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La main invisible

Dissertation : La main invisible. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  5 Janvier 2016  •  Dissertation  •  3 280 Mots (14 Pages)  •  1 957 Vues

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« Si la main invisible est si peu souvent visible, c’est parce que la plupart du temps, elle n’existe pas vraiment. » (Joseph STIGLITZ Jr.)

Le concept de main invisible est au départ une métaphore apparue pour la première fois dans l’ouvrage d’Adam Smith paru en 1776, intitulé « Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations », l’un des textes fondateurs du libéralisme économique. Adam Smith (1723-1790) est un économiste classique expliquant à travers la métaphore de la main invisible que « l’individu est conduit par une main invisible à remplir une fin qui n’entre nullement dans ses intentions ». Selon l’approche du libéralisme classique, la métaphore de la main invisible signifierait que les marché sont autorégulateurs. L’Etat doit donc limiter ses interventions sur le marché et dans l’économie en général dans une approche libérale.

Joseph Stiglitz, né en 1943, est un économiste keynésien dont l’approche économique est donc bien différente de celle d’Adam Smith. De plus, né au XXème siècle, le Prix Nobel d’économie (2001) a une vision plus large et plus contemporaine de la question du rôle que doit jouer l’Etat dans l’économie. Fort de la connaissance des évolutions économiques de ces deux derniers siècles ainsi que des crises que l’économie libérale a du traverser (notamment en 1929 et en 2008), Joseph Stiglitz propose une relecture de la métaphore de la main invisible notamment à travers ses limites et ses failles.

Ici, il s’agit de développer une question centrale de la pensée libérale : un marché est-il en capacité de s’autoréguler et par quel(s) moyen(s) ? L’équilibre automatique de ce même marché découlerait alors d’une certaine compatibilité entre l’utilité individuelle (instinctivement appelée l’égoïsme) et l’utilité collective (amenant alors l’optimum social).

Ainsi deux paraboles célèbres peuvent être présentées afin d’expliquer la différence entre utilité individuelle et utilité collective. La première, décrite par Adam Smith : celle du boulanger et de la ménagère. L’économiste explique en effet que « ce n'est pas par générosité de coeur que le boulanger vend son pain à la ménagère à un prix que celle-ci peut supporter, mais parce que tel est son intérêt ». A travers cette observation, celui que l’on peut qualifier de « père des sciences économiques moderne » définissait les fondements de l’économie de marché. Cette parabole, simple à comprendre, est illustrée par celle de Bernard Mandeville (1670-1733) présentée dans son poème « La fable des abeilles ». Dans la Société des abeilles, selon Bernard Mandeville, « coexistent les attitudes positives et négatives, moralement condamnables ou louables ; mais la combinaison de ces sentiments blancs et noirs conduit à une ruche qui fonctionne pour le bien commun, selon un principe d'harmonie des intérêts ». Bernard Mandeville pose alors ce qui sera par la suite le capitalisme moderne.

Le paradoxe mis en avant par ces deux paraboles pose plusieurs questions : La main invisible existe-t-elle vraiment sur les marchés ? Si elle existe, l’équilibre est alors présent sur tous les marchés (biens et services, travail, capitaux, actifs), un équilibre aussi complet peut-il alors s’accompagner dans un même temps de l’utilité des agents privés et de l’optimum social ? L’aspect cyclique des crises économiques et leur récurrence, ajouté à l’ampleur du chômage de masse dans de nombreux pays développés et libéraux, c’est à dire à économie de marché, ne montrent-ils pas les limites de l’autorégulation des marchés et les failles d’une main invisible ? Enfin, la présence de l’intervention d’une main visible et donc de l’Etat, agent extérieur aux marchés, n’est-elle pas indispensable aux vues de ces nombreux dysfonctionnements ?

Ces questions peuvent amener différentes réponses, il s’agit avant tout d’évaluer la place que doit occuper l’intervention de l’Etat afin qu’elle soit la plus efficace possible au sein du système économique. Il apparait donc primordial d’analyser l’influence de la main invisible dans le processus de coordination optimale des marchés. Cette première analyse mènera par la suite au constat d’un certain nombre de limites relatives au libre échange et nécessite alors l’analyse de la nécessité de la coordination exogène des marchés.

I. Le succès de la main invisible ou la coordination optimale des marchés

A. Les équilibres partiels des marchés

1. La rationalité individuelle, un facteur de la rationalité collective

La parabole du boulanger et de la ménagère d’Adam Smith de 1776, insiste sur les ressorts des comportements individuels axés sur la poursuite de l’intérêt individuel purement égoïste des acteurs économiques. De plus, cette assertion met en évidence une situation d’interaction stratégique entre le boulanger (producteur) et la ménagère (consommateur). Le producteur cherche à maximiser son profit. En situation de concurrence pure et parfaite (abstraction économique selon laquelle il y aurait atomicité des agents, homogénéité des produits, libre entrée et sortie sur le marché, libre circulation des facteurs de production et transparence de l’information), le profit est maximum lorsque le producteur ne peut plus faire de profit en produisant une unité supplémentaire (donc lorsque la dérivée du profit est égale à 0). Le boulanger n’acceptera de produire que lorsque le revenu tiré d’une unité supplémentaire produite couvrira les coûts encourus. Il cherche alors un optimum individuel sans se préoccuper de l’utilité du consommateur : la ménagère (comportement égoïste). Pour Adam Smith « ce n’est pas dans la vue d’un profit qu’un homme emploi son capital, il tâchera toujours d’employer son capital dans le genre d’activité dont le profit lui permettra de gagner plus d’argent ». De plus, son intérêt n’est pas de servir l’intérêt public et il ne peut savoir à quel point il peut être utile à la société. Le principe de la main invisible signifie que les actions dirigées dans les intérêts de chacun peuvent contribuer à la richesse et au bien-être de tous même si ce n’était pas le but recherché. La rationalité individuelle est donc en corrélation avec la maximisation et elle est associée à la rationalité collective dans le sens où l’individu « travaille bien souvent d’une manière bien plus efficace

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