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L'adoption de Hitler n'était pas inévitable

Analyse sectorielle : L'adoption de Hitler n'était pas inévitable. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  14 Septembre 2014  •  Analyse sectorielle  •  1 246 Mots (5 Pages)  •  621 Vues

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La prise de pouvoir de Hitler n'était pas inévitable

"Nous sommes arrivés au but. La révolution allemande commence". Cette phrase, prononcée par Goebbels le 30 janvier 1933, marque le triomphe du nazisme et la liquidation de la république parlementaire allemande . Hitler venait juste de se faire nommer au poste de chancelier de la république. Jamais aucun mouvement politique n’aura aussi rapidement et radicalement remis en cause les acquis démocratiques et sociaux d’un peuple dans sa totalité.

Aucun mouvement ne parvint autant que le nazisme, dans un temps extrêmement court, à mettre sous contrôle une société entière, à y supprimer toute forme organisée de contestation, à pénétrer dans les consciences de chacun pour y tenter d’extirper les idées les plus simplement démocratiques. " Le nazisme fait le vide autour de lui, laisse le vide derrière lui ", écrivait Daniel Guérin dans La peste brune. (Petite collection Maspéro, Paris)

L’ambition de cet article est de répondre à cette question : comment un des régimes les plus démocratiques d’Europe, la république de Weimar, dont les acquis sociaux étaient considérables et soutenus par un salariat puissamment organisé, a-t-elle pu basculer dans la barbarie totalitaire ? La prise de pouvoir par Hitler était-elle ou non inévitable, aurait-elle pu être stoppée à temps ?

Il a souvent été dit que la prise du pouvoir par Hitler était une conséquence inéluctable de la situation allemande du début des années 1930, marquée par la crise économique et la montée du chômage et de la misère. L’objet de cet article est justement de montrer que l’enchaînement des événements qui ont conduit à la victoire de Hitler contredit cette vision mécaniste et fataliste de l’histoire.

Une autre thèse largement répandue explique que la victoire des nazis aurait été permise par le fait que le nazisme était une composante du caractère national allemand. Cette thèse avance le fait que l’antisémitisme était largement répandu en Allemagne, ainsi qu’un sentiment nationaliste et pangermaniste très fort, et que les nazis n’ont fait que cultiver ce sentiment pour arriver au pouvoir. Le fameux livre "Les bourreaux volontaires de Hitler" de Daniel Goldhagen a récemment soutenu une thèse similaire.

Nous chercherons plutôt l'explication de l’arrivée au pouvoir d’Hitler dans l’évolution de la société allemande, non de sa mentalité, mais des rapports de force fondamentaux autour desquels s’organisent l’équilibre des pouvoirs politiques et socio-économiques. Nous montrerons qu’il existait en Allemagne des forces et des organisations qui avaient la capacité de stopper Hitler, et que ce sont justement les échecs et les erreurs de ces organisations qui ont permis aux nazis de prendre le pouvoir.

Pour se représenter à quel point la victoire des nazis n’était pas inévitable, il faut se plonger dans les quelques semaines qui ont précédé la nomination de Hitler comme chancelier de la république, le 31 Janvier 1933. Au tout début du mois de janvier, les nazis étaient dans une situation défavorable : ils perdaient des voix aux élections, et étaient divisées sur la stratégie à suivre. Certains voulaient une alliance avec la droite conservatrice, d’autres au contraire des actions violentes et une insurrection populaire. Le parti nazi se paralysait de plus en plus, de nombreux militants rendaient leur carte. Hitler déclarait alors à Goebbels : " Si le parti devait s’effondrer, je me tirerais une balle dans la tête dans les trois minutes "1.

Les partis de gauche également ont sous-estimé jusqu’à la fin le danger que représentaient Hitler et les nazis. On peut lire dans l’éditorial de l’organe du parti social-démocrate au début de janvier 1933 un article sur "L’ascension et la chute de Hitler ". Un autre quotidien allemand, le Berliner Tagesblatt, écrivait dans sa chronique du 1er janvier 1933 : " Lorsqu’on voudra parler de Hitler à nos petits enfants, on ne parviendra même plus à se souvenir de son nom ! "2.

Il faut s’imaginer que toutes ces déclarations

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