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En quoi la permanence de l'objet est-elle centrale dans le développement psychologique de l'enfant

Dissertation : En quoi la permanence de l'objet est-elle centrale dans le développement psychologique de l'enfant. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  1 Novembre 2018  •  Dissertation  •  2 754 Mots (12 Pages)  •  992 Vues

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C’est entre la naissance et l’âge de deux ans que l’enfant élabore une série d’aptitudes lui permettant d’interagir sur le monde qui l’entoure, et développe une première forme d’intelligence qui structure ce monde par la perception et le mouvement.

Cette période d’intelligence sensori-motrice est marquée par deux acquisitions fondamentales : La capacité de coordonner les informations provenant des sens et ce que Jean Piaget a nommé « la permanence de l’objet ».

Nombre de psychologues se sont depuis penchés sur le concept d’invariant de permanence. A la lecture de leurs travaux, il semble important de comprendre de quel concept il est exactement question, avant de décrire certaines conséquences que cette acquisition engendre sur le développement psychologique de l’enfant.

C’est à la suite de l’observation répétée d’un phénomène constaté sur un enfant de treize mois que Jean Piaget s’interrogea sur le concept de permanence de l’objet.

Cet enfant ayant vu disparaître une balle sous un fauteuil une première fois, se mit à rechercher la balle au même endroit à d’autres occasions, sans savoir si elle y était réellement.

L’apparition et la disparition des objets constituèrent alors le thème de plusieurs expérimentations sur des bébés d’un âge équivalent, permettant à Jean Piaget d’avancer plusieurs hypothèses, étayées ou corrigées depuis par d’autres psychologues.

Le tout petit enfant n'a pas encore construit les diverses relations qui le relient au monde, et l'objet existe, pour lui, dans une position absolue, retenu de la sorte par l'expérience particulière et unique.

La réaction de l’enfant à un objet disparu évolue avec l’âge.

Avant quatre mois, il ne réagit pas, il n’y a donc pas selon Piaget de permanence de l’objet. A l’âge d’environ 9 mois, l’enfant recherche l’objet disparu en dehors de son champ perceptif, par exemple derrière un écran. Mais lors de déplacements successifs, il le recherche toujours à l’endroit où il l’a trouvé la première fois. Vers un an, il tient compte des déplacements successifs de l’objet caché, il cherche l’objet dans le dernier déplacement. A partir d’un an et demi, l’enfant parvient à une représentation d’ensemble d’un déplacement dont certaines parties ne sont pas visibles.

Pour Piaget, au stade sensori-moteur, l’enfant s’appuierait, pour comprendre, seulement sur des schèmes d’action, id est, ce qui est généralisable ou différenciable d’une situation à la suivante, comme par exemple, le schème de réunion d’objets entassés ou groupés, ou le schème de balancement d’un objet suspendu. Ces schèmes sont, pour Piaget, l’équivalent, au niveau de l’action, de concepts, mais sans pensée et sans représentation. Il précise que l’enfant à cet âge « ne cherche ni l’explication, ni la clarification, ni la constatation pour elle-même ».

Toutefois, de nombreuses recherches contemporaines montrent que les capacités cognitives de l’enfant (dans le stade sensori-moteur) sont bien supérieures à ce que Piaget en pensait à l’époque.

Concernant la résolution de problèmes, par exemple, Bower a souligné que le bébé manifeste dès les premiers mois son plaisir d’apprendre, cherche l’explication et la constatation pour elle-même. Les bébés ne résolvent pas seulement le problème par nécessité mais souvent par plaisir comme le montrent les travaux de Papousek (1969).

De même, d’après Monnier (1976), les bébés de quelques mois sont capables d’un comportement exploratoire systématique et organisé.

Ce qui relève de la permanence de l’objet dans la théorie Piagétienne suscita également de nombreux débats, portant sur les méthodes expérimentales utilisées et les déductions apportées.

Beaucoup de recherches concernant le développement cognitif présentent, en effet, des situations insolites qui inhibent la mise en œuvre d’activités cognitives que l’enfant serait capable d’utiliser en situations normales. Le bébé de 9 mois ne recherche pas l’objet lorsqu’il est caché derrière un écran. Piaget en déduit une preuve que l’objet n’est pas permanent pour l’enfant de cet âge; il n’existerait qu’en fonction de lui, de sa propre perception et cesserait d’exister lorsqu’il est hors de son champ perceptif. Il s’agirait donc d’une des manifestations de l’égocentrisme du bébé pour qui le monde extérieur n’existerait que par rapport à lui-même. Mais cette situation est peu familière au bébé. Bower fait l’expérience de plonger la pièce dans l’obscurité. L’enfant cherche alors l’objet à tâtons. Pour Baillargeon, chez des bébés de 4 mois, les objets complètement cachés continuent à exister, même s’ils ne les recherchent pas. Les bébés montrent leur étonnement (par un temps d’exploration plus long) lorsqu’un objet qui devrait disparaître derrière un autre qui le cache, ne disparaît pas (par un système de trucage). Accompagné de Graber (1987), il présente à des bébés de 5 mois des situations possibles ou impossibles dans « l’expérience des lapins ». Des lapins de tailles différentes (un grand et un petit) apparaissant logiquement ou pas dans la fenêtre d’un écran placé devant l’enfant. Seul le grand lapin peut apparaître sans trucage au travers de la fenêtre, le petit n’est pas censé le pouvoir, sauf en quittant le sol. On constate que le désintérêt rapide des situations normales laisse place à la surprise et l’agitation face aux « situations impossibles ». Mehler et Dupoux (1990) ajoutent que le bébé « conçoit déjà les objets comme des entités matérielles denses, qu’il est surpris par des situations qui contredisent le principe de substantialité », rejetant même la théorie empiriste et la position constructiviste de Piaget.

Spelke (1986) réalise également plusieurs expériences autour de ce thème sur des bébés de 4 mois, et parvient à la même conclusion (expérience des bâtons entiers ou cassés partiellement masqués derrière une brique). Il conforte cette position en observant que les enfants de cet âge parviennent à suivre des yeux la trajectoire exacte d’un mobile derrière un écran partiellement troué, même dans les parties du trajet où le mobile est caché. Bower observe le même comportement dans une expérience présentant un ballon accroché à une ficelle dont la trajectoire attendue passe derrière un écran. Les yeux d’une majorité de bébés de 4 mois (69 %) suivent l’objet invisible. Spelke considère ainsi que « dès 4 mois, et même à la naissance, les bébés ont

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