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Dissertation Iphigénie

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Par   •  31 Décembre 2022  •  Cours  •  2 146 Mots (9 Pages)  •  514 Vues

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dissertation Iphigénie

Commentez et discutez l’opinion volontairement provocatrice de Roland Barthes : « Sans Ériphile, Iphigénie serait une bonne comédie ».

                     « Sans Ériphile, Iphigénie serait une bonne comédie ». Voilà ce qu’a affirmé le célèbre philosophe et critique littéraire Roland Barthes au sujet de l’illustre pièce d’Iphigénie. Cette dernière s’inscrit dans le courant du classicisme très populaire au XVIIème siècle. La pièce a été écrite par le dramaturge français Jean Racine (1639-1699) qui s’inspire des versions originales du mythe rédigées par l’auteur antique Euripide. La pièce traite du sacrifice d’Iphigénie et tout le long de l’intrigue le doute perdure : sera-t-elle oui ou non sacrifiée ? En effet pour que l’armée grecque puisse partir à la guerre de Troie, les Dieux exigent la mort d’une « fille du sang d’Hélène ». Agamemnon, le père d’Iphigénie, doit alors faire face à un dilemme, partagé entre son amour pour sa fille et sa quête de gloire. La pièce est présentée pour la première fois en 1674 mais son succès est mitigé. En effet, Racine essuie beaucoup de critiques notamment à la suite de son choix du rajout du personnage d’Ériphile, que plusieurs trouvent injustifié. Iphigénie est annoncée comme une tragédie, mais certains soulignent, comme Barthes, que le tragique repose essentiellement sur la présence d’Ériphile. Nous pouvons alors nous demander quel est l’impact du personnage d’Ériphile sur le tragique de la pièce. Pour cela, nous justifierons en un premier temps l’opinion de Roland Barthes en analysant les éléments prouvant que sans Ériphile, Iphigénie pourrait avoir des allures de comédie. En un second temps nous verrons que même sans Ériphile la pièce constitue malgré tout une vraie et typique tragédie classique.

             Premièrement, nous allons voir que sans Ériphile, Iphigénie pourrait avoir des allures de comédies.

Tout d’abord, comme évoqué précédemment, le rajout du personnage d’Ériphile a provoqué de nombreuses critiques, comme celle de Roland Barthes, à cause du rôle majeur que prend cette dernière dans la pièce. En effet, Ériphile constitue le vrai personnage tragique de la pièce par plusieurs aspects. Elle est victime de son destin et se considère mal aimée des Dieux : « Le ciel s’est fait sans doute une joie inhumaine à rassembler sur moi tous les traits de sa haine ». Elle est soumise au fatum et subit les conséquences de la malédiction des Atrides. Elle ne connait pas ses origines, « j’ignore qui je suis » et son destin semble déjà tracé puisque l’oracle Calchas lui avait prédit qu’elle ne découvrirait ses origines qu’au moment de sa mort. Elle est la conséquence des relations extra-conjugales de Thésée et Hélène qui l’ont abandonnée et reniée à sa naissance et est donc de sang royal. Ériphile est amoureuse malgré elle d’Achille, son ravisseur, mais son amour reste sans retour : « Achille […] est de tous les mortels le plus cher à mes yeux ». Ériphile se laisse également guider par ses passions ; tout d’abord l’amour qui se transformera en jalousie puis en haine. Le personnage d’Ériphile s’oppose parfaitement à celui d’Iphigénie. L’une, celle qui ne nuit pas, ne veut le mal de personne et n’est soumise à aucune passion tandis que l’autre, celle qui aime la discorde, agit dans un but strictement égoïste et se laisser guider par ses vices. Ériphile occupe un rôle prépondérant dans l’avancée de l’action, c’est un personnage majeur de la pièce. Effectivement, c’est Ériphile qui provoque le sacrifice d’Iphigénie en la dénonçant pour l’empêcher de s’enfuir : « À Calchas, je vais tout découvrir ». Ériphile va également créer le dénouement tragique de la pièce en se suicidant et en refusant dans un acte final d’hybris de se soumettre à la décision divine et préfère se retirer elle-même la vie. Racine emploie une hypotypose menée par Ulysse pour décrire le suicide, qui permet de rendre la scène très réaliste et détaillée. Cela permet aux lecteurs et au public d’imaginer précisément l’action et ainsi d’éprouver la terreur et la pitié de façon exacerbée.  Sans le personnage d’Ériphile le dénouement aurait été considérablement moins tragique à cause de l’absence de sacrifice puisque les Dieux ne voulait pas d’Iphigénie. Il n’y aurait pas eu de catharsis, et la terreur n’aurait pas été provoquée chez le spectateur. Ainsi, Ériphile constitue un vrai personnage tragique et joue un rôle important dans l’avancée de la pièce, sans elle l’intensité tragique aurait été considérablement diminuée.

            Iphigénie constitue également une pièce familiale et partage donc par cela des similarités avec d’autres comédies. On retrouve la présence d’une intrigue amoureuse entre Achille et Iphigénie ainsi que le doute concernant leur possible mariage. Ce dernier est programmé puis annulé à plusieurs reprises au cours de la pièce et il est difficile pour les deux amoureux d’arriver à s’unir. En effet, Agamemnon s’oppose à leur mariage à cause de tensions et conflits avec Achille, un de ses rivaux. Agamemnon est un personnage faible et n’arrive pas à prendre de décision. Il est certes « le roi des rois », mais en réalité il n’est qu’un médiocre chef faisant passer son orgueil avant sa fille. Il est par cela directement opposé à Clytemnestre et Achille qui sont prêts à tout, jusqu’à mourir, pour sauver Iphigénie. Agamemnon hésite à sacrifier sa fille et ne sait que faire, sa décision finale est de l’épargner mais tout en l’interdisant de voir Achille dorénavant. Cette intrigue amoureuse respecte les schémas typiques de comédie dans lesquels un des parents s’oppose à l’amour inconditionnel d’un couple heureux. Nous pouvons comparer l’histoire d’Achille et Iphigénie à celle de Clitandre et Henriette, dans les Femmes Savantes de Molière, où la mère de cette dernière s’oppose fermement à cette union et où le père, faible, connaît de nombreuses tergiversations et change fréquemment d’opinion en fonction de son interlocuteur. Dans Iphigénie, la pièce finit avec la joie de l’annonce d’un futur mariage comme l’est la majorité des comédies. Comme les Dieux ne veulent pas d’Iphigénie, elle peut se marier et nous assisterons à une réconciliation générale entre les personnages et avec les dieux qui deviennent providentiels.  Ainsi, sans la présence d’Ériphile c’est l’intrigue amoureuse qui dominerait la pièce et un dénouement heureux conclurait l’action comme dans la majorité des comédies.

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