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Commentaire sur la pièce de théâtre Rhinocéros d'Eugène Ionesco

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Par   •  14 Mars 2014  •  3 263 Mots (14 Pages)  •  1 175 Vues

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Commentaire composé

Eugène Ionesco, né Eugen Ionescu le 26 Novembre 1909 à Slatina (Roumanie) et mort le 28 Mars 1994 à Paris, est un dramaturge et écrivain roumain et français. Il passe la majeure partie de sa vie à voyager entre la France et la Roumanie. Représentant du théâtre de l'absurde, il écrit de nombreuses œuvres dont les plus connues sont La Cantitatrice Chauve, Les Chaises ou bien encore Rhinocéros.

Sur la place d'une petite ville de province, deux amis, Jean et Bérenger, ont rendez-vous. Tous deux s'opposent d'emblée : le premier, péremptoire voire autoritaire, se soucie de son apparence, affirme son sens du devoir, tandis que le second semble fatigué, mal à l'aise dans la routine quotidienne. Jean reproche à Bérenger son triste état, et tente de le ramener sur le chemin de la dignité et de la volonté. Mais leur conversation est interrompue par le passage d'un rhinocéros, à la stupeur générale.. Différents personnages ont fait irruption sur scène ; ils se rassemblent et manifestent leur étonnement : l'épicier et l'épicière, le patron du café, la serveuse, le Vieux Monsieur et le Logicien. L'incident est clos, les deux amis reprennent leur conversation : Jean reproche à nouveau à Bérenger son ivrognerie...

Notre extrait nous présente deux conversations parallèles : celle de Jean et Bérenger, celle du Vieux Monsieur et du Logicien qui lui explique les principes du syllogisme. Le premier échange oppose deux tempéraments, deux types de discours et deux façons d'appréhender l'existence. Le second, plus délirant, réunit le professeur et son élève, en une parodique leçon de logique. Or, la juxtaposition des deux dialogues produit un effet comique, l'absurde contaminant la gravité et surtout la rationalité simpliste de Jean. Le commentaire composé pourra étudier le fonctionnement du texte pour, ensuite, analyser l'opposition entre le doute (Bérenger) et la certitude (Jean), et, enfin, aboutir à la remise en cause d'une logique dérisoire.

LE FONCTIONNEMENT DU TEXTE

Il repose sur la juxtaposition et l'imbrication de deux couples, de deux conversations parallèles. Il débute par un dialogue entre Jean et Bérenger, maintenu jusqu'à la ligne 11. À ce moment, le premier illustre ses propos " Je me sens léger "d'un mime ridicule, signalé par les didascalies. Arrivent alors le Vieux Monsieur et le Logicien. Leur conversation se déroule, imbriquée dans celle des deux premiers locuteurs. En effet, le raisonnement concernant le fonctionnement du syllogisme, qui intéresse le Vieux Monsieur et le Logicien (l. 22 à 28), se trouve entrecoupé (l. 26) d'une constatation désabusée de Bérenger concernant la difficulté à vivre. Ensuite (l. 29 à 44), l'échange entre ce dernier et Jean prédomine, interrompu par deux répliques émanant de l'autre couple (l.32-33). Ici, les deux conversations semblent coïncider, comme si le Vieux Monsieur répondait à Jean : ''JEAN - ... vous n'avez aucune logique, LE VIEUX MONSIEUR - C'est très beau la logique''. Enfin, le dialogue concernant les syllogismes se poursuit (l.45 à 49).

Un jeu scénique vient souligner cette interférence entre les deux couples, comme le signifient les didascalies " un bras de Jean heurte... le bras du Logicien ". Il est notable que c'est Jean qui entre, physiquement donc ostensiblement, en contact avec le Vieux Monsieur et le Logicien, à l'instant même où lui se trouvait dans une posture ridicule, les bras levés. La bousculade revêt une signification symbolique, apparente Jean aux deux personnages grotesques. Elle suscite, par ailleurs, un bref échange de politesse entre eux trois (l. 14 à 17) : le Vieux Monsieur s'adresse par deux fois à Jean (l. 14 et 17), tous deux se demandent pardon (l. 14-15). C'est là le seul point de rencontre entre les personnages ; le reste de la scène présente deux conversations parallèles aux thèmes et préoccupations différents.

Toutefois, leurs propos offrent des similitudes en témoignent la répétition des formules d'excuse (l.14 à 17), reflétant la politesse mécanique mais ne constituant pas un véritable échange. En outre, lignes 31-32 (nous l'avons noté), les deux conversations portent sur le même thème, " la logique " alors que Jean vient de reprocher à Bérenger son manque de logique (l. 31), le Vieux Monsieur affirme au Logicien son admiration pour celle-ci (l.32), semblant renchérir, compléter les propos de Jean.

 Des contrastes ou des différences d'un dialogue à l'autre sont néanmoins perceptibles.

Jean et Bérenger traitent de la difficulté de vivre comme en témoignent les champs lexicaux de la peur, du fardeau, de la vie elle-même. Ils expriment donc des soucis profondément humains. En revanche, le Vieux Monsieur et le Logicien discutent de syllogismes absurdes, plus soucieux du fonctionnement démonstratif que de la vérité. En effet, le Logicien procède rationnellement: il propose d'abord " un exemple de syllogisme ", soucieux d'illustrer concrètement le processus logique. Son discours est émaillé de charnières articulant les différentes étapes d'un raisonnement " voici donc ", " donc ", " mais ", " à condition ". Enfin, il procède par affirmations, à l'aide de phrases brèves, de définitions comme en témoigne la récurrence de l'auxiliaire " être ". Ces certitudes reposent sur le fonctionnement même du syllogisme, exposé par deux fois (l. 22-23 et 45-46). A partir de deux constatations initiales, l'une générale " le chat a quatre pattes " ou " tous les chats sont mortels ", l'autre particulière " Isidore et Fricot ont chacun quatre pattes ", " Socrate est mortel ", ils aboutissent à une déduction considérée comme infaillible " Donc Isidore et Fricot sont chats ", " Donc Socrate est un chat ". Ces exemples soulignent la rigidité du raisonnement mais aussi son aberration puisque l'on débouche sur des non-sens.

 Deux couples évoluent donc sur scène, l'un apparemment plus désincarné que l'autre. En effet, les deux premiers personnages, dotés d'une identité, se démarquent des deux autres, dont les appellations désignent plus des fonctions que des personnes. Ceux- ci traitent de questions dérisoires, contrepoint comique à la gravité des deux amis. Dès lors, on peut voir

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