe alors de se demander si nous ne vivons pas, finalement, dans une « société du risque », autrement dit si notre société moderne et occidentale ne serait pas spécifiquement une société caractérisée par le risque. Cela implique de se poser un certain nombre de questions secondaire : Notre société est-elle, plus que les autres une société du risque ? Quelle sont les spécificités d’une société du risque ? Si nous vivons-nous tous dans une société du risque, vivons-nous (et pratiquons nous) tous le risque de la même manière ?

I-  Le risque n’est pas propre à notre société, nous ne semblons pas vivre plus qu’hier dans une société du risque 

A) Des risques qui font peur en tous lieux et tout temps 

- Delumeau, La peur en Occident 1978  :

Retrace plusieurs siècles = tte les soci tte époqu confrontée à la peur et à la demande de sécurité. Si certaines peurs en fonction des époques et des lieux, d’autres perdurent et semblent ne pas avoir de frontière, ainsi, Delumeau affirme que les « peurs du plus grand nombre » qui caractérisent l’homme médiéval sont d’ailleurs similaires à celles de bien d’autres sociétés, qu’elles soient occidentales ou non.

- La peur des éléments naturels : comme  la mer, considérée comme l’itinéraire privilégié des démons et des monstres, mais aussi des invasions (normandes et sarrasines), des débordements ; la nuit, les ténèbres : la complice des bandits, des envahisseurs ;

- La peur pour la santé :  de la maladie, et de la peste notamment, qui tuera environ un tiers de la population européenne entre le XIV et le XVIIIeme s. ; de la famine qui engendre les révoltes

- Peur aussi de certaines catégories de la populations : des hérétiques et des sorcières, des habitants des villes, des juifs, des masses, des élites.

- - Peur de satan qui devient une obsession au XV et XVI s, alimentée et diffusée par l’invention de l’imprimerie, et qu’on va lier à la peur des femmes qui deviennent des boucs émissaires.

-la peur des conséquences des actions humaines,  XVIII : inquiétudes quant au climat à cause de la déforestation ; liens entre inondations et actions humaines, qui perturbent les équilibres naturels + XIXeme : inquiétudes quant aux effets de l’urbanisation, à l’épuisement des sols et à la pollution urbaine (Marx critique le métabolisme ‘ «insoutenable » du capitalisme, son usage impossible à tenir longtemps de la nature)

- Delumeau montre que la peur est un phénomène prof social qui se créé et s’entretient relatio sociale (bouche à oreille, légendes, socialisation, etc. Le risque apparait ainsi comme l’appréhension d’une société (de certains comportements, activités, situations), porteuse de danger mesurable et surtout potentiellement contrôlable, ce qui nécessite de mettre en place des institutions pour y faire face.

B) Des institutions diverses pour y faire face

- Delumeau, Rassurer et protéger 1989 :  

Le risque peut donc se définir comme une tentative humaine de maitriser le danger, en évaluant sa proba d’occurrence les dégâts qu’il pourrait causer et en cherchant à adopter des pratiques et des règles qui vont encadrer le danger et prendre en charge les dégâts. Historiquement, comme le montre les auteurs de l’article « la société du risque, pas si nouvelle ? » (ouvrage collectif, 2013) :  toutes les sociétés ont mises en place diverses institutions pour faire face aux risques.

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