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Spirou, Tintin et Cie, une littérature catholique ?

Fiche de lecture : Spirou, Tintin et Cie, une littérature catholique ?. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  15 Novembre 2021  •  Fiche de lecture  •  2 346 Mots (10 Pages)  •  372 Vues

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Note critique de lecture

DELISLE Philippe, Spirou, Tintin et Cie, une littérature catholique ? Années 1930-années 1980, Paris, Karthala, 2010, 184 p.

Introduction :

Spécialiste des questions religieuses liées aux imaginaires coloniaux et à l'esclavage, Delisle a une agrégation et un doctorat en histoire. Il est maître de conférences habilité à diriger des recherches à l'Université Jean Moulin de Lyon. Il fait sa recherche au Laboratoire de Recherches historiques Rhône-Alpes. Il a publié plusieurs ouvrages sur le catholicisme et la créolisation mais s'affirme aussi comme un spécialiste de la bande dessinée belge. Il dirige la collection "Esprit BD" aux Editions Karthala. L’ouvrage choisi a été publiée en 2010 et comporte une introduction, suivie de quatre chapitres et d’une conclusion. Tout au long de la lecture, de nombreuses illustrations accompagnent le texte. La question que se pose l'auteur dans ce livre est de savoir comment la bande dessinée « classique » a été imprégnée par la pensée et la culture catholique ou dans quelle mesure on peut parler de littérature catholique. La 1ère partie se concentre sur l'étude des liens noués entre le monde catholique et les éditeurs ou les dessinateurs de bande dessinée, la 2ième partie s’intéresse à la production elle-même pour y décelez le rôle que jouent les figures et les valeurs catholiques. La 3ième partie est pour l'auteur l’occasion de déterminer quel est cet imaginaire chrétien qui transparaît à travers cette période et ce mouvement. La dernière partie porte sur la rupture se produisant à la fin des années 50.

Développement :

Dans l’introduction, l’auteur commence en définissant les termes et les enjeux. On apprend ainsi que l’on peut parler d'école franco-belge tout d'abord car la langue entre la France, la Wallonie et Bruxelles est commune. Mais aussi, que la Belgique, pour augmenter ses ventes en France, va avoir recours à une transformation de ces personnages de bande dessinée pour les rendre plus agréable et familier au public français, entreprise concluante comme on peut le voir avec le succès du journal de Spirou dans les années 50. Le centre de gravité des bandes dessinée franco-belge à partir des années 50 va se modifier se situant en France. L’'auteur s’intéresse à la période de l'âge classique de la bande dessinée franco-belge, c'est à dire les années 1930-1950. À la fin de son introduction, l'auteur se pose plusieurs problèmes méthodologiques. Il se demande par exemple sur quelle source il doit s'appuyer, hésitant entre les albums cartonnés ou les livres brochés opposés à la myriade d'épisodes publiés dans les journaux. Les premiers permettent de se centrer sur la bande dessinée et de ne pas se perdre dans des productions liées à un périodique. Mais de nombreux épisodes publiés dans les journaux n’ont pas été réédités en album.

Dans cette première partie, l’auteur montre qu’en ce début du 20ième siècle, le catholicisme veut se réaffirmer comme centrale dans la société et tout particulièrement avec la jeunesse. L’auteur défend la thèse que c’est pour cette raison que le catholicisme va prendre une place particulière dans la bande dessinée. Aussi l’auteur pense qu’à ses débuts, les rédacteurs des premiers journaux, dans lesquels la bande dessinée apparait, considéraient la bande dessinée comme un moyen d'attirer les jeunes. On apprend que de nombreux créateurs belges de bande dessinée ont été formés durant leur enfance dans les écoles catholiques. La scolarisation dans de telles structures s'accompagne le plus souvent de l'intégration dans des mouvements catholiques plus ou moins spécialisés. Il est aussi important de remarquer que c'est souvent dans un cadre catholique que les auteurs apprennent et perfectionnent les techniques qui les conduisent à la bande dessinée. Enfin on peut aussi noter qu'un mouvement comme le scoutisme Catholique permet à plusieurs dessinateurs d'acquérir un peu d'expérience. Par-delà la formation scolaire artistique, les caractères et les évolutions personnelles jouent naturellement un rôle important : les individus ne réagissent pas de la même manière aux contraintes d'un milieu donné ; Hergé va se fondre sans difficulté dans le monde catholique, intégrant divers mouvements de jeunesse et acceptant la tutelle de l'abbé Wallez, Jijé lui semble manifester tout au long de sa carrière un profond attachement pour la foi catholique. L’auteur termine la première partie en montrant que si les deux grands hebdomadaires spécialisés dans la bande dessinée, Spirou et Tintin, ne sont pas confessionnels, ils sont cependant nés dans des milieux catholiques. En effet, les éditeurs et les auteurs ne peuvent guère négliger les pressions ou les suggestions du public catholique. Les œuvres se sont donc en partie conformées pour ce public. Cependant les concepteurs d'un support non confessionnel, comme Tintin, ne veulent pas se laisser entraîner dans une soumission trop étroite au clergé catholique. Dans le cas du journal de Spirou, c'est l'éditeur lui-même qui fait pression sur les auteurs en faveur d'un discours plus catholique.

La deuxième partie permet à l’auteur d’exposer les différentes formes de manifestations de l’imaginaire catholique dans la bande dessinée.  Des auteurs franco-belges et des éditeurs généralisés se sont lancés dans la production de récits bibliques. Un autre type de bande dessinée catholique est le récit à prétention historique qui met en scène de grandes figures chrétiennes et notamment des saints. Ainsi la mise en scène de grands héros chrétiens trouve une autre voie d'épanouissement avec des récits complets, ces épisodes à vocation historique, sont publiés en une seule fois dans un périodique, généralement en quatre planches. Le sujet qui nous préoccupe ne s'arrête pas aux épisodes centrés sur les grandes figures chrétiennes, certains récits mettant en scène des héros plus obscurs ou qui comportent une part importante de fiction, peuvent eux aussi être rattachés la bande dessinée catholique. Il s’agit des aventures dont l'intrigue est, pour une part, essentiellement articulée autour des questions morales et religieuses. Dans d'autres cas, on peut parler de bandes dessinées catholiques dans la mesure où l'intrigue est articulée pour l'essentiel, autour de thématiques sans relation directe avec la religion mais où on retrouve tout de même, de manière éparse, des figures ou des pratiques chrétiennes mises en scène de manière positive. La présence de tels éléments confère toujours au récit une certaine coloration religieuse. La principale thèse qu’avance l’auteur dans cette seconde partie est qu’il ne faudrait pas déduire que les bandes dessinées franco-belges des années 1930-1950 sont toutes imprégnées de références explicites au catholicisme. Dans de nombreuses aventures, on ne voit apparaître aucune figure, ni pratique ouvertement chrétienne. Mais comme vu précédemment, l’absence de référence chrétienne explicite ne signifie évidemment pas pour autant que les récits concernés échappent à toute imprégnation diffuse.

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