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Formes de mobilité sociale

Analyse sectorielle : Formes de mobilité sociale. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  11 Janvier 2015  •  Analyse sectorielle  •  1 855 Mots (8 Pages)  •  758 Vues

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e terme de « mobilité » évoque l'idée de parcours et il peut s'appliquer aux changements d'activité professionnelle d'une personne (mobilité professionnelle) ou à des changements de résidence (mobilité géographique), mais son acception la plus intéressante, pour le sociologue, concerne les parcours d'un individu ou d'une génération dans l'espace social – ce qu'on désigne par l'expression « mobilité sociale ». Celle-ci est en effet, en principe, une des valeurs fondatrices des sociétés démocratiques, prônant l'égalité des droits et des chances de chacun. L'analyse des réalités sociales oblige, sur ce point, à un diagnostic nuancé.

1. Les formes de la mobilité sociale

• L'expression « mobilité sociale » désigne globalement les changements de statut social que connaissent les individus, dans une société donnée. Ces parcours peuvent s'analyser au cours de la vie des mêmes personnes (on parle alors de « mobilité intragénérationnelle »). Ils peuvent aussi s'observer dans les transformations de la répartition des statuts sociaux d'une génération à une autre (« mobilité intergénérationnelle »).

• Sur ce dernier aspect, l'outil le plus fréquemment utilisé est la table de mobilité intergénérationnelle, qui confronte les statuts sociaux des pères avec ceux des fils. Aujourd'hui, on commence également à construire des tables pères/ filles, mais le poids des habitudes méthodologiques conduit encore à privilégier l'outil traditionnel, qui ne concerne que les fils de 40 à 59 ans, population supposée « stabilisée » dans son parcours professionnel et social. Cet outil permet de distinguer la mobilité verticale ascendante (progression du statut du fils par rapport à celui du père) de la mobilité verticale descendante (situation inverse), et également les situations de mobilité horizontale (sans ascension ni régression sociale), ou encore de reproduction sociale (statut identique dans les deux générations).

• La mobilité observée, dite également « mobilité brute », peut cependant être décomposée en deux éléments : une partie des changements de statuts d'une génération à la suivante est en effet « contrainte », dictée par les transformations des structures économiques. Ainsi, les emplois agricoles ayant très fortement diminué dans les cinquante dernières années, les fils d'agriculteurs ne pouvaient pas tous devenir à leur tour agriculteurs. À l'inverse, les emplois de cadres ont connu une forte expansion, et le recrutement sur ces nouveaux emplois n'a pu se faire qu'en dehors de la génération des fils de cadres. Cette mobilité contrainte est aussi appelée « mobilité structurelle ».

• Lorsqu'on soustrait de la mobilité brute (ou observée) la mobilité structurelle (ou contrainte), on obtient la mobilité nette (ou de circulation), indépendante de l'évolution des structures de l'emploi. Ainsi, en France, en 2003, on estimait à 65 % environ le taux de mobilité brute, dont 25 points de mobilité structurelle et 40 points de mobilité nette. Cette mobilité nette exprime la plus ou moins grande fluidité de circulation au sein d'une société. Elle est la plus conforme à l'idéal démocratique de l'égalité des chances puisqu'elle ne résulte pas des transformations des structures économiques.

2. La table de mobilité, un outil imparfait

• Le principe général des tables de mobilité est de confronter les situations d'une génération de pères à celles de leurs fils. Notons que les tables de mobilité peuvent se présenter soit sous la forme d'une table de destinée, partant du statut du père et déclinant les destinées des fils (sur 100 fils dont le père était ouvrier, x % sont devenus…), soit sous la forme d'une table de recrutement, partant de la position des fils et remontant vers l'éventail de leurs origines (sur 100 fils ouvriers, x % avaient un père…).

• Cependant, cet outil précieux n'est pas exempt de critiques, d'une part, parce que les tables les plus fréquentes occultent encore largement les parcours des femmes dans l'espace social, d'autre part, parce qu'elles peuvent conduire à des conclusions en partie faussées, en raison du découpage social grossier sur lequel elles s'appuient. Ainsi, un fils d'instituteur devenu instituteur apparaît-il comme un immobile, alors que l'évolution du statut relatif de cette profession et le regard qui est aujourd'hui porté sur elle devraient plutôt conduire à un diagnostic de déclassement social. L'intensité de la mobilité observée dépend, par ailleurs, du nombre de groupes retenus dans la structure de la table. Plus on utilise une grille de situations décomposée, plus on fait apparaître un pourcentage élevé de mobilité (et inversement). Enfin, les tables ne tiennent pas compte du statut de l'éventuel conjoint de la personne observée : un couple formé, par exemple, d'un ouvrier marié à une professeure des écoles connaît une forme d'ascension sociale par rapport à un couple ouvrier homogène.

• La méthodologique de la « fluidité sociale » tente aujourd'hui d'affiner ces analyses : elle consiste à comparer l'évolution, au cours du temps, des écarts de probabilité d'accès à un statut (par exemple cadre supérieur) des enfants issus de différentes catégories sociales (par exemple fils de cadre et fils d'ouvrier). La diminution ou l'augmentation de cet écart des probabilités permettent de conclure à un progrès ou à un recul de la fluidité sociale.

3. La société française, entre mobilité et reproduction

• La mobilité parfaite, dans une société, correspondrait à une situation dans laquelle l'origine sociale d'un individu n'interviendrait en rien dans sa destinée sociale. Face à cet idéal, l'examen des réalités sociales exige de la nuance : il ne fait aucun doute que la société française est marquée par une certaine mobilité sociale, même si le constat sur les années récentes est un peu plus pessimiste. L'essentiel de la mobilité observée est cependant lié aux transformations des structures de l'économie et de l'emploi ; elle est donc de nature structurelle. La part de la mobilité nette a, quant à elle, tendance à régresser.

• Le plus souvent, les parcours de mobilité sont des « trajets courts », de la mobilité de proximité entre des groupes relativement

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