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L'étude sociologique de la mobilité sociale : méthodes et résultats

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Par   •  9 Mars 2014  •  3 038 Mots (13 Pages)  •  994 Vues

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I- L'étude sociologique de la mobilité sociale : méthodes et résultats

A- Définir la mobilité

La mobilité sociale est un terme inventé par Pitirim Sorokin [1927] pour désigner les mouvements individuels ou collectifs d'une position sociale (qu'on parle de couche, de strate ou de classe) à une autre au sein de la stratification sociale. Elle peut exprimer un changement positif vers un niveau social plus élevé soit une promotion ou une ascension, ou bien l'inverse, soit un déclassement. Impliquant un changement de statut social, la mobilité sociale se distingue de la mobilité géographique même si les migrations intérieures ou internationales favorisent souvent des telles conséquences. De même, elle ne se réduit pas à la mobilité professionnelle qui exprime un changement de poste ou d'entreprise, sans impliquer forcément un changement de niveau, bien que le changement de profession constitue un des canaux principaux de mobilité sociale. Le statut social comporte diverses composantes professionnelle, économique, culturelle, symbolique, etc. La nomenclature des PCS qui participe d'une telle approche multidimensionnelle du statut, est ainsi utilisée en France pour étudier la mobilité sociale. Cet instrument demeure partiel car il fait apparaître imparfaitement les différences de richesse ou de prestige en regroupant des professions parfois éloignées de ces points de vue dans les mêmes catégories, et ne permet pas non plus de toujours classer de manière univoque les catégories sur la même échelle. Dans ce cadre, elle se résume au niveau individuel à un changement de CSP, ou au niveau collectif, à la reclassement d'une profession dans une autre CSP. Inversement, l'immobilité sociale exprime le maintien d'un individu dans une CSP. Plus avant, il est possible de considérer la carrière d'un individu au cours de son cycle d'activité, soit d'étudier la mobilité intragénérationnelle, ou l'on peut se référer à l'origine sociale, en comparant le statut d'un individu à celui des générations antérieures de sa famille, par exemple le père ou le grand-père et étudier ainsi la mobilité intergénérationnelle.

B- La mobilité intergénérationnelle masculine

Les enquêtes sur la mobilité sociale sont généralement fondées sur la mobilité intergénérationnelle des hommes à partir de groupes de professions, comme les CSP en France, et consistent à comparer le statut social des pères à celui des fils à partir d'un échantillon représentatif. Depuis 1964, l'enquête FQP (Formation Qualification Professionnelle) de l'INSEE est la source statistique de référence en France pour la réalisation de telles études. Les données statistiques permettent de construire des tableaux croisés dits tables de mobilité Une entrée du tableau, dont l'usage veut qu'elle soit disposée en ligne, correspond à l'origine, soit le classement social du père par sa profession (résumé à la CSP d'appartenance) et l'autre entrée correspond à la destinée, soit la CSP du fils qui est l'enquêté. Selon cette convention de présentation, lorsqu'on souhaite étudier le recrutement d'une catégorie sociale, soit répartir ses membres selon la profession du père, on somme les pourcentages en colonne et on observe en proportion les origines à cette destinée : sur 100 ouvriers, un nombre x ont un père ouvrier, un nombre y ont un père employé, etc. De même, si l'on désire mettre en évidence les devenirs relatifs à une catégorie d'origine, on somme les pourcentages en ligne et on observe les destinées relative à cette origine : sur 100 fils d'agriculteur, un nombre x sont agriculteurs, un nombre y sont artisans, commerçants ou chefs d'entreprise, etc.

Afin de prendre en compte les effets de carrière, et tenter de mesurer la position sociale définitive, on mesure la mobilité intergénérationnelle auprès d'enquêtés de plus de 40 ans, et on leur demande d'indiquer la profession de leur père à la fin de leur scolarité. En effet, après 40 ans, les chances de mobilité s'amenuisent, et le père a généralement dépassé cet âge lorsque son fils termine ses études.

La diagonale de la table de mobilité indique les situations où l'origine est identique à la destinée, et permet donc d'évaluer la stabilité sociale ou le niveau d'immobilité sociale, qui est généralement élevé : 43% en 1977, 35% en 1993 et 2003. C'est ainsi qu'en 2003, 52 % des fils de cadres ou de membres des professions intellectuelles supérieures appartiennent à la même catégorie que leur père, de même que 88% des agriculteurs ont un père exerçant la même profession. Inversement, on enregistre d'importants flux de mobilité : 57% en 1977, 35% en 1993 et 2003. Leur distribution n'est pas uniforme et obéit à une logique de proximité, plus précisément les trajets de mobilités sont plutôt courts que longs. Ainsi en 2003, 33% des fils de membres des professions intermédiaires sont classés cadres et professions intellectuelles supérieures mais 0% sont agriculteurs, et 49% des employés ont un père ouvrier mais seulement 5% ont un père cadre.

C- La mobilité féminine et les pratiques matrimoniales

La majorité des enquêtes de mobilité sociale ne portent que sur les hommes. Un argument technique vient justifier le privilège analytique masculin, à savoir que la profession est retenue comme indicateur de position sociale. Ce critère n'est pas neutre du point de vue du genre puisque dans les sociétés d'après-guerre les femmes sont plus concernées par des situations d'inactivité ou d'interruption prolongée d'activité lors du mariage ou de la naissance des enfants, voire tout au long de leur enfance. Les femmes de cette époque ont donc moins eu l'occasion d'effectuer des carrières complètes, ce qui fausse les résultats de la mobilité féminine. Pour cette raison, lorsque les sociologues ont commencé à développer des analyses statistiques de la mobilité sociale après 1945, il leur a paru préférable de classer les femmes en fonction de la profession du chef de famille plutôt qu'en fonction de la leur, qui semblait alors établir leur statut réel.

Depuis les années 1960, l'activité professionnelle des femmes a fortement augmenté, mais les positions supérieures

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