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Rationalité économique

Rapports de Stage : Rationalité économique. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  24 Mai 2013  •  3 329 Mots (14 Pages)  •  875 Vues

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La place de la rationalité dans les comportements économiques

(Corrigé de dissertation)

Alain Beitone

Introduction

Le recours au thème de la rationalité est constant dans tous les registres de discours économiques.

Dans le registre scientifique, on soulignera que l’attribution du Prix Nobel de Sciences

Économiques à K. Arrow en 1972, à H. Simon en 1978, à Gary Becker en 1992, à R. Lucas en 1995

est révélatrice de l’importance du concept de rationalité. Dans le registre médiatique, on notera les

références fréquentes à l’irrationalité des marchés financiers, la stigmatisation des comportements

de surendettement des ménages, l’indignation provoquée par les placements aventureux de certaines

grandes banques, les commentaires sur les mouvements de grèves de novembre et décembre 1995

considérés par certains comme la manifestation d’un refus irrationnel des contraintes de la

mondialisation.

Mais que faut-il entendre par " rationalité " ? Selon M. Allais, " un homme est réputé rationnel

lorsque a) il poursuit des fins cohérentes avec elles-mêmes; b) il emploie des moyens appropriés

aux fins poursuivies ".

On peut aussi retenir la définition de F. Hahn : " Étant donné un ensemble d’actions possibles,

l’agent choisit rationnellement s’il n’y a pas d’action po ssible pour lui dont il préférerait les

conséquences à celles résultant de son choix. "

Au delà de ces définitions très générales, il importe tout d’abord de souligner une première

divergence sur la signification et le statut de la rationalité.

Certains auteurs considèrent que la rationalité est inhérente à l’action humaine dans la mesure où

toute action est intentionnelle et où chaque individu va rechercher les moyens les plus adaptée

d’atteindre les objectifs qu’il s’est fixé. C’est ce qui conduit L. von Mises à considérer que :

" L’agir humain est nécessairement toujours rationnel ". Dans cette même veine, la définition de la

science économique par Lionel Robbins (" l’économie est la science qui étudie le comportement

humain en tant que relation entre des fins et des moyens rares à usages alternatifs ") identifie la

discipline économique et la rationalité. La rationalité occupe donc de ce point de vue une place

centrale dans les comportements économiques et dans les discours économiques qui visent à rendre

compte de ces comportements.

Pour d’autres auteurs la rationalité n’est qu’une hypothèse :

" La rationalité économique constitue l’hypothèse centrale de la théorie économique "

Le choix de cette hypothèse est lié à l’histoire du discours économique dominant (classique puis

néo-classique) et à la fécondité de la construction axiomatique qui repose sur elle (cette hypothèse

se prête bien à la formalisation). Cependant les auteurs qui adoptent ce point de vue relativisent la

portée de leur choix :

" ...rares sont les économistes qui seraient prêts à défendre l’idée que l’hypothèse de rationalité est

très réaliste. Tout le monde n’est pas rationnel et il est probable que personne n’est rationnel en

toute circonstance et en permanence. "

Mais en dépit de ces précautions oratoires, l’hypothèse de rationalité joue bien un rôle essentiel.

Si le débat sur ce sujet (au premier abord assez abstrait) est aussi vif et aussi durable, c’est qu’il a

des enjeux normatifs importants. S’il est inhérent à l’homme d’être rationnel et si cette rationalité

conduit à un optimum social dans une économie de marché et de propriété privée, alors on dispose

d’un critère permettant d’affirmer la supériorité de ce type d’économie.

Si, au contraire, on considère que les individus ne sont pas nécessairement en mesure de faire des

choix rationnels et que, de plus, la combinaison des décisions individuelles ne conduit pas

nécessairement à l’intérêt général, on sera conduit à remettre en cause les mécanismes de marchés

et à préconiser des formes diverses d’intervention de l’État.

Nous montrerons dans une première partie que ce rôle de l’hypothèse de rationalité a permis de

construire un édifice théorique qui se caractérise par sa cohérence interne et son élégance (modèle

Arrow-Debreu) mais que, cependant, la portée heuristique de ce modèle est remise en cause. Nous

montrerons ensuite que si des tentatives ont été opérées (notamment par H. Simon) pour enrichir le

concept de rationalité et le rendre plus " réaliste ", des critiques plus radicales sont formulées qui

conduisent à une remise en cause de l’hypothèse de rationalité.

I. La rationalité : une place centrale et contestée

A. La rationalité au cœur des modèles économiques dominants

La référence au principe de rationalité

...

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