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Le rôle De L'économie Dans La Transformation Sociale

Analyse sectorielle : Le rôle De L'économie Dans La Transformation Sociale. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  30 Mars 2015  •  Analyse sectorielle  •  3 731 Mots (15 Pages)  •  625 Vues

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L’accélération du processus de mondialisation et de globalisation de l’économie entraîne, entre autres facteurs, des changements dans les sociétés et les institutions qui fragilisent plusieurs individus et groupes sociaux, au Sud particulièrement mais également au Nord. On voit apparaître de nouvelles formes de pauvreté, de nouvelles figures d’errance, des tendances au repli et à l’isolement qui conduisent jusqu’à la désinsertion ou la désaffiliation sociale dans certains cas. Des catégories de personnes semblent ne pas pouvoir sortir d’une certaine exclusion du travail et de la production, d’un mode de vie à la marge en quelque sorte. En même temps, comme si la nécessité forçait l’invention, de nouvelles formes de soutien aux personnes, de solidarité entre groupes sociaux et de modes de gouvernance dans les services se mettent en place, mieux ancrées dans la société civile et les communautés locales, plus participatives.

1 À ce sujet, voir l’ensemble du dossier de la parution de Économie et Solidarités, vol. 33, no 2 su (...)

2Des efforts d’innovation sur le plan de l’intervention auprès des personnes fragilisées et en voie de rupture de lien social sont à noter entre autres dans le secteur du logement depuis plus d’une décennie. Nous retrouvons de ces expérimentations dans l’Outaouais, mais ailleurs aussi au Québec. C’est sans doute les acteurs de l’économie sociale qui ont été les plus inventifs de ce côté comme dans d’autres secteurs, alors que le dynamisme du secteur public semble s’être essoufflé. De nouvelles réponses à des besoins de plus en plus complexes sont inventées par ces nouveaux acteurs, des entreprises associatives ou coopératives mais aussi des groupes de défense de droits qui renouvellent leur stratégie d’action, toutes des organisations qui sont étroitement arrimées aux mouvements sociaux, ce qui assure en quelque sorte l’autonomie et l’orientation alternative des activités de l’économie sociale (Boucher, 2002)1.

3Dans ce texte, nous commençons donc par rendre compte de l’émergence de nouveaux acteurs dans le secteur du logement ou plus généralement de l’habitation. Ensuite, il y est question de la résurgence de la pauvreté qui se présente désormais dans des formes aussi bien sociale et psychosociale qu’économique. Par rapport à ces fragilités, il s’invente de nouveaux modes d’intervention et de nouvelles formes d’habitat qui sont souvent portés par des organisations de l’économie sociale, ce que nous examinerons en troisième lieu, à partir du cas de l’Outaouais notamment. Enfin, nous nous demanderons s’il ne se développe pas au Québec une façon particulière de faire les choses dans ce secteur, entre autres à cause de l’importance qu’y tiennent les mouvements sociaux et l’économie sociale.

Émergence de nouveaux acteurs dans le secteur de l’habitation

4Si nous faisons abstraction des établissements publics d’enfermement qu’ont été les prisons, les asiles, les hôpitaux psychiatriques et, jusqu’à un certain point, les orphelinats, la production des habitats et leur utilisation sont traditionnellement restées sous l’égide de la propriété privée, que l’occupant soit propriétaire ou locataire. Au Québec, la première intervention de type collectif a été initiée au cours de la crise des années 1930, mais s’est véritablement développée pendant l’après-guerre (Fahndrich, 1983). Des coopératives se sont donné comme mission de produire des maisons « unifamiliales » (pavillons) à un coût moindre pour leurs membres de façon à leur donner accès à la propriété d’un logement adéquat pour leur famille. Leurs activités cessaient donc lorsque cet objectif était atteint pour chacun de ses membres. Ce type de coopératives a existé jusqu’à la fin des années 1960.

5Entre-temps, l’État fédéral créait la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) en 1945. De son côté, le gouvernement du Québec adoptait, en 1948, certaines lois sur le logement, mais la Société d’habitation du Québec (SHQ) ne devait être créée qu’en 1967. L’intervention publique visait surtout à faciliter l’accès au crédit hypothécaire afin de créer une plus grande ouverture à la propriété d’usage et de stimuler la construction du logement locatif. C’est à partir des années 1960 surtout que l’État devenait un acteur clé dans le développement et dans la gestion du logement pour les ménages dont les revenus étaient modestes et à plus forte raison pour les prestataires de la sécurité du revenu.

6Ce mode d’intervention s’inscrivait dans le modèle du « fordisme » (Billaudot et Gauron, 1985 ; Aglietta, 1982) et du « providentialisme » (Bélanger et Lévesque, 1990) d’accès au crédit à la consommation et de gestion étatique des services à la population. En effet, au cours de cette période, l’État a mené deux types d’intervention dans le secteur : le financement ou plus précisément l’accès au prêt hypothécaire et le développement du logement social. Dans le premier cas, il cherchait à soutenir les ménages dans l’accès à la propriété de leur logement tout en finançant la construction des habitations à loyer modique (HLM). Mais il a aussi ouvert des programmes de financement à l’intention de coopératives et d’associations propriétaires de logements locatifs. Alors que l’État fédéral intervenait surtout en facilitant l’accès au financement ou au crédit, l’État québécois développait, par sa Société d’habitation du Québec, un réseau de logements sociaux dont il confiait la gestion à des agences publiques locales, les offices municipaux d’habitation. En même temps, il intervenait dans la régulation des rapports entre propriétaires et locataires en créant la Régie du logement en 1980. Ainsi, les États canadien et québécois se sont donné, au cours de cette période qui s’est étendue jusqu’au début des années 1990, une fonction de régulation, mais aussi un rôle de développeur et même d’entrepreneur, bien qu’à un degré moindre que dans plusieurs pays européens. Par ailleurs, l’État québécois n’a pas exercé son intention de développement de façon hégémonique, il s’est plutôt associé à d’autres acteurs, les entreprises de construction domiciliaire particulièrement, mais également aux ménages, ainsi qu’aux entreprises d’économie sociale.

7Deux réactions différentes du mouvement social remirent en cause ce modèle d’intervention étatique à partir du milieu des années 1970. Des locataires aux prises avec des problèmes de loyer ou des propriétaires faisant face à

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