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Art et humanisme dans l’Italie du XVe siècle

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Par   •  16 Mai 2023  •  Dissertation  •  1 562 Mots (7 Pages)  •  191 Vues

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Art et humanisme dans l’Italie du XV siècle

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Cette œuvre, Le Christ remettant les clefs à Saint Pierre de Pietro Perugino, a été réalisée en 1481, commandée par le pape Sixte IV pour décorer la chapelle Sixtine à Rome. Elle possède toutes les caractéristiques artistiques de l’humanisme à savoir un sujet religieux au cœur d’un espace profane qui témoigne de l’idéal de la cité antique. Le paysage montre l’importance de la Nature, intégrée au nom d’une réalité humaine et spatiale. L’artiste a eu un souci de réalisme par le respect de la perspective et de l’individualité des personnes, notamment dans leur expression. Le mot humanisme est ambigu. C’est un mot savant forgé au XIX siècle par les historiens allemands bien que des hommes s’étaient dès le XV siècle donné le nom d’humanistes. Nous empruntons la définition d’humanisme à Augustin Renaudet rapportée par  Fernand Braudel dans sa Grammaire des civilisations : « on peut définir sous le nom d’humanisme une éthique de la noblesse humaine. Orientée à la fois vers l’étude et l’action, elle reconnait, elle exalte la grandeur du génie humain, la puissance de ses créations, oppose sa force à la force brute de la nature inanimée. L’essentiel demeure l’effort de l’individu pour développer en lui-même, au moyen d’une discipline stricte et méthodique, toutes les puissances humaines, pour ne rien laisser perdre de ce qui grandit l’humain et le magnifie ». Braudel ajoute que l’humanisme est « contre toute doctrine qui négligerait l’homme, contre tout système qui réduirait la responsabilité de l’homme. […] Il est un fruit de l’orgueil ». Il est aussi un « dialogue entre la Rome antique et païenne avec la Rome moderne et chrétienne ». L’humanisme est un mouvement littéraire et intellectuel né au XIV siècle, centré sur l’Homme, fondé sur un retour vers une authentique antiquité et sur les humanités, mais qui s’exprime et se manifeste également de multiples façons dans l’art à partir du XV siècle, dans l’Italie du Quattrocento. C’est ce que l’historiographie a nommé la première renaissance après la pré renaissance du XIV siècle et la Haute Renaissance du XVI siècle.  Cela désigne l’art toscan entre 1400 et 1500. Le concours pour la deuxième porte en bronze du baptistère de Florence en 1401, remporté par Ghiberti, est considéré comme l'acte fondateur de la Première Renaissance. L’art est une dimension majeure de l’humanisme. Le mot art vient du latin ars, artis qui signifie habileté, connaissance technique avant de recouvrir le sens reconnu de création d’œuvres. L’artiste est donc originellement au Moyen Age, un artisan, maitrisant une technique, un savoir faire dans un souci d’utilité, jusqu’à permettre aux fidèles illetri, l’accès à la Bible dans l’église. A la fin du Moyen Age et principalement en Italie ou dans les Flandres se développent un sens de l’esthétisme, du Beau et de la contemplation. A mesure que les techniques s’améliorent grandit la préoccupation pour le réalisme tandis que l’importance et le statut social du producteur d’art croissent en proportion de l’augmentation de la concurrence entre les princes. L’artisan devient artiste. Il développe ses talents dans la peinture, l’architecture, la sculpture, le mobilier, la tapisserie, la numismatique… autant de domaines qui nous intéresseront en tant qu’arts. Les évolutions artistiques engendrées par l’humanisme ont toujours intéressé l’historiographie mais les travaux d’André Chastel en France qui font encore autorité aujourd’hui en ont modifié l’approche.

Il s’agira de voir comment l’humanisme s’est manifesté et investi dans l’art et quelle a été son influence dans la production artistique dans l’Italie du Quattrocento.

L’art a d’abord représenté un formidable instrument politique pour les princes humanistes (I). L’art a ce titre fait l’objet d’innovations majeures au service d’une pensée, d’une vision intellectuelle humaniste (II). L’art est, enfin, baigné dans une culture profane mais au service d’un humanisme chrétien (III).

L’art est au service d’un humanisme politique. En premier lieu, l’art permet la représentation d’un idéal politique et devient un instrument de légitimité pour le pouvoir.

L’art peint les princes selon l’idéal politique humaniste. Les portraits, les tableaux doivent présenter le prince comme un modèle de vertus à contrario des vices. Politiquement, les artistes assurent sa légitimité propre, celle de sa Maison, face à sa population, à ses rivaux et aux cours étrangères. Accompli et cultivé, intellectuel et érudit, savant et théoricien, musicien et poète, brave et courageux, le prince de la Renaissance cultive un esprit universel, qui veut embrasser tous les savoirs du Monde. L’art est également un modèle pédagogique et éducatif pour les enfants, notamment pour les jeunes aristocrates appelés de par leur naissance à des hautes responsabilités.  L’art dépeint aussi une société aux hiérarchies rigides, ancestrales et acceptée. Mais il trahit également la montée pour ne pas dire l’hégémonie des gens d’affaires, banquiers et négociants. Cela n’empêche guère ces derniers à s’emparer de l’art pour affirmer leur attachement à perpétuer les traditions. L’urbanisme architectural réalise quant à lui pleinement l’idée d’une cité idéale. « La cité ne doit pas se faire seulement pour la commodité et nécessité des logis mais aussi doit être disposée en sorte qu'il y ait des très plaisantes et honnêtes places » nous dit Alberti, (De re aedificatoria, 1485). L’espace urbain selon les idéaux humanistes doit refléter une organisation sociale harmonieuse. Il doit y régner l’harmonie et l’équilibre comme dans la société. La symétrie, la régularité, la sobriété, la retenue, la mesure vaut également dans l’architecture. L’un des meilleurs exemples est le temple Malatesta à Rimini (1455). De grands traités illustrés comme celui d’Alberti de 1485 théorisent et diffusent grâce à l’imprimerie  la nouvelle architecture humaniste  en rupture ou parfois en harmonie avec le gothique international jugé confus et désordonné, à partir de la découverte en 1415 des Dix Livres d’Architecture de Vitruve (-I siècle) ou à partir de l’étude des vestiges romaines. Brunelleschi s'inspire de la coupole romaine pour la réalisation du dôme de la cathédrale Santa Maria del Fiore à Florence ce qui, étant donné ses dimensions, a représenté un défi technique majeur.

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