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La géopolitique de l’eau dans les RI contemporaines

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Par   •  27 Mai 2014  •  Analyse sectorielle  •  3 331 Mots (14 Pages)  •  706 Vues

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La géopolitique de l’eau dans les RI contemporaines

Julie Michelon

L’eau a toujours été un enjeu crucial, de par son importance pour la vie et par sa rareté. Cet enjeu devient de plus en plus précaire à cause de la réduction de la quantité d’eau potable face à la pollution, au réchauffement planétaire, et de l’augmentation de l’utilisation de cette eau face à un accroissement démographique et au développement des pays du sud. L’eau est utilisée pour l’agriculture (77%), l’industrie (22%) et les ménages (8%), cependant ces chiffres changent radicalement selon l’état de développement des pays. Le premier facteur de mortalité dans le monde est dû aux problèmes liés à l’eau, le non accès à l’eau potable : l’accès à de l’eau de mauvaise qualité tue plus de gens que les guerres. Le plus gros enjeu face à la qualité de l’eau, est celui de l’accès à de l’eau potable, c’est pour cela que dans certains pays en voie de développement, comme le Brésil, malgré d’immense ressource en eau, la population n’y a pas accès. C’est donc un problème qui tourne autour de la production et des infrastructures. Toutes les sociétés n’ont pas les mêmes moyens économiques et techniques pour fabriquer les espaces d’accès à l’eau potable. Le récent Forum mondial de l’eau qui s’est tenu à Istanbul en mars 2009 a ainsi estimé que 90 % des trois milliards d’habitants de la planète qui vont se rajouter à la population mondiale d’ici 2050 se trouveront dans des pays en développement où l’accès à l’eau potable et à l’assainissement n’est déjà assuré que de façon limitée et précaire. À court terme, c’est 340 millions d’Africains qui n’auront toujours pas d’accès à l’eau en 2015 et 2,4 milliards d’individus qui, à l’échelle planétaire, n’auront pas accès à un service d’assainissement minimal.

Le caractère conflictuel de cette ressource dépend aussi du fait que c’est une ressource transnationale, en effet certains cours d’eau prennent source dans certains pays mais en traversent plusieurs, ou bien plusieurs pays de partagent des nappes phréatiques, ou encore des mers. Une polémique est au cœur de cet enjeu : celle du statut de bien commun pour l’eau, afin d’éviter sa marchandisation, et de favoriser le partage de cette ressource.

Tous ces éléments qui confèrent sont importance à l’eau tendent à exacerbé les conflits. En effet on en compte environ une quinzaine (voir carte) :

Et cela sans compter ceux à venir dus au déplacement de réfugiés climatique. D’ici les vingt prochaines années on estime que le pourcentage de terres agricoles considérées comme « très sèches » va passer de 10 à 15 %, essentiellement en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et en Amérique centrale. De plus la fonte des glaciers himalayens est déjà en train d’entraîner une modification du régime des grands fleuves asiatiques. Or, près de 700 millions de personnes dépendent du régime du Gange par exemple. Au Bangladesh, le delta des Sundarbans a déjà vu apparaître les premiers réfugiés climatiques de la planète. Le rapport Stern estime à 200 millions les personnes potentiellement menacées de déplacement par les changements climatiques en cours. À terme, l’élévation du niveau des océans pourrait être considérable (jusqu’à 6 mètres). En prenant les chiffres des fourchettes généralement admises pour l’horizon 2100 (de 11 à 77 centimètres d’élévation), des pays entiers comme le Bangladesh seraient submergés. Cependant si le changement climatique est inévitable, les catastrophes le sont par la mise en place d’espaces environnementaux et d’autres mesures internationales pour les mouvements de population et l’acheminement en eau.

Dans ce contexte à multiple facette qu’est la géopolitique de l’eau, on peut alors se demander dans quelles mesures la rareté et la préciosité de l’eau en font-elles un enjeu géopolitique majeur ? Et comment cette géopolitique s’articule-t-elle ?

Tout d’abord, nous verrons que l’eau est une source de tensions inéluctable, car c’est une ressource de plus en plus sous tensions ou bien qui peut servir à les attiser. Ensuite, que c’est une ressource mal encadrée à l’international ainsi qu’au sein même des pays les plus faibles, puis le cas pratique de la République Démocratique du Congo qui viendra illustrer ces propos et ceux de l’exposé.

I. Une source de tensions

A. La nature des liens entre conflits et eau

1. A travers les exemples d’Israël et de la Turquie

L’Euphrate et le Tigre constituent le pus rand système fluvial d’Asie occidentale, ils traversent la Turquie, la Syrie et l’Irak. Ceux-ci servent principalement à l’agriculture irakienne et syrienne, et concentre plus de 40 millions de personnes sur leurs berges, population qui a tendance à augmenter. La Turquie et l’Irak sont particulièrement bien dotés en eau, la Syrie étant plus dépendante de ressources d’eau qui sont en dehors de son territoire.

La Turquie, face au développement de son pays, et à la volonté de développer la région dans laquelle ces deux fleuves prennent source, a planifié l’aménagement des eaux du Tigre et de l’Euphrate, dans une grande envergure. Depuis 1960, elle a décidé de créer un complexe hydraulique de 22 barrages et 19 centrales électriques, avec un budget de 20% du PNB, et aidé financièrement par des investissements internationaux, ce projet s’appelle le Guneydogu Anadolu Projesi (GAP).

Ce projet implique la diminution du débit du Tigre (50%) et de l’Euphrate (70%) en défaveurs des deux voisins. Cependant ils doivent répondre à une augmentation de leur population par l’augmentation des ressources agricoles, or cela est impossible dans ces conditions. De plus l’Irak est tributaire de la Turquie, mais aussi de la Syrie par laquelle les fleuves passent avant d’arriver chez elle. En 1975 il y avait déjà eu un conflit au sujet d’un barrage syrien, qui était allé jusqu’à la mobilisation des armées, des menaces de bombardements et autres incidents diplomatiques. Le différend aurait probablement aboutit en conflit sans les médiations.

En 1984, un conflit s’installe entre Damas et Ankara à cause de la construction d’un barrage, finalement les autorités se mettront d’accord sur un certains débit à conditions que Damas ne supporte plus les rebelles kurdes. C’est à la fin de la construction du barrage Atatürk, en 1990, que les tensions culminent. Pendant un mois, l’eau de l’Euphrate est coupée pour

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