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La Force De Travail

Lettre type : La Force De Travail. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  5 Avril 2015  •  Lettre type  •  1 031 Mots (5 Pages)  •  480 Vues

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Après avoir étudié, autant qu'on pouvait le faire en un examen aussi rapide, la nature de la valeur, de la valeur d'une marchandise quelconque, il faut porter notre attention sur lavaleur spéciale du travail. Et sur ce point, je vais être obligé de susciter à nouveau votre étonnement par un paradoxe apparent. Vous êtes tous absolument persuadés que ce que vous vendez journellement, c'est votre travail, que, par conséquent, le travail a un prix, et que le prix d'une marchandise n'étant que l'expression monétaire de sa valeur, il doit très certainement exister quelque chose comme une valeur du travail. Et pourtant il n'existe rien du genre de la valeur du travail au sens ordinaire du mot. Nous avons vu que c'est la quantité de travail nécessaire cristallisée dans une marchandise qui en constitue la valeur. Mais, appliquant cette notion de la valeur, comment pourrions-nous déterminer, par exemple, la valeur d'une journée de travail de dix heures ? Combien y a-t-il de travail contenu dans cette journée ? Dix heures de travail. Si nous disions que la valeur d'une journée de travail de dix heures égale dix heures de travail, ou bien la quantité de travail qu'elle renferme, ce serait une tautologie et, par-dessus le marché, une absurdité. Naturellement, une fois que nous aurons trouvé le sens véritable, mais caché, de l'expression "valeur du travail", nous serons en mesure d'expliquer cette application irrationnelle et apparemment impossible de la valeur, de la même manière que nous sommes en mesure d'expliquer les mouvements des corps célestes, qu'ils soient visibles ou perçus seulement sous certaines formes, lorsque nous avons découvert leurs mouvements réels.

Ce que l'ouvrier vend, ce n'est pas directement son travail, mais sa force de travail dont il cède au capitaliste la disposition momentanée. Cela est si vrai que la loi - je ne sais si c'est le cas en Angleterre, mais c'est une chose certaine dans plusieurs pays du continent - fixe lemaximum du temps pendant lequel un homme a le droit de vendre sa force de travail. S'il lui était permis de le faire pour un temps indéfini, l'esclavage serait du même coup rétabli. Si, par exemple, une vente de ce genre était conclue pour la vie entière de l'ouvrier, elle ferait instantanément de celui-ci l'esclave à vie de son patron.

Thomas Hobbes, un des plus anciens économistes et un des philosophes les plus originaux de l'Angleterre, avait déjà, d'instinct, dans son Léviathan, signalé ce point qui a échappé à tous ses successeurs. Il avait dit:

La valeur d'un homme, son estimation, est, comme pour toutes les autres choses, son prix, c'est-à-dire exactement ce qu'on en donne pour l'usage de sa force.

Si nous partons de cette base, nous serons à même de déterminer la valeur du travailcomme celle de toutes les autres marchandises.

Mais, avant de le faire, nous pourrions nous demander d'où vient ce singulier phénomène qui fait qu'on trouve sur le marché un groupe d'acheteurs en possession du sol, de machines, de matières premières et des moyens de subsistance, toutes choses qui, sauf la terre dans son état primitif, sont des produits du travail, et, de l'autre côté, un groupe de vendeurs n'ayant rien à vendre que leur force de travail, leurs bras et leurs cerveaux agissants ? Que l'un des groupes achète continuellement pour réaliser du profit et s'enrichir

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