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Radicalisation de la ghettoïsation de ZUS

Analyse sectorielle : Radicalisation de la ghettoïsation de ZUS. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  3 Décembre 2014  •  Analyse sectorielle  •  1 715 Mots (7 Pages)  •  474 Vues

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La radicalisation de la ghettoïsation des ZUS

Au début de la décennie 1990, le rapport de Jean-Marie Delarue (1991) notait déjà une forte tendance à la relégation des quartiers d'habitat social bénéficiant d'une politique de développement social. À ce propos, même si les indicateurs statistiques ne montraient pas de façon précise jusqu'aux années 1990 une bipolarisation de la ville et, par conséquent, ne pointaient pas finement les processus de ghettoïsation qui commençaient à se tramer au sein des grandes agglomérations (Tabart, 1987), il n'en demeure pas moins que l'on dispose aujourd'hui avec l'Observatoire national des zones urbaines sensibles (ONZUS), l'Institut national des statistiques et des études économiques (INSEE) et l'Observatoire des inégalités entre autres, de données chiffrées précises permettant d'avoir une photographie plus nette de cette bipartition croissante de la ville et, plus particulièrement, de la relégation de certains quartiers de logements sociaux.

L'ONZUS souligne par exemple dans ses rapports établis depuis 20051, combien la marginalisation sociale des ZUS s'installe profondément et durablement dans le paysage urbain. L'intérêt de l'analyse proposée par cet Observatoire, bien que faisant de l'égalité entre territoires plutôt que de l'égalité des chances une priorité absolue (Kirszbaum, 2004) et bien que ne prenant pas en compte les mobilités résidentielles des habitants des ZUS (Lelévrier, 2004), est de s'appuyer non seulement sur les aspects liés au travail et à la structure des emplois, mais aussi sur d'autres facteurs tels que la santé, la scolarité ou encore la qualité de vie.

Avant la présentation raisonnée de quelques données statistiques, une précision s'impose. En effet, il est nécessaire, 1/ de ne pas assimiler les quartiers urbains pauvres aux ZUS, dans la mesure où ces dernières ne sont pas toutes pauvres et où tous les quartiers pauvres ne sont pas des ZUS, 2/ de ne pas opposer hâtivement les ZUS au reste de la ville sous peine de produire un effet de dualisation qui résulterait principalement d'un écart croissant avec les quartiers aisés, 3/ de prendre conscience que les données relatives aux ZUS prennent sens, pas seulement en les comparant aux quartiers les plus aisés, mais en les replaçant dans un contexte plus global, 4/ de ne pas oublier que les habitants des ZUS sont eux aussi mobiles et qu'ils sont susceptibles, pour quelques-uns d'entre eux, de quitter leur territoire, et 5/ d'être attentif au fait qu'une opposition entre territoires masque quelque peu la singularité des parcours individuels.

En 2009, selon l'ONZUS, la population habitant dans les ZUS reste fortement touchée par le chômage : près de 18,6 % des « actifs » âgés de 15 à 59 ans sont au chômage contre 9,2 % au niveau national, et 40 % des jeunes « actifs » âgés de 15 à 24 ans sont à la recherche d'un emploi, soit 15 points de plus qu'au niveau national2.

D'une façon générale, on constate une précarisation croissante de l'emploi des habitants des ZUS même si les situations sont différentes d'une ZUS à l'autre.

Entre 2004 et 2007, la part des emplois salariés dans le secteur public et particulièrement les emplois les plus stables (ceux en contrat à durée indéterminée - CDI - ou les postes de titulaire des fonctions publiques) se réduit pour les habitants des ZUS (de 19,3 % à 17,6 %) au profit des emplois du secteur privé, qu'il s'agisse d'emplois en contrat à durée déterminée, en CDI ou de stages et contrats aidés. Au total, les différentes formes d'emplois précaires (intérim, CDD, stages), qu'ils soient proposés par les secteurs marchands ou par les administrations, occupent des places plus importantes en 2007 qu'en 2004 dans l'emploi des habitants des ZUS.

Les observations et les enquêtes nationales réalisées au cours de la seconde partie de la décennie 2000 montrent par ailleurs que les jeunes des ZUS sont plus souvent dépendants de leur famille et des transports en commun. Seuls 23 % d'entre eux possèdent le permis de conduire contre 36 % pour la totalité des jeunes. De même, moins de 17 % des jeunes vivant en ZUS possèdent un logement autonome contre 23 % pour la totalité des jeunes. Corrélativement, ils sont 73 % à habiter chez leurs parents ou chez un autre membre de la famille, contre 66 % pour ceux résidant ailleurs que dans une ZUS. En outre, comme le note l'Observatoire des inégalités, quand on sait qu'entre avril 2008 et février 2009, le nombre de chômeurs a progressé de 18 % en moyenne, soit 373 000 chômeurs de plus selon les nouveaux regroupements statistiques, et que la hausse est de 41 % pour les jeunes hommes, victimes notamment de l'interruption de nombreux contrats d'intérim, on peut légitimement s'inquiéter de la situation des jeunes au sein des ZUS qui sont tout particulièrement concernés par le travail intérimaire.

D'après l'ONZUS, en 2009, la Couverture maladie universelle (CMU) complémentaire est attribuée à un peu plus d'un assuré ou ayant droit sur cinq, soit une couverture 3 fois plus élevée que dans l'ensemble de la France. Les Zones urbaines sensibles se caractérisent également par une surreprésentation des allocataires des Caisses d'allocations familiales (CAF) percevant les minima

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