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Les récentes politiques d’austérité ont-elles été un succès

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Par   •  11 Février 2015  •  Analyse sectorielle  •  4 669 Mots (19 Pages)  •  719 Vues

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Les récentes politiques d’austérité ont-elles été un succès ?

Pour comprendre l’austérité qui prévaut actuellement dans la zone euro, il est nécessaire d’effectuer un retour en arrière. Lors de sa création en 1992, l’UEM ne s’est pas dotée d’une autorité budgétaire et fiscale. Toutefois, elle se prononce dès le début en faveur d’une politique budgétaire relativement restrictive, illustrée par les célèbres critères de Maastricht. Très vite pourtant, il devient évident que les sanctions prévues en cas de non-respect de ces critères ne seront jamais mises en œuvre, et ce pour deux raisons essentielles. Tout d’abord, la logique punitive de ces sanctions est absurde : quel est l’intérêt de faire payer une amende à un Etat se trouvant déjà dans une situation budgétaire délicate ? D’autre part, les deux premiers Etats à enfreindre la fameuse règle du 3% furent les deux «Grands» de l’UEM, à savoir la France et l’Allemagne, créant ainsi un précédant non contesté.

La crise de la zone euro vient modifier ce schéma de rigueur relative. Pour faire face au ralentissement de l’activité et à la montée du chômage, la plupart des Etats européens mènent des politiques budgétaires expansionnistes en 2008-2009. Dès 2010 toutefois, on assiste à un changement radical de cap : inquiétés par l’explosion des déficits publics et par le déclenchement de la crise grecque, la plupart des pays de la zone euro engagent alors des politiques d’austérité drastiques visant à réduire les déficits qui se sont creusés en 2008-2009. Ces plans d’austérité répondent à la pression des marchés financiers, car l’on craint que la crise du refinancement, débutée en Grèce, heurte progressivement les autres pays de la zone euro, ce qui sera d’ailleurs confirmée par l’explosion des taux d’intérêts sur les dettes espagnole, italienne, portugaise. Mais l’austérité est également imposée par la Troika ( FMI, BCE, Commission), qui conditionne toute aide aux pays en difficulté à la mise en place de plans d’austérité très lourds afin d’éviter l’aléa moral. Par ailleurs, entre 2010 et 2013, l’UE consolide nettement son volet budgétaire en mettant en place une série de mesures visant à institutionnaliser l’austérité : le two packs, le six packs, le TSCG et le semestre européen, qui instituent un contrôle ex ante sur le budget voté par les Etats membres.

Les plans d’austérité des différents pays comprennent des mesures similaires, mais celles-ci varient en intensité : on retrouve en effet partout une hausse des impôts, notamment de la TVA, des privatisations massives, un allongement de la durée du travail, le gel, voir la réduction, des salaires des fonctionnaires et des retraites, parfois une réduction du salaire minimum ( Grèce, Espagne) , des suppressions de postes dans la fonction publique, une diminution des dépenses publiques pour la santé, l’éducation, et la recherche...

L’objectif annoncé de ces plans est la réduction des déficits publics. Ainsi, en 2010, on attend de la Grèce qu’elle ramène son déficit de 12,7% à 3% en 3 ans, objectif qui ne sera pas atteint : en 2013, le déficit public grec est toujours supérieur à 4%. Par ailleurs, les ratios dette/PIB des pays du sud de l'Europe ne cessent d’augmenter : la dette portugaise est passée de 84% du PIB en 2009 à 120% en 2013, la dette espagnole de 50% à 100%, la dette grecque de 120% à presque 200%...Cette volonté d’assainissement budgétaire s’avère donc contreproductive, voire réellement catastrophique dans certains pays (Grèce, Espagne).

Après une légère reprise amorcée en 2010, l’économie européenne entre à nouveau en récession à la mi-2011. On passe donc, du fait de l’austérité, d’un scénario de croissance en U à un scénario en W pour les PIGS. Cet échec des politiques d’austérité n’est pas surprenant dans la mesure où elles ne visent qu’à la réduction de la dette et du déficit, laissant ainsi de coté les déterminants de la croissance que sont la consommation, l’investissement, la recherche et le développement. Il convient donc de se demander si l’austérité est une réponse adaptée aux difficultés que traverse la zone Euro, ou si l’on doit envisager des solutions alternatives à l’austérité.

I- Le retour de la confiance, l’objectif manqué de l’austérité

Le choix de l’austérité a été imposé afin de rétablir la confiance des agents de marché dans la soutenabilité des finances publiques dans les pays du Sud, mais loin de cet objectif initial, il semble aujourd’hui que les plans d’austérité n’aient pas contribué au timide retour de la confiance observé actuellement.

A) L’austérité théorisée comme remède miracle pour répondre aux déséquilibres des balances courantes et des comptes publics

L’argument principal en faveur d’une réduction rapide et drastique des déficits budgétaires reposait sur l’idée qu’un retour de la croissance dans la zone euro ne pouvait se produire que par le rétablissement de la confiance des agents de marché. Le retour de la confiance permet en effet une baisse des taux d’intérêts, et in fine une reprise de l’activité. Dans cette logique de marché, il apparaît primordial que les Etats souffrant d’une faible crédibilité, notamment ceux du Sud de l’Europe, démontrent aux marché leur volonté de réduire les déficits budgétaires.

La confiance des agents de marché est double. A court terme, elle repose sur la soutenabilité des finances publiques, et donc sur la capacité de financement des Etats. L’assurance de réduire les déficits devait alors toujours dans cette logique faire diminuer les primes de risque sur la dette. A long terme, restaurer la confiance consiste à renforcer les fondamentaux de l’économie, par une amélioration de la compétitivité des économies du Sud, en faisant le choix de la dévaluation interne : les programmes d’austérité visaient à faire diminuer les prix pour regagner en compétitivité coût et ainsi faire repartir le moteur de la croissance sur la base des exportations.

Ces programmes se fondent sur l’idée que la crise que connaît l’Europe est une crise des balances courantes, et que dans une zone monétaire où l’ajustement aux chocs ne peut se faire par la solidarité fiscale ou la mobilité des travailleurs, il doit être réalisé par une contraction de la demande par une baisse des salaires réels et une politique budgétaire restrictive.

L’exemple grec démontre bien l’effet de ces programmes sur

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