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Actualité de l’Histoire de la folie : commentaire et usage.

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Par   •  7 Mars 2015  •  Commentaire d'oeuvre  •  3 947 Mots (16 Pages)  •  985 Vues

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Décembre 2014

Écouter Foucault

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le 15 décembre 2014

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Dossier critique 2014Décembre 2014 (volume 15, numéro 10)

Écouter Foucault

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Kohei Sakurai

Actualité de l’Histoire de la folie : commentaire & usage

Un demi-siècle d’Histoire de la folie, sous la direction de Daniele Lorenzini & Arianna Sforzini,Paris : Éditions Kimé, coll. « Philosophie en cours », 2013, 232 p. EAN 9782841746347.

1Longtemps penseur dissident et inclassable, Michel Foucault s’achemine aujourd’hui vers le statut de philosophe classique : en 2014, trentième anniversaire de sa mort, de nombreux livres de bonne qualité portant sur ses travaux ont été successivement publiés. De nombreux colloques sont organisés partout à travers le monde pour débattre de l’héritage de la pensée foucaldienne. Les deux volumes de la prestigieuse Bibliothèque de la Pléiade réunissant les ouvrages principaux du philosophe sont en préparation. On dirait bien que c’est la canonisation de Foucault qui s’esquisse.

2Le collectif Un demi‑siècle d’Histoire de la folie semble à première vue faire partie de ce mouvement du « devenir classique » de Foucault, dans la mesure où il est le fruit d’une journée d’études organisée en 2011 pour commémorer le cinquantième anniversaire de la parution de l’Histoire de la folie à l’âge classique, qui fut la thèse de doctorat de Foucault. À l’occasion de ce type de commémoration, il est convenu de célébrer un maître à penser tout en lui rendant solennellement hommage. Or, dans l’introduction de ce collectif, Daniele Lorenzini et Arianna Sforzini, ses deux directeurs, ne manquent pas de signaler « le piège de la célébration » : « Dans le cas d’un philosophe aussi lu et étudié partout dans le monde, chaque “anniversaire” risque en effet de se réduire à une répétition académique et stérile des clichés les plus répandus de sa production » (p. 9). Pour éviter le risque de la sacralisation et de la dogmatisation de la soi‑disant « doctrine foucaldienne », ils affirment que l’enjeu principal de leur collectif consiste à dégager « l’actualité critique du texte de 1961 » (p. 10). En effet, comme ils le soulignent avec soin dans leur introduction, Foucault lui‑même n’a cessé de réinterpréter son premier livre pour le réactualiser face aux différentes questions contemporaines. Cette attitude critique de Foucault à l’égard de son propre ouvrage met pour les deux chercheurs en évidence l’importance de travailler et d’utiliser l’Histoire de la folie « dans notre actualité » (p. 29).

3Leur diagnostic nous semble tout à fait pertinent. Toutefois, il est important de noter que la mise en évidence de l’actualité de la pensée foucaldienne ne signifie pas privilégier exclusivement l’usage de Foucault au détriment de son commentaire. Certes, Foucault a souhaité que ses livres servent de « boîte à outils » à la disposition des usagers au lieu de devenir l’objet d’un culte académique1. Pourtant, comme le fait brillamment remarquer Luca Paltrinieri ailleurs, « le fait de s’approprier des outils de la boîte ne devrait pas conduire à sous‑évaluer la boîte et encore plus le travail de reconstruction et transformation continuelle de cette boîte2 ». Si « notre actualité » n’est pas forcément la même que celle de Foucault, il nous est indispensable de prendre, au moins une fois, le recul réflexif du commentateur, sinon de l’archéologue, à l’égard des travaux foucaldiens en vue de mettre en évidence le champ historique et problématique dans lequel ils se sont élaborés et se sont remaniés. C’est ce qui nous permettra d’utiliser efficacement les différents outils que Foucault nous a légués, sans tomber dans le risque de figer la forme de sa boîte à outils.

4Le grand mérite du présent collectif consiste dans le fait qu’il tâche de surmonter la disjonction quelque peu stérile entre l’usage et le commentaire de la pensée foucaldienne, tout en s’attachant à relier les commentaires fins de l’Histoire de la folie, consistant à mettre au jour les problématiques foucaldiennes élaborées à travers ses dialogues explicites ou implicites avec ses contemporains (Heidegger, Barthes, Derrida…) et l’usage de ce texte de 1961, qui vise à reprendre et à prolonger la pensée foucaldienne par de patients travaux sur l’histoire de la psychiatrie et son actualité. L’ouvrage présente un effort de conjugaison du commentaire et de l’usage ; ce qui donne lieu à d’intéressants résultats, efficaces pour éclairer la portée critique et actuelle de l’Histoire de la folie de Foucault.

5Le collectif se divise en trois parties. Dans la première partie intitulée « Esthétique de la déraison », Emmanuel Gripay, Arianna Sforzini et Jérémy Romero s’interrogent sur l’expérience littéraire de la déraison, convoquée par Foucault en vue de mettre en cause l’évidence de la médicalisation de la folie à l’âge moderne, pour examiner la portée de la réflexion foucaldienne sur la folie et la littérature. Dans la deuxième partie, « Origines du cogito », Francesco Paolo Adorno et Kojiro Fujita analysent le débat entre Foucault et Derrida à propos du

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