Tocqueville et le monde moderne, La démocratie en Amérique, Tome 2, ed. Bouquins.

Philosophie

Tocqueville et le monde moderne

La démocratie en Amérique, Tome 2, ed. Bouquins.

Chapitre I

Les pierres d'achoppement

Alexis de Tocqueville est un grand esprit de la famille des hérissons.

2 types de penseurs : les hérissons et les renards. Les premiers gardent la même pensée dans toute leurs œuvres. Les renards traitent de nombreux sujets.

Tocqueville centre et resserre sa pensée sur un certain nombre d'idée mères qu'il explore et qu'il creuse.

Idées mères de Tocqueville :

→ la grande affaire du monde moderne est « la démocratie » ou « l'égalité ». Le monde moderne est mis à part car il est caractérisé par « la démocratie » et « l'égalité des conditions ».

Tocqueville surprenait de son temps car il présentait des choses nouvelles. Il n'est pas un inventeur de termes mais il les utilise de façon différente du sens que nous même utilisons. Nouveau monde, aux USA, basé sur « l'égalité des conditions » qui se met en marche de façon providentielle.

→ la grande cause par excellence à défendre dans ce monde moderne est la « liberté ». Une des craintes de Tocqueville est que « l'égalité des conditions » mène à une civilisation qui perd en « liberté ».

→ il existe un opportun : l’événement révolutionnaire. Fait incompréhensible de la Révolution Française.

        L’œuvre de Tocqueville est tourmentée autour de ces idées. C'est un esprit profond et sans repose, tourmenté face à la situation présente et personnellement. De son travail sont nés deux ouvrages : De la démocratie en Amérique, qui le rend célèbre à 30 ans, en 1835. On parle du nouveau Montesquieu. En 1840 il publie un autre ouvrage, L'ancien régime et la révolution. En 1851, il laisse inachevé un ouvrage sur la Terreur. Entre temps, il se lance dans une carrière politique, mais il manquait de contact, de facilité d'accès avec les autres. Il sera libéral toute sa vie.

Cette grande œuvre est néanmoins inachevée. Un problème n'a pas aboutit. Le monde présent se caractérise par l'accélération de l'avènement du nouveau monde de « l'égalité ». Comment concilier cette idée avec la révolution Française ? Comment emboîter la dynamique de la révolution dans la dynamique du nouveau monde ?

        Les USA sont décrits par Tocqueville comme modèle en avance sur la vieille Europe. Selon lui les américains sont l'avenir des européens. Les sociétés européennes vont se démocratiser en se détachant d'un monde féodal et aristocratique. La plus grande différence vient de l'égalité de droit (sous réserve de l'esclavage), pas de distinctions sociales entre les individus.

        La grande révolution démocratique qui travaille l'humanité chrétienne depuis des siècles est parvenue à un seuil, l'ancien monde aristocratique est en train de mourir et laisse place à un monde nouveau : l'état social démocratique. Les relations entre les hommes ont changé.

L'égalité : les hommes se pensent et se sentent « égaux ».

En opposition, Marx verra un nouveau monde : celui du capitalisme et du règne de la bourgeoisie caractérisé par l'inégalité entre exploitants et exploités. Les deux regardent le même monde et voient deux choses opposées.

→ Raymond Aron, comparaison entre Marx et Tocqueville.

        Né 1805, Tocqueville et sa famille sont très proche de la révolution française qui a stupéfait le monde. Événement invraisemblable qui a bouleversé la société française que le monde voyait comme la monarchie la plus ancienne et la plus aimée.

Ses parents ont été enfermés, son grand-père guillotiné.

        La révolution Française s'inscrit dans la marche du monde moderne. Mais comment lier la terreur jacobine et mouvement démocratique ?

Si le phénomène révolutionnaire est une dimension du mouvement démocratique, cela peut recommencer. Au temps de Tocqueville, les hommes ont peur du retour d'une nouvelle révolution. Tocqueville est soucieux de la question politique présente : comment mettre en place un régime libéral stable et solide ?

        Dans un premier temps, Tocqueville présente la révolution comme un élément parasite qui s'est greffé au mouvement démocratique. « magnifique élan de 1789 où s'alliaient esprit de liberté et d'égalité ». Mais, un parasite est venu bouleverser ce mouvement pour provoquer les excès de la RF et 1793.

        Tocqueville hésite sur la nature de l'esprit révolutionnaire : qu'est-ce qui a animé les hommes en 1793 ? Dans un premier temps il va dire que cet esprit révolutionnaire appartient au mouvement démocratique mais porté à l'extrême. Il dira après que le monde démocratique est purgé d'esprit révolutionnaire, société paisible où les hommes n'ont que des petites ambitions.

Les Rois de France ont exercé leur pouvoir pour unifier le Royaume, supprimer les inégalités. Donc, en quelque sorte, la RF a poursuivi le travail de l'ancien régime qui sera achevé par Bonaparte.

        Qu'est-ce qui fait la différence entre le monde moderne et le monde post-moderne ?

L’événement de la RF. Ce mouvement apparaît comme invraisemblable par rapport au mouvement de l'égalité des conditions.

Section 2 : La Révolution démocratique

Tocqueville donc, présente la scène moderne ainsi : la cause de l'égalité a gagné. Mais, la liberté est toujours en balance. En 1835/1840, la société aristocratique est morte, ou en train de mourir (déclin depuis 1789, la Restauration n'a pas permis de redressement), elle décline peu à peu. Tocqueville est un aristocrate, qui, néanmoins, est pour l'avènement du monde aristocrate avec l'égalité de la naissance, tout en condamnant l'inégalité de naissance. Il veut convaincre ses pairs que l'égalité est un fait acquis et qu'il est inutile de vouloir revenir en arrière. Un des soucis de Tocqueville est de préserver dans le monde démocratique les valeurs aristocratiques, comme l'idée d'excellence et de grandeur.

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