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L’Etat peut-il être rationnel ?

Dissertation : L’Etat peut-il être rationnel ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  19 Février 2021  •  Dissertation  •  4 327 Mots (18 Pages)  •  518 Vues

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Anaëlle Mathevon 21804189

L’Etat peut-il être rationnel ?

Raison et politique sont deux notions que l’on aime voir s’accorder. Ensemble, elles nous promettent un état durable, dans lequel prône la paix et la sérénité ; un épanouissement commun à tous, et ainsi, une société qui fonctionne. Que peut alors signifier un Etat dit « rationnel » ? Rationnel peut premièrement être défini par un raisonnement logique, on l’emploi souvent dans le domaine scientifique, notamment pour parler d’une expérience qui a été démontrée de manière juste et exacte. Concernant le domaine politique, on identifiera « rationnel » comme fondé sur la Raison, le bon sens. La raison, elle, se définit comme la capacité propre à l’Homme de formuler des jugements, mais également de discerner le vrai du faux, le bien du mal, et s’oppose donc par définition à la sensibilité, la foi ainsi qu’à la folie et les passions. Apparaît maintenant la question de l’Etat, et la place qu’il occupe au sein de notre vie politique. Il se décrit généralement par l’organisation politique et juridique d’un pays, mais il possède en réalité une triple signification. En effet, il peut également représenter un ensemble de personne vivant sur un territoire déterminé et soumis à un gouvernement, on parlera donc ici d’éthicité au sens hegelien, ou vie éthique, autrement dit, l’agir habituel d’un peuple, ou encore son caractère profond ; il s’agit du lieu où se construit une réalité commune pour le peuple. D’un point de vue juridique, l’Etat incarne aussi l’ensemble des pouvoirs d’autorité et des contraintes collectives que la nation possède sur les citoyens et les individus. L’Etat demeure rationnel selon Hegel, et cohérent de par sa conception même, car il suit une logique au service de l’Homme. Cependant, il est possible de l’interpréter sous différentes formes ; l’Etat comme produit d’un contrat entre les Hommes, l’Etat comme monopole de la violence et de la contrainte, ou encore l’Etat comme monopole de la législation. Nous articulerons principalement cette dissertation autour de la thèse hegelienne au sujet de l’Etat, en mettant les autres auteurs abordés en lien avec cette dernière. Au premier abord, on pourrait penser que l’Etat est une organisation rationnelle, surtout si on le considère en tant que contrat que les Hommes auraient passé entre eux afin de s’épanouir en prospérité. On peut également considérer qu’il s’agit d’une institution dans laquelle les individus se reconnaissent et par laquelle ils demeurent libres et égaux en droit, notamment car il s’agit d’un organisme objectif au sein duquel les individus en tant que subjectivité doivent se reconnaitre. Néanmoins il semble, par ailleurs, que l’Etat soit une organisation dominante, détenant tous les pouvoirs et qui, par conséquent, prive les citoyens de leur liberté par son pouvoir. L’Etat, dans ce cas de figure, ne serait pas fondé sur la raison, mais bien sur l’asservissement des Hommes. Il semblerait alors que l’Etat soit à l’origine une création noble aux objectifs louables, mais qu’il fut détourné par les hommes et leur recherche du pouvoir et du contrôle. La question qui nous fait face est alors la suivante : l’Etat peut-il vraiment être rationnel, ou bien, au contraire, s’agit-il d’une organisation ne pouvant, de fait et par la société même, reposer sur les fondements de la raison ? Quels sont les éléments qui constituent la rationalité d’un Etat selon Hegel ? Et enfin, une telle conception de l’Etat s’applique-t-elle réellement à la société et la politique telles que nous les concevons aujourd’hui ?

Nous verrons alors, dans un premier temps, en quoi l’Etat peut-il être rationnel si on le conçoit en termes de contrat ou encore en termes d’organisation au sein de laquelle s’incarne l’Esprit des Hommes notamment à travers la thèse hégélienne. Nous verrons ensuite, dans une deuxième partie pour quelles raisons l’Etat peut être considéré comme une institution dominante et asservissante, notamment à travers la question de privation de liberté, à l’aide de thèses que nous mettrons en lien avec celle de Hegel. Puis, enfin, nous verrons pourquoi l’Etat était d’origine une création raisonnée, et principalement pour quelles raisons elle ne l’est plus aujourd’hui.

Eric Weil, philosophe français d’origine allemande, définissait l’Etat comme une organisation rationnelle et raisonnable (d’un point de vu moral) d’une communauté historique, qui détient ainsi le pouvoir de prendre des décisions. Cette rationalité repose alors sur le fonctionnement même de l’Etat. Il doit, pour cela, être une institution au service des citoyens, en leur permettant de demeurer égaux en droit et libre, tout en leur offrant la possibilité de garder un pouvoir politique sur leur société (le citoyen doit tenir à la fois le rôle de gouvernant et de gouverné). Un état fondé sur la raison reposerait alors sur une décision commune, autrement dit, il serait le fruit d’une création universelle aux hommes ; un contrat passé entre eux afin de maintenir l’ordre et ainsi vivre en paix. En effet, avant de considérer l’Etat comme une organisation au sein de laquelle s’incarne l’Esprit des Hommes, comme l’a fait Hegel, la plupart des philosophes classiques s’accordent d’abord à dire que l’Etat est idéalement le produit d’un artifice ; d’un contrat. Il faudrait alors, pour se faire, que les Hommes s’accordent à allier leur vie éthique aux institutions juridiques. Associer leur subjectivité de l’intérieur aux forces extérieures objectives, et ainsi, créer une unité différenciée ; un Etat au sein duquel s’incarnerait l’Esprit ainsi que la volonté de tous les hommes. La thèse la plus connue à ce sujet demeure celle de Thomas Hobbes, philosophe anglais du XVIIème siècle. Dans son œuvre Léviathan (1651), Hobbes nous décrit ce qu’il nomme « d’état de nature », un état de la « guerre de tous contre tous ». L’Homme n’est pas sociable naturellement mais par accident ; c’est par la crainte d’une mort violente qu’il fait société avec ses semblables. L’état de nature n’est qu’une hypothèse, et décrit les Hommes comme étant gouvernés par le seul souci de leur conservation ; c’est une puissance anarchique de la multitude qui domine. Il s’agit d’un état fondamentalement mauvais, qui ne permet, par conséquent, aucune prospérité. Les Hommes s’entretuent, et il n’existe aucun droit, aucune liberté individuelle ni aucun droit de propriété afin d’empêcher

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