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La religion est-elle compatible avec la modernité ?

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Par   •  2 Décembre 2020  •  Dissertation  •  2 933 Mots (12 Pages)  •  1 104 Vues

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La religion est-elle compatible avec la modernité ?

 « Le progrès est la religion de ceux qui n’en ont pas. »

                                     Par cette maxime, ANTOINE AUGUSTIN COURNOT Mathématicien et philosophe français du 19ème siècle semble opposer ces deux notions de la même manière qu’il les associe. En effet si l’on suit son idée, on admet que le progrès est venu remplacer progressivement la religion dans son aspect philosophique mais également en tant que structure de la société. Se pose alors la question de la compatibilité de la religion et de la modernité

Dans le petit robert la religion se définit de deux manières, tout d’abord la religion est synonyme  de la reconnaissance par l’être humain d’un principe supérieur de qui dépend sa destinée, de cette croyance découle une attitude intellectuelle et morale, cette attitude est communément appelée la foi. Sans distinction de croyances ou de pratiques, la foi est donc commune à tout être humain ayant cette croyance tandis que la deuxième définition, moins personnelle prend en compte la religion dans sa dimension sociale et sociétale la délimitant comme un système de croyance et de pratiques, de cultes, de sacrements, de prescription en matière de morale, d’interdits et d’organisation propre à un groupe social. Cette vision de la religion met ainsi en exergue les différents cultes auxquels ont adhéré les populations humaines au cours du temps. Certaines religions majeures se sont imposées dans le temps et l’espace, structurant ainsi nos sociétés et composent encore aujourd’hui le paysage spirituel mondial. Cette deuxième vision de la religion est à confronter avec la notion de modernité, concept désignant l’idée d'agir en conformité avec son temps et non plus en fonction de valeurs, considérées comme « dépassées ». la modernité se décline dans tous les domaines : Etat moderne ; techniques modernes, arts modernes, mœurs et idées modernes…

 Le mot "modernité" vient de l'adjectif "moderne", lui-même issu du latin tardif « modernus » — qui signifie "récent" ou "actuel" — et de l'adverbe « modo » - qui signifie "à l'instant" ou « il y a peu ».

Dans notre étude, le concept de modernité se différencie de celui de progrès dans le sens ou le progrès implique une amélioration contextuelle, et donc un jugement de valeurs, la ou la modernité s’entend davantage comme le mouvement de la société à travers le temps.

Aussi loin que remontent les fondements de la société, on y retrouve la présence de la religion. Mais plus le temps passe plus il semble évident que la fracture entre la religion et la société se creuse. En abordant des périodes historiques clefs dans cette évolution, nous nous concentrerons sur cette scission. Quand on regarde le passé de l’humanité, on ne peut nier l’emprise de la religion sur les sociétés étatiques et si cette emprise semble aujourd’hui compromise, la religion occupe toujours une place importante dans la société.

C’est justement cette place qui est au cœur de notre étude, effectivement si on veut saisir la possible compatibilité de la religion et de la modernité il est indispensable de comprendre quelle place occupe la religion dans l’évolution de la société.

il est évident que la religion a façonné notre monde à la manière d’un architecte qui établi les plans d’une ville en construction, mais aujourd’hui cette vocation de « faire le monde » est dépassée et  c’est cette remise en cause qui cause l’apparente fracture entre le monde moderne et la religion

  1. La religion : architecture d’une société

  1. L’armature religieuse de la société

                                   Comme pouvait l’affirmer l’historien QUINTE-CURSE « Nul moyen n’est plus efficace pour gouverner la multitude que la superstition ». Par cette citation, il est possible de comprendre la portée considérable qu’à la religion sur la société laquelle pouvant être qualifiée de pilier fondateur.

Dans son allocution au curé de Milan le 5 juin 1800, Napoléon 1er revenait déjà sur l’importance fondamentale de la religion dans la société en affirmant qu’« une société sans religion c’est comme un vaisseau sans boussole ». A travers cette comparaison, Napoléon semble mettre en avant le lien prégnant entre religion et société.  En effet, si la religion est la boussole du vaisseau qu’est la société, il semble que le fait religieux s’impose comme un guide, un moyen d’une orientation à celle-ci. La religion peut être alors perçue comme un facteur d’identification et de définition régissant les mœurs de la société : « Nulle société ne peut exister sans morale. Il n’y a pas de bonne morale sans religion. Il n’y a donc que la religion qui donne à l’État un appuie ferme et durable ».

Si la société doit être régie par des lois communes, dès lors la religion, qui a longtemps dicté ses « lois divines » aux hommes, semblerait être un élément prépondérant dans la définition de la société.  En effet, le simple fait d’adopter une religion d’état semble donner une dimension politique à la religion.  Cette dimension politique du fait religieux semble être proéminente dans l’Histoire de France, en témoigne l’adage « une foi, une loi, un roi » qui indique que les lois royales se doivent de respecter en premier lieu les lois divines. Le Roi lui-même, chargé de la politique de la Nation, était alors considéré comme le lieutenant de Dieu sur Terre.  Par ailleurs, la dimension religieuse de la politique des États tels que le Vatican ou Israël ne fait que confirmer que la religion a participé et participe encore à l’élaboration et à l’interprétation des lois communes nécessaires à la naissance et à la survie d’une société homogène. La religion touche alors, dans le cadre des religions d’état reconnues ou non, à l’identité même de la société qui l’adopte.

Pour ALEXIS DE TOCQUEVILLE, c’est parce que la religion confère aux hommes les bases indispensables à l’organisation de la collectivité qu’elle constitue « la première des institutions politiques ». Pour l’auteur De la démocratie en Amérique, « c’est la religion qui mène aux lumières ; c’est l’observance des lois divines qui conduit l’homme à la liberté ». 

Pour celui qui est considéré comme l’un des pères de la sociologie, EMILE DURKEIM, la religion est un phénomène collectif qui, à la différence de la magie, implique nécessairement une organisation collective (Les formes élémentaires de la vie religieuse (1912)). C’est la raison pour laquelle il la définit comme « un système solidaire de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées, c’est-à-dire séparées, interdites, croyances et pratiques qui unissent en une même communauté morale, appelée Église, tous ceux qui y adhèrent ». La religion n’est en fait rien d’autre que l’idée que la société se fait d’elle-même. C’est pourquoi elle s’avère nécessaire et essentielle à la vie et à la cohésion sociale. Pour lui, l’existence d’une société débarrassée de la religion apparaît difficilement concevable.

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