La Notion Du Politique Selon Carl Schmitt

INTRODUCTION

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Carl Schmitt est né en 1888, mort en 1985. Il a connu l’aire du Kaiser Guillaume 2, l’aire de la première guerre mondiale et l’aire du 3ème Reich. Il est souvent présenté comme un juriste allemand, mais il est en fait un redoutable philosophe politique. En 1933, il s’engage dans le parti nazi et se veut le juriste officiel du 3ème Reich. Dans la Notion de Politique publié un an plus tôt, Schmitt présente notamment une critique du libéralisme.

La Notion de politique est peu lu car il ruine tous les concepts de pacifisme. Schmitt est l’inventeur de la théorie opposant amis et ennemis. Leo Strauss accusait sa théorie du conflit permanent et universel d’encourager les idées fascistes. Cette thèse fait en effet disparaître toutes les possibilités de paix dans le monde et de coopération internationale.

Problèmatique :

Comment Carl Schmitt définit le politique et les éléments qui le fondent?

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I) La distinction ami-ennemi, critère du politique

A) Définition du politique

La première phrase du livre, ‘’Le concept d’État présuppose le concept de politique’’ est capitale. L’Etat n’existe qu’à partir du moment où le politique est reconnu. Schmitt refuse que l’Etat soit synonyme du politique.

Schmitt explique dans son texte que le politique est défini comme étant le degré d’intensité avec lequel une association d’individu agit. Les motifs d’actions d’un groupe peuvent provenir de la religion, de la nationalité etc. Schmitt explique aussi qu’on peut invoquer le terme politique que si une association ou un regroupement d’associations ont un fort intérêt à défendre, comme par exemple un territoire ou les ressources naturelles d’un pays. Le politique est l’agent de la paix dans l’état et de sa sécurité à l’extérieur.

Carl Schmitt s’interroge sur les critères qui distinguent le politique des autres domaines. Ce principal critère est la distinction ami/ennemi.

B) La distinction ami-ennemi

C’est un critère qui s’impose à tout le monde. On ne peut pas y échapper. La distinction entre ami et ennemi est collective à un peuple. Il parle d’individus contre d’autres, pas d’une personne contre une autre.

On ne peut pas réduire la distinction en amis et ennemis à d’autres notions. Par exemple, c’est indépendant de la notion morale de bien ou de mal, ou à la notion esthétique de beau et de laid, ou à la notion économique de rentable et d’inutile. On peut être ennemis avec des gens qu’on considère bon, faire des affaires avec l’ennemi peut être profitable etc. Carl Schmitt dit : ‘’L’ennemi politique ne sera pas nécessairement mauvais dans l’ordre de la moralité ou laid dans l’ordre esthétique…’’.

Lorsqu’on a un adversaire économique par exemple, on va essayer d’utiliser d’autres critères pour le critiquer. On pourra le trouver laid, ou mauvais, de façon un peu impartiale. Le politique peut aussi user de toutes les autres oppositions ‘’laides’’ etc. pour agrandir son opposition avec l’ennemi. Cependant, elle pourrait rester isolée. La relation ami/ennemi est autonome et ça montre sa valeur objective. On combat son ennemi avec des idées. On combat son adversaire au nom de la morale.

Le conflit est difficile à résoudre même par un tiers non concerné ou par des normes préétablies. Carl Schmitt dit : ‘’qui ne sauraient être résolus ni par un ensemble de normes générales établies à l’avance, ni par la sentence d’un tiers’’.

C) La simple possibilité du conflit

L’ennemi ici est défini en termes de critères, précis. Ça veut dire que la menace prend toujours la forme de quelque chose de spécifique et de concret, d’intense. Elle ne prend pas la forme de quelque chose de symbolique ou de métaphorique.

Chaque fois que la possibilité d’un conflit politique se pose au sein de l’état des domaines « neutres », c’est-à-dire non politiques (la religion, l’économie, la science et la culture), deviennent actifs dans la lutte politique. Ils portent avec eux la distinction ami / ennemi et avec elle la possibilité d’un conflit violent. Le conflit n’a pas besoin d’avoir lieu, sa possibilité permanente suffit pour alimenter la relation ami/ennemi. Carl Schmitt dit : ‘’Ce qui est important c’est la possibilité du conflit’’. Un monde sans cette possibilité est un monde sans politique.

II) LE PHENOMENE D’HOSTILITE

A) L’ennemi

Pour Schmitt, c’est l’étranger, l’autre, celui qui vient de l’extérieur et dont l’hostilité et le fait qu’il soit prêt au combat nous menace. Un ennemi existe alors dès qu’un groupe d’individu menace un autre groupe. Il est nécessaire de le voir comme une menace à sa vie.

Schmitt donne la distinction latine entre ‘’hostis’’ (un ennemi public, la racine de hostile), et ‘’inimicus’’ (un adversaire privé, la racine de inimitié). Le politique est fondé sur la distinction entre l’ami (celui dans son camp), et l’hostis (celui dans le camp adverse). L’ennemi n’est pas désignable sur la base de sentiments personnels ou de jugement moraux personnels (inimicus), mais seulement sur la base qu’il fait partie d’une chose hostile (hostis) qui menace notre existence.

Carl Schmitt utilise la phrase évangélique : ‘’aimez vos ennemis’’. La phrase ne s’applique que pour les ennemis privés, pas les ennemis publics. Il n’y a pas de lien entre haine personnelle et l’ennemi public. On combat l’ennemi politique au nom d’idéologies.

Les amis par contre vivent leur vie d’une façon qui les unie. C’est une solidarité qui transcende les questions d’économie ou de morale. C’est seulement en cas de menace de destruction que le ‘’nous’’ prend du sens. Il y aura ensuite une convergence d’intérêt faite de compromis pour combattre l’ennemi. Ça dépasse le cadre de la vie privé, même si ces gens ne se connaissent pas.

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