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La déflation est-elle l'opposé de l'inflation ?

Dissertation : La déflation est-elle l'opposé de l'inflation ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  22 Octobre 2019  •  Dissertation  •  2 857 Mots (12 Pages)  •  423 Vues

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« La déflation est-elle l’opposée de l’inflation ? »

Plan détaillé :

I/ A première vue, la déflation semble être en tout point contraire à l’inflation, aussi bien au niveau de ses causes que de ses conséquences …

  1. Si l’on en croit les monétaristes, la déflation est la résultante d’une diminution de la masse monétaire, tandis que l’inflation provient, elle, d’un accroissement. [FRIEDMAN. Equation de Fisher. Etats Unis 1964-73]
  2. Cette déflation s’accompagne généralement d’une récession au niveau de la sphère réelle, tandis que l’inflation est quant à elle communément associée à une phase de surchauffe de l’économie [MINSKY. Cycle du crédit. Royaume Unis – réévaluation année 1920]

II/… Néanmoins, la vision qui consisterait à concevoir la déflation comme un mal absolu à combattre, par opposition à une inflation qui pourrait quant à elle être vertueuse, serait erronée …

  1. La déflation n’est pas nécessairement le signe d’une économie récessive, elle peut être la résultante d’un choc d’offre trop brutal [BORIO. Déflation et production. La décennie perdue au japon]
  2. Les conséquences de la déflation ne sont pas non plus nécessairement mauvaises, tout dépend des anticipations des agents [SCHUMPETER. Destruction créatrice. Les Etats Unis sous l’Ere Lochner]

III/… Ce n’est pas pour autant que la déflation doit être considérée comme un « équivalent contraire » à l’inflation car elle est bien plus difficile à maîtriser, et elle suscite donc des réactions beaucoup plus vives de la part des autorités  

  1. Certes, l’inflation peut s’avérer destructrice sur le long terme, mais les effets néfastes de la déflation, elles, apparaissent souvent bien plus rapidement et de manière bien plus marquée [FISHER. Déflation par la dette et contamination à la sphère réelle. La grande dépression des années 1929]
  2. Les Banques centrales se montrent donc bien plus méfiantes et intransigeantes vis-à-vis de la déflation que de l’inflation [KEYNES. Trappe à la liquidité. Politiques de la BCE]


A première vue, une telle question peut sembler étrange. En effet, la déflation, qui désigne le gain de pouvoir d'achat de la monnaie, est par définition l’opposée de l’inflation qui désigne quant à elle la perte du pouvoir d'achat de la monnaie. Qu’est-ce que la déflation pourrait-elle bien être si ce n’est l’inverse de l’inflation ? Après tout, tout semble opposer ces deux phénomènes : alors que la déflation se traduit par une diminution générale, durable et autoentretenue des prix, l’inflation quant à elle, se traduit par une augmentation. S’agit-il pour autant de deux phénomènes qui suivent des mécanismes totalement différents ? L’inflation est souvent considérée comme un phénomène qui peut se révéler favorable à la croissance comme le montre le cas des Trente Glorieuse. A l’inverse, la déflation est communément admise comme un mal absolu, à combattre nécessairement. « L'inflation est injuste, mais la déflation dangereuse » affirmait KEYNES en 1923. Mais cette vision dichotomique est-elle justifiée ? De la même manière que l’on parle d’une « inflation maîtrisée », peut-on espérer contrôler et ajuster la déflation pour en tirer des effets positifs ?

A première vue, la déflation semble être en tout point contraire à l’inflation, aussi bien au niveau de ses causes que de ses conséquences. (I) Néanmoins, la vision qui consisterait à concevoir la déflation comme un mal absolu à combattre, par opposition à une inflation qui pourrait quant à elle être vertueuse, serait erronée. (II) En fait, la déflation ne peut pas être considéré comme un « équivalent contraire » à l’inflation dans la mesure où elle est bien plus difficile à maîtriser et suscite des réactions beaucoup plus vives de la part des autorités. (III)

☆ ☆ ☆

La doxa reviendrait à considérer que la déflation est l’exacte opposée de l’inflation dans la mesure où elle trouve ses origines dans des causes monétaires et réelles qui apparaissent contraires à celles de l’inflation.

Si l’on en croit les monétaristes, la déflation est la résultante d’une diminution de la masse monétaire, tandis que l’inflation provient, elle, d’un accroissement. En effet d’après la théorie quantitative de la monnaie, l’équation des échanges est donnée par MV=PT avec M : la masse monétaire, V : la vitesse de circulation de la monnaie, P : les prix, T : volume des transactions. En considérant que la vitesse de circulation de la monnaie (V) et le volume des transactions (T) sont fixes à court terme, une diminution de la masse monétaire (M) entraine mécaniquement une diminution du niveau des prix (P), et à l’inverse, une augmentation entraine une montée du niveau des prix. Par exemple, Milton FRIEDMAN met en évidence empiriquement dans Money mischief, l’existence d’une relation statistique entre la quantité de monnaie et le niveau général des prix à travers l’étude de la masse monétaire et des prix sur la période 1964-1973 aux Etats Unis, en Allemagne et au Royaume Unis. Il affirme donc que « l'inflation est toujours et partout un phénomène monétaire » en ce sens qu'elle est et qu'elle ne peut être générée que par une augmentation de la quantité de monnaie plus rapide que celle de la production ; la logique inverse peut s’appliquer pour déflation.

Cette déflation s’accompagne généralement d’une récession au niveau de la sphère réelle, tandis que l’inflation est quant à elle communément associée à une phase de surchauffe de l’économie. En effet, la déflation est souvent le symptôme d’une insuffisance de la demande globale : les entreprises baissent leurs prix, car elles ont du mal à écouler leurs stocks. La déflation s’accompagne donc d’une baisse de la production et des revenus. Ce mécanisme semble suivre une logique inverse à celle de l’inflation : comme l’explique H. MINSKY dans Stabilizing an unstable economy, si les agents anticipent une baisse durable des prix, ils peuvent être enclin à thésauriser ce gain de pouvoir d'achat en faisant le raisonnement qu'une même somme d'argent permettra d'acheter davantage de biens dans le futur, par rapport à un achat immédiat. Si ce phénomène, appelé effet de revenu l'emporte sur l'effet prix (qui lui incite à consommer davantage lorsque les prix baissent, grâce à la hausse du pouvoir d'achat qui en résulte), alors la demande baisse, la production aussi, et on entre dans une spirale déflationniste. Cette spirale déflationniste s'auto-entretient d'elle-même, et il faut une intervention exogène pour y mettre fin. Par exemple, lorsque la Grande-Bretagne mène, dans les années 1920, une politique de déflation pour rétablir l'ancienne parité or de la livre sterling (4,86 dollars) mais elle a un coût important :  les exportations britanniques baissent de manière continue (en 1929 elles sont de 20 % inférieures au niveau de 1913), la croissance économique stagne, et le chômage ne cesse de croître durant les trois années qui ont suivi, jusqu’à atteindre 8 % en 1925. La déflation semble donc bien suivre une logique inverse à celle de l’inflation. Mais est-elle nécessairement néfaste ? Cette opposition serait-elle de nature axiologique, avec l’existence d’une « bonne inflation » et d’une « mauvaise déflation » ?

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