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Travail de session

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Par   •  7 Octobre 2021  •  Dissertation  •  3 533 Mots (15 Pages)  •  349 Vues

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Pourquoi les personnes âgées (PA) sont-elles les plus affligées par la COVID-19? Bien que l’âge identitaire (60 à 65 ans) soit une attribution arbitraire pour marquer l’entrée dans la population desdits aînés [1], ces derniers représentaient 72,3% des décès, d’après New York City Health [2]. La surreprésentation de ce groupe peut s’expliquer par le vieillissement démographique – la population de plus en plus vieillissante [3]. Ce phénomène universel suit son corollaire : l’accroissement de l’espérance de vie. Effectivement, les Québécois de plus de 65 ans représentaient respectivement 14,6% et 20,6% en 2001 et 2016 [4]. Statistiquement, si la proportion des PA continue de vieillir, il est cohérent que le taux de mortalité s’accroisse avec l’âge (et s’accentue à partir de 75 ans [5]). Une telle progression se justifie par l’amélioration des conditions sanitaires et socioéconomiques, mais aussi par une diminution du taux de natalité [6]. Subséquemment, la scène québécoise publie des chiffres inquiétants à l’égard des PA (en raison de leur concentration) [7]. Cependant, pourquoi la probabilité de fatalité (fatality rate) augmente-t-elle nettement après l’âge de 60 ans [8], particulièrement dans le contexte de pandémie actuel? Le processus de vieillissement biologique, appelé sénescence, se traduit par un arrêt irréversible du cycle cellulaire aboutissant à la mort [9]. Autrement dit, après sa phase de maturation, l’humain subira une dégradation progressive et inéluctable de ses fonctions vitales : reproduction, motricité, système immunitaire, etc. Les processus basiques essentiels à la survie sont inextricablement destructifs, et l’augmentation de l’espérance de vie est donc associée à l’orchestration de plusieurs modifications neurophysiologiques qui peuvent mener à des pathologies chroniques (la probabilité d’être malade augmente avec l’âge). D’ailleurs, les principales causes de décès sont les tumeurs, les maladies de l’appareil circulatoire et respiratoire [10]. En analysant le pourcentage de décès mentionné plus tôt (72,3%), seulement 1,07% décédaient sans autre condition médicale sous-jacente. Cela signifie que la COVID-19 présente une forte comorbidité ; 98,93% des PA avaient une ou plusieurs maladies associées (diabète, immunodéficient, hypertension, asthme, maladies pulmonaires et cardiovasculaires, etc.). L’incapacité des PA à combattre les infections (notion d’immunité naturelle [11]) peut s’expliquer par une altération du système immunitaire due au vieillissement – l’immunosénescence [12]. En effet, les réactions d’oxydation qui découlent de la respiration (métabolisme de l’oxygène) deviennent toxiques en raison de la production inhérente de radicaux libres ; le stress oxydatif prononcé est capable d’entraîner une vulnérabilité supérieure avec l’âge. Par conséquent, plus la PA avance en âge, plus elle est susceptible d’avoir un système immunitaire affaibli et de succomber impérativement aux complications relatives au coronavirus. Malheureusement, les médias divulguent le dénombrement des décès sans préciser les causes réelles ce qui a pour effet d’exacerber la conscience collective : la COVID-19 est meurtrière.

En plus d’être les plus touchées, les PA sont les plus susceptibles d’être infectées par la maladie à coronavirus. Il leur est conseillé de protéger leur santé en restant à la maison [13, 14]. Pourquoi les PA semblent-elles les plus vulnérables? L’intrication des trois composantes de la fragilité [15] au modèle de Rowe et Kahn [16] éclaire les soubassements des transitions de vie, ce qui concerne la sollicitation des capacités d’adaptation lorsqu’une personne est confrontée à un changement majeur, communément compris comme le coping. La pandémie hautement médiatisée est un bon exemple d’un stress exogène qui pourrait affecter négativement la sphère sociale (notamment les relations interpersonnelles édulcorées par les recommandations de distanciation sociale) ce qui entraînerait un impact sur les deux autres sphères (physique et psychologique), d’où la spirale de la fragilité. Dès qu’une dimension de la triade est altérée, le système homéostasique est ébranlé, et l’initiation de l’engrenage ne peut qu’accumuler les déséquilibres physiologiques et occasionner l’inflammaging [12] ; l’inflammation chronique favorise la sarcopénie à cause de l’immunosénescence ; l’inefficacité du système immunitaire fait augmenter la production de globules blancs ; la fabrication de ces globules génère plus de protéines ; les protéines sont extraites dans les muscles ; une perte de masse musculaire amplifie le sentiment d’épuisement et prolonge le phénomène par des conduites d’évitement renforçant l’isolement social et la réduction d’activités physiques. À l’instar du modèle de Peplau et Perlman [17], les facteurs précipitants sont à la solitude, ce que la spirale de la fragilité serait à la vulnérabilité. Cette analogie permet de comprendre l’enchevêtrement des 3 composantes sous la perspective expérientielle subjective : le facteur de changement (la COVID-19) perturbe les processus cognitifs (modulation de l’intensité du sentiment de vulnérabilité) et déséquilibre la sphère sociale. Par ailleurs, le modèle du bien vieillir de Rowe et Kahn mesure ces 3 composantes. Toutefois, il dissimule une forme de paternalisme en raison des normes et des objectifs à atteindre en vue d’un vieillissement eudémonique. Son caractère dichotomique (bien vieillir ou pas ; être en santé ou être malade) soulève, certes, des questionnements existentiels, mais incidemment des tendances au jeunisme.

L’idéologie vouant un culte à la jeunesse et à la volonté de rester jeune [18] reflète la perversité de l’âgisme. La quarantaine obligatoire pour les 70 ans et plus au Royaume-Uni [19, 20, 21, 22] ainsi que le slogan Boomer Remover [23, 24] ne sont que quelques démonstrations d’âgisme – toutes les formes de discrimination, de ségrégation ou de mépris fondées sur l’âge [25]. Qu’est-ce qui expliquerait les préjugés, les stéréotypes et les pratiques discriminatoires amplifiés envers les PA dans ce contexte de pandémie? Les deux représentations énoncées auparavant (les PA sont les plus touchées et les plus infectées) contribuent fortement à renforcer l’image négative que les PA sont faibles. Les conflits intergénérationnels sont au cœur des débats politiques ; il suffit de se rappeler la grève étudiante pour le climat (2018) pour laquelle Greta Thunberg creusait plus profond le fossé entre les générations futures (les jeunes) et les générations passées (à blâmer : how dare you). Il est à noter que les jugements hâtifs retrouvent leurs origines occultées

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