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L Insertion De L Afrique Dans Un Monde Moderne

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Par   •  12 Mars 2014  •  1 569 Mots (7 Pages)  •  7 065 Vues

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L'idee de nation en Afrique

par Papa Ogo Seck

Université Paris 10 - Doctorat 1994

Dans la categorie: Droit et Sciences Politiques > Droit Public

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SECTION II : L'IDEE DE « NATION » EN AFRIQUE NOIRE MODERNE, A LA CROISEE DES CHEMINS OU LA HANTISE D'UNE SYMBIOSE

Le colonialisme contenait le germe de sa propre destruction ; en fait, le système colonial constituait dans son ensemble un vaste mécanisme conçu pour l'édification d'une Afrique moderne autonome. Par la conquête, le colonialisme avait éveillé le désir de liberté. Par l'exploitation, il avait provoqué une résistance croissante à la tyrannie. En insérant l'Afrique dans le monde moderne, il avait fait naître la vision d'une vie meilleure trouvant sa plénitude dans la liberté. En faisant la preuve de ses propres faiblesses, il engendra l'espoir qui conduisit à l'autonomie. Par l'éducation, il développa les aptitudes à la gestion autonome.

En Afrique, l'instruction fut une des causes de l'indépendance. Les missionnaires, commençant leur action en Afrique occidentale au début du XIXe siècle, firent de l'alphabétisation le point de départ de l'évangélisation, mais avec l'instruction, arrivèrent des idées et des idéaux qui devaient changer définitivement le monde africain.

L'humanitarisme européen, illustré par le mouvement abolitionniste, et le libéralisme occidental, énoncé dans les principes démocratiques de la France de 1789, avaient converti rapidement de nombreux Ouest-Africains instruits, comme Paul Holle, l'évêque Crowther et Samuel Lewis. Cependant, l'admiration pour la civilisation occidentale s'accompagnait du désir d'avoir part à ses avantages matériels et à ses principes d'autonomie ; plus tard, certains observateurs comme James Johnson, John Chilembwe ou Harry Thuku ne tardèrent pas à voir le fossé qui était creusé entre les idéaux chrétiens et les réalités de la colonisation 869(*).

A mesure que l'enseignement se développait, il propageait l'idée de changement en l'ancrant de plus en plus profondément dans la nouvelle psychologie africaine. La société traditionnelle, « pauvre et malade », selon une certaine opinion paralysée par le tribalisme et la désuétude de ses valeurs, n'était plus acceptable . A côté de ces perspectives peu brillantes, se dressait le système européen avec sa technologie toute-puissante, sa richesse, sa médecine moderne, son dynamisme et son optimisme. Ceux qui entrevoyaient les avantages de la modernisation demandaient plus : l'accroissement du développement économique, davantage d'équipements collectifs, une plus grande liberté d'expression politique et, par-dessus tout, une instruction plus généralisée, car s'était le préalable à l'émancipation politique, sociale et économique.

Ces exigences se manifestèrent progressivement, en fonction du degré de propagation de l'éducation occidentale ; mais d'autres facteurs, qui devaient finalement conduire à l'indépendance nationale, militaient aussi en faveur du changement. Les missionnaires étaient venus pour soi disant « libérer les esclaves et sauver les âmes », mais ils étaient restés pour promouvoir des réformes économiques et sociales, appuyées, en leur temps, par les intérêts commerciaux européens et l'administration coloniale. Un de ces changements résida dans le passage progressif, mais prodigieux, d'une économie fondée sur des cultures industrielles orientées vers le marché international.

A long terme, nous fait remarquer July, « cette évolution eut des conséquence qui débordèrent largement le cadre de l'économie » 870(*).

L'accession à l'indépendance était à la fois une fin et un commencement. Tout en venant heureusement couronner le combat nationaliste, elle marquait aussi le point de départ vers des objectifs demeurés jusque-là inaccessibles pour un peuple colonisé.

Le colonialisme avait introduit le concept révolutionnaire du développement économique, mais l'autonomie matérielle échapperait aux africains tant que la liberté politique n'aurait pas garanti à l'Afrique d'être le premier bénéficiaire des fruits de son économie. La domination européenne avait été à l'origine de nouveaux découpages territoriaux et de propositions sans précédent sur l'importance et les fonctions du gouvernement, mais seule la rigueur de la direction autochtone était capable d'assurer finalement la stabilité politique. C'était également l'impérialisme occidental qui avait ouvert à l'Afrique un monde plus vaste, mais il n' y avait que les pays indépendants qui pouvaient prétendre jouer un rôle effectif dans les affaires internationales.

En un siècle et demi, l'Occident avait dominé des secteurs de plus en plus larges de la vie africaine ; l'indépendance politique n'était donc que le premier pas vers une plus grande liberté sociale, économique et intellectuelle, débouchant sur « la création et l'affirmation d'une identité authentiquement africaine dans la civilisation mondiale » 871(*).

En pleine inflation démographique, insuffisamment équipée, longtemps exploitée et agie par des instructions transposées de l'Europe, l'Afrique noire moderne se doit, tant au nom de la dignité humaine que pour assurer sa place dans la politique internationale,

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